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Le Sahel, toujours sous la menace terroriste

par Yazid Alilat

Une attaque terroriste contre un camp de l'armée malienne à Tombouctou, dans le Nord, a fait voler avec fracas une si fragile sécurité dans la région la plus instable du Mali. Au moins dix soldats ont été tués lors de cette attaque, qui en dit long en réalité sur les capacités de nuisance des groupes armés, dominés par Aqmi, pas éliminés ni éradiqués, en dépit des affirmations données çà et là par des puissances étrangères.

Cette attaque terroriste remet en réalité au goût du jour l'efficacité autant des mesures militaires prises par la France notamment, qui y a déployé des troupes au sol et son aviation en 2013, que les assertions de Paris sur le relatif retour de la paix et la stabilité au nord du Mali. Région très complexe et compliquée, le nord du Mali et tout le Sahel, entre les sables du Soudan vers les frontières ivoiriennes et burkinabés, n'a, apparemment, pas été totalement sécurisé, ni débarrassé des groupes terroristes qui y pullulent, des groupes de Belmokhtar à ceux de Droukdel, peu importe la dénomination de leur organisation, à l'origine terroriste et qui sèment la terreur, la désolation et la pauvreté au Sahel.

Non, la politique africaine de Paris n'a pas été une réussite, cette attaque le confirme, après les autres agressions contre les troupes des Casques bleus de la Minusma, dont les éléments paient un lourd tribut à une politique aléatoire de lutte contre les groupes terroristes au Sahel. Car ce qui est important de relever dans la situation sécuritaire actuelle au Mali, est le fait que l'Elysée y a la haute main dans toutes les opérations militaires, les autorités maliennes, par manque de moyens, ayant laissé libre le champ à la France de gérer la sécurité du pays en fonction, cependant, de ses intérêts. L'Algérie, qui a mis en place un important dispositif d'alerte contre toute menace terroriste qui remonterait du Sahel, est elle-même gênée par cette approche sécuritaire de la France, alors que la lutte au Sahel contre les groupes armés nécessite une coordination sans faille autant des moyens, des politiques que de la logistique, avec un échange permanent d'informations.

La situation catastrophique actuelle dans la sous-région, avec une menace directe d'un redéploiement préoccupant des groupes terroristes, enhardis par la progression de Daech en Irak et en Syrie, appelle les pays riverains et certaines puissances occidentales à une nouvelle vision de lutte, une nouvelle approche contre cette menace. Le fait qui inquiète est que les groupes terroristes arrivent à se régénérer et à faire du Sahel une base arrière, au moment où leur menace sur la paix et la sécurité des pays riverains semble à chaque fois oubliée. Jusqu'au jour où cette menace sera difficilement contrôlable, avec une armée de terroristes aux portes de l'Algérie, au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Le danger est là, et les leçons d'un passé récent sont encore fraîches pour que chacun prenne ses responsabilités, pour que les tenants de Daech et d'Aqmi ne fassent pas la loi, ne sèment pas la terreur au Sahel et ne compromettent pas la paix et la sécurité dans la région.