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Mali : un accord de paix à l'épreuve

par Kharroubi Habib

La validité de l'accord d'Alger pour la paix au Mali signé sous l'égide de la médiation internationale conduite par l'Algérie entre le gouvernement malien et les organisations politico-militaires de la rébellion touareg n'est pas en cause du fait de la meurtrière attaque dont un camp de l'armée malienne a été la cible dans la région de Tombouctou la nuit de dimanche à lundi.

Le gouvernement malien a immédiatement tenu à le préciser en déclarant que ses partenaires et lui demeurent engagés dans le processus irréversible d'une paix durable. Il l'a fait pour couper court aux spéculations et rumeurs qui pourraient prendre corps pour imputer à des organisations touaregs signataires de l'accord d'Alger la responsabilité des attaques armées dont la Minusma et l'armée malienne sont la cible depuis la conclusion de cet accord. Il y a effectivement comme en a averti Mongi Hamadi, le chef de la Minusma, des forces négatives qui « vont essayer de faire dérailler le processus de paix ».

Certaines de ces « forces négatives » sont bien entendu les organisations djihado-terroristes qui n'ont pas été totalement éradiquées du Nord-Mali et reviennent même en force dans la région. Ce sont elles qui harcèlent les contingents de la Minusma et les soldats maliens cantonnés dans le Nord-Mali. Il en est d'autres toutefois qui ne souhaitant pas la paix dans l'Azawad prennent prétexte du regain de l'activisme terroriste et se démènent pour tenter de rompre le contrat de confiance entre le gouvernement de Bamako et les organisations politico-militaires touaregs contractantes avec lui de l'accord d'Alger.

La seule démarche pour faire échec et aux menées des organisations djihado-terroristes et aux partisans irréductibles du règlement par la force de la crise nationale malienne, consiste pour les deux parties prenantes de l'accord d'Alger à accélérer la mise en œuvre des stipulations de celui-ci. Force est de constater que les choses vont lentement s'agissant de l'application des dispositions prévues dans l'accord. L'urgence à mettre les deux parties devant leurs responsabilités s'impose et il incombe à la médiation internationale qui a parrainé l'accord d'Alger de leur faire entendre raison.

La médiation a certes anticipé que l'application de l'accord d'Alger n'allait pas être une opération indemne d'embûches, de divergences et de surenchères visant pour l'une et l'autre parties à s'assurer qu'elles tireront le maximum d'avantages à travers la mise en œuvre de l'accord. Ce qui lui a fait faire accepter aux signataires la mise en place d'un mécanisme de suivi et de contrôle de l'application de l'accord qui aurait ainsi à rappeler à l'ordre voire même à dénoncer les contrevenants à l'esprit et à la lettre de l'accord de paix. Ce mécanisme est loin d'avoir été instauré car la médiation et les responsables de la Minusma ne parviennent pas à obtenir l'accord des deux parties maliennes sur sa composante et le champ de son autorité.

Le blocage empêchant l'application rapide des stipulations de l'accord d'Alger ne peut que nuire au Mali car il encourage les « forces négatives » à exploiter le sentiment de défiance qui persiste entre ses signataires malgré qu'ils se sont engagés les uns envers les autres à respecter leurs signatures en collaborant sans arrière-pensées à l'application de l'accord.