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Convergences sur la nécessité d'un front intérieur

par Kharroubi Habib

La nécessité de la construction d'un front interne solide pour que  l'Algérie puisse relever le double défi auquel elle est confrontée de par la gravité de la crise économique qu'elle traverse et de la menace d'une résurgence du phénomène du terrorisme favorisée par un contexte régional se prêtant à une telle menée, semble en train de s'imposer parmi les acteurs politiques nationaux qu'ils soient dans le camp du pouvoir ou dans celui de l'opposition comme l'atteste la multiplication des appels à aller dans ce sens qui ont émané des deux côtés. Il paraît bien qu'il y a prise de conscience en ces milieux que si toutes les potentialités de l'Algérie ne sont pas mobilisées pour éviter au pays une situation de fragilité devant les dangers qui le guettent, le pays court à une catastrophe qui n'épargnera ni le pouvoir ni l'opposition légale y compris celle qui se croit à l'abri d'un tel sort.

Il faut à la décharge de l'opposition lui reconnaître qu'elle a tiré la sonnette d'alarme et préconisé que le pays aille à des changements ordonnés et pacifiques peu importe ce qui a été pensé des propositions avancées par elle dans ce sens. Elles l'ont été en tout cas pour servir de base à un dialogue algéro-algérien voué à la recherche d'un consensus national qui légitimerait ce que le pays devra entreprendre pour sortir de sa crise multidimensionnelle et des défis qu'elle lui pose. C'est le pouvoir qui a fermé la porte à une telle démarche politique car s'étant bercé de l'illusion qu'il est fort à tout point de vue et qu'il ne lui est pas nécessaire de constituer un front intérieur l'obligeant à l'ouverture en direction de ses opposants. Quoique le discours officiel persiste à donner à entendre que le pouvoir est toujours serein et en capacité de gérer la situation même si elle vient à se dégrader encore plus, le fait que certains de ses porte-voix ont à leur tour entonné le credo de la nécessité pour les forces politiques et sociales nationales de construire un front intérieur, montre que ce camp a fini par mesurer que son cavalier seul dans un tel contexte est suicidaire pour lui.

L'opposition qui, on le sent depuis quelque temps, a mis en sourdine des propositions et exigences dont le pouvoir ne veut entendre parler même si la situation du pays continue de se dégrader, déroule désormais un discours pragmatique par lequel elle se présente en vis-à-vis sérieux de ce pouvoir contre lequel elle n'est pas parvenue à constituer un bloc capable de lui imposer un nouveau rapport de force. Par la retenue qu'elle observe désormais dans la contestation de ce pouvoir, elle laisse apparaître qu'elle serait prête au dialogue avec lui sur la nécessité de construire un front intérieur sur la base d'un consensus politique. Mais en n'abdiquant pas sur les conditions qui pour elle fondent le changement pour lequel elle milite et combat.

Le pouvoir est-il dans une logique de sauvegarde de la Nation et de l'Etat républicain ou dans celle des intérêts de ses clans ? De la réponse qu'il fera aux appels qui posent la nécessité d'un front intérieur et à la connaissance de ce qu'il pourrait faire comme concessions s'il en accepte le principe, l'on saura s'il est mû par la première ou la seconde.