Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Sahara occidental : l'Algérie persiste et signe

par Kharroubi Habib

Questionné lors de son passage sur une chaîne satellitaire privée à propos du dossier sahraoui, le secrétaire général du FLN Amar Saadani s'est contenté d'émettre de sibyllines considérations que des commentateurs et analystes se sont empressés de décoder comme préfigurant le «lâchage» des indépendantistes sahraouis par le FLN au nom duquel il s'exprimait et par voie de conséquence par les décideurs du pays auquel il sert incontestablement de porte-parole officieux.

Il ne pouvait en résulter au sein de l'opinion publique qu'interrogations consternées sur les raisons du présupposé «lâchage» annoncé d'une cause autour de laquelle il y a l'un des rares consensus réunissant peuple et dirigeants algériens. Il n'y a aucun doute que c'est pour couper court à la confusion créée par les propos de l'inénarrable Saadani et démentir ce qu'en ont déduit ceux qui les ont commentés que Bouteflika a reçu peu après la prestation télévisée de celui-ci le président sahraoui Mohamed Abdelaziz. Lequel a après sa rencontre avec Bouteflika exprimé sa satisfaction de s'entendre réitérer le soutien intangible et inconditionnel de l'Algérie au droit du peuple sahraoui à l'autodétermination.

Il ne fallait pas moins qu'une rencontre entre les deux hommes d'Etat pour dissiper au sein de l'opinion le doute qu'on lui a instillé sur la pérennité de la position officielle algérienne à l'égard du conflit du Sahara occidental, et en même temps contrecarrer l'exploitation pernicieuse qu'ont faite les médias du Makhzen marocain de ce qui s'est écrit en Algérie sur les propos de Saadani.

Amar Saadani s'est fait inviter par la chaîne satellitaire avec pour but politicien de taper sans retenue sur l'opposition qui a refusé de répondre à son initiative de création sous l'égide de son parti d'un «front national de soutien» à Bouteflika et à son programme. Se voir alors interrogé sur un sujet - le conflit du Sahara occidental - qui sort de sa préoccupation politicienne du moment a dû lui faire «perdre les pédales» et proférer le galimatias qui pour certains a été l'annonce d'une possible révision de la position algérienne sur le Sahara occidental. Des sources proches du secrétaire général du FLN ont fait confidence qu'il a été vertement enguirlandé pour ne s'en être pas tenu à exprimer la position de son parti qui est en même temps celle de l'Etat algérien.

Même si Saadani s'est révélé être effectivement le porte-parole le plus officieux du pouvoir, il n'en reste pas moins un impénitent «gaffeur». Un côté du personnage qui ne dérange nullement dans la sphère dirigeante qui ne voit dans ses manifestations que «bonnes» diversions pour occuper la «perspicacité» critique et éreintante de ses détracteurs. Le bon côté des propos irréfléchis du «patron» du FLN sur la question sahraouie est qu'ils ont fait apparaître que les Algériens sont viscéralement solidaires des militants de la cause indépendantiste et opposés à toute révision de la position de leur pays allant dans le sens d'un compromis évacuant le droit imprescriptible des Sahraouis à se prononcer sur leur destin par voie référendaire et sous égide onusienne.