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TLEMCEN: Une «rumeur» entraîne un départ massif à la retraite anticipée

par Khaled Boumediene

Depuis quelques semaines, alors que les recettes financières du pays sont sérieusement mises à mal par la chute des prix du baril, une rumeur (démentie par le ministre du Travail) à propos d'une suppression de la retraite anticipée est dans toutes les conversations de la population active de la wilaya de Tlemcen. Pour le moment, aucune décision n'a officiellement été prise par les pouvoirs publics, mais bon nombre de travailleurs de différents secteurs de l'éducation, l'enseignement supérieur, la santé, la sécurité sociale, l'emploi, les travaux publics, l'hydraulique, et les collectivités locales (APC, Wilaya), déposent leurs dossiers auprès de la caisse nationale de retraite (CNR) pour un départ à la retraite anticipée, nous affirment des sources de la CNR de Tlemcen, précisant que des dizaines de cessations d'activité ont été notifiées par les employeurs à la CNR pour procéder à la liquidation de ces dossiers et le versement d'une pension. Craignant d'être rattrapés par de nouveaux textes concernant le système de retraite en cours, une bonne proportion d'entre eux ont tout simplement préféré accélérer leur départ à la retraite pour pouvoir bénéficier des indemnités. Car, il semblerait que cette indemnité dont bénéficiaient les travailleurs et salariés, risque d'être, elle aussi, supprimée ou du moins revue à la baisse, si l'on se fie à certaines informations circulant dans le monde du travail. La retraite anticipée a été adoptée en 1997 en raison des difficultés économiques que connaissait le pays avec la fermeture des entreprises publiques et la compression des effectifs. Il faut souligner dans ce cadre que l'Algérie est aujourd'hui le seul pays au monde qui garantit cet avantage de pouvoir sortir en retraite anticipée ou sans condition d'âge. Aujourd'hui, la dépense mensuelle de la CNR est de l'ordre de plus de 77 milliards de dinars. Rappelons qu'en 2006, le pésident Bouteflika avait ordonné la création d'un Fonds national de réserves des retraites dont le financement provient de l'affectation annuelle de 3% du produit de la fiscalité pétrolière. Un fonds de sécurité destiné aux générations futures. Va-t-on, dès lors, au nom du préjudice porté à la caisse de retraites par le départ à la retraite avant l'âge légal et du caractère fragile des finances de certaines entreprises, supprimer prochainement le dispositif de la retraite anticipée mis en place par le gouvernement en 1997 ? Selon un cadre du ministère du Travail, de l'emploi et de la Sécurité sociale, le système de retraite actuel n'est guère adapté aux évolutions socioéconomiques du pays. « Le dispositif de retraite actuel a des conséquences négatives sur le financement des retraites et même sur le fonctionnement des entreprises, qui perdent chaque année des ressources humaines très qualifiées », a indiqué ce haut fonctionnaire, qui précise que « les textes qui ont subi des révisions successives, entre 1994 et 2000, dictées par l'évolution de la conjoncture économique du pays pourraient éventuellement connaître d'autres amendements dans les jours à venir ». « Des études concernant l'aspect réglementaire et législatif régissant le système de retraite sont en cours. Il est fort probable que ce dossier sera abordé lors de la prochaine réunion de la tripartite par le gouvernement, l'UGTA et le patronat. Ensuite, de nouvelles mesures sur la révision du régime de la retraite seront mises en œuvre, dans le but de mettre fin au système de retraite anticipée, sans condition d'âge et proportionnelle ». Mais des sources émanant de l'UGTA indiquent que toute annulation de la retraite sans condition d'âge peut provoquer une réaction de colère de la part des travailleurs de certains secteurs d'activité, dont les employés guettent de près la moindre mesure qui sera adoptée en commun par le ministère du Travail, le syndicat et les organisations des chefs d'entreprise. Comment, dès lors, appréhender cette situation de départ massif de travailleurs à la retraite ? La question est posée et en amène aussitôt une autre : va-t-il falloir maintenir la retraite anticipée ? Comment peut-on rassurer ces milliers de travailleurs qui se postulent à une retraite anticipée ? Il ne va pas sans dire que ces départs massifs de travailleurs à la retraite vont libérer de nombreux postes d'emploi, notamment, aux jeunes diplômés et universitaires.