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Électrons libres

par Ahmed Farrah

Peu de journalistes le sont, leur gravitation autour des centres de décisions, de l'administration et de leur intérêt centripète ne leur permet pas de l'être. La responsabilité des journalistes libres est très importante, dans une société, leur liberté n'est plus conçue comme un moyen de résister au despotisme ou être des gardiens des droits et des pourfendeurs des turpitudes. Ils ne sont ni des juges ni des procureurs et encore moins des avocats. Ils sont des médiateurs à la recherche des vérités. Comme il n'y a pas de critère pour établir la vraie vérité, la bonne finira, toujours, par chasser la mauvaise. Comme l'écrivain fait œuvre de création intellectuelle, personnelle et individuelle, lue, elle donne des frissons et émeut l'imagination ; le journaliste émet le message pour inviter à agir. Avec ses écrits, il doit d'abord aider le public à retrouver le sentiment qu'il peut s'engager à penser que c'est à lui qu'il appartient de résoudre ses problèmes, rechercher des solutions. Il ne réussira pas dans son entreprise s'il reste coupé de son lectorat et résigné à transmettre les informations, en sens unique et sans retour. Il doit créer des lieux de dialogue entre lui et le lecteur et encourager l'interactivité dans des forums et des blogs... Cependant, dans les pays où la censure et l'autocensure sont de règle, quoique pense et quoique sait le journaliste, le public n'aura pas le droit à toute l'information, il pourra peut-être la rechercher entre les lignes d'une prose cryptée, dans une certaine presse et dans des livres édités dans d'autres pays comme à une certaine époque. On n'est plus là et heureusement, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis octobre 1988. La liberté de penser, de s'exprimer et d'éditer est de loin meilleure en Algérie que dans beaucoup d'autres pays de la région. La confiance dans la presse ne peut demeurer intacte quand celle-ci est clairement enlisée dans des conflits d'intérêts, lorsqu?elle est dépendante des puissances de l'argent et de la politique et soumise à leur dictat. Elle perd son indépendance et devient non crédible. Comme le journaliste de révérence qui se fait mal et fait plus mal encore à sa corporation, quand il cherche la complaisance et oublie qu'il a une signature à défendre dans son journal.