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LA LANGUE, ARME D'UN POUVOIR SPOLIE

par M. Abdou BENABBOU

La ministre de l'Education nationale aurait suggéré à demi-mot l'éventualité d'un enseignement en arabe dialectal à partir de la rentrée prochaine. Quel esprit tordu retiendrait la véracité d'un tel chuchotement de la part de cette dame à l'esprit d'une épaisseur certaine et qui bon gré, mal gré a fini par se familiariser avec les tirs de barrage de ceux qui vouent pour ce qu'elle représente une haine farouche et tenace ? Car on n'en veut pas tant à madame Remaoun née Benghebrit et sa personnalité n'est que la thèse d'une certaine école algérienne à l'opposé de ce qu'elle a été jusqu'ici et qui est à la base d'une société totalement désarticulée.

Bon sang ne saurait mentir, la dame sait de qui tenir et ses racines profondes familiales font d'elle une Arabe racée qui a l'art et la dextérité de s'enrichir de toutes les cultures universelles pour s'élever à la hauteur de son temps. C'est cet effort d'élévation qui dérange et qui gêne ceux qui se sont initiés à la culture du sabre à chaque fois que la réforme de l'éducation nationale est remise par l'impératif flagrant sur la table. La prétendue annonce faite par la ministre n'est en fait qu'une idée effleurée au cours du large débat tenu à Alger lors du dernier rassemblement des experts de l'éducation. Le vrai problème posé était de rechercher comment donner une force à la langue nationale pour qu'elle puisse être efficace et capable de porter vers le progrès une école algérienne malmenée et stérile jusqu'ici.

Le gros mensonge qui a présidé jusqu'à aujourd'hui a toujours tenu que la langue arabe soit l'obligation d'une idéologie sacrée pour contenir on ne sait quelle vague cinquième colonne miroitée à tout vent. Or la sacralité de la langue arabe n'avait nullement besoin de la ruée de faux avocats intéressés pour défoncer une porte largement ouverte par ceux-là mêmes sur le dos desquels on s'échine à coller l'étiquette de traitres pour les engouffrer dans les ténèbres de la retraite. Que de fois l'on a vu des petites morves incultes intimer l'ordre rigide à des savants avérés, potentiels nobels de s'investir en bègues pour certifier une démarche inavouée.

C'est que la langue arabe n'a à aucun moment été soutenue comme véhicule et instrument de savoir et de progrès, mais elle a toujours eu depuis l'indépendance les seuls attributs d'une arme et d'un outil de rapine brandis en permanence avec des arguments creux pour l'affirmation d'un pouvoir que l'on a spolié.