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LES FORTUNES SUSPECTES NE SONT PAS CACHEES

par M. Abdou BENABBOU

Aléatoire est cette formule décidée par la loi de finances complémentaire et on se demande quelles seraient les recettes dont disposeraient les banques algériennes pour entraîner les détenteurs de fortunes cachées à se présenter devant leurs guichets. On a peut-être oublié qu'hier à peine, on avait officialisé une politique de délation généralisée exigeant de nos banquiers de signaler tout mouvement financier suspect et que ce doute officialisé avait favorisé la circulation dans l'ombre des fortunes terrées.

Le jeu scabreux des hésitations avec ses gommages frileux de l'utilisation des chèques a mis à nu des tâtonnements totalement délurés pour une gestion d'un marché des finances encore davantage déluré. On n'ignore pourtant pas que la primauté accordée à cette conséquente méfiance, que la situation politique et économique du pays a dédoublée, a considérablement amplifié chez le contribuable une allergie déjà large pour toute senteur aussi légale soit-elle d'une banque.

Nos officiels ont beau aujourd'hui rassurer et la mise en avant de la littérature patriotique usée jusqu'à la corde ne suffit pas si l'Etat ne se décide pas à prendre le taureau par les cornes en cessant de surfer avec ses paradoxes sur un terrain vital pour le pays.

Dans toutes les nations du monde, la justice fiscale et l'articulation des finances nationales reposent sur le visu. Les fortunes algériennes suspectes ne sont pas cachées et elles crèvent les yeux. Il suffit d'un courage politique sain pour se présenter devant elles et de leur exiger de détailler jusqu'au dernier sou comment elles ont été bâties. Les premières justifications devraient d'abord être présentées par celles qui se sont assises à un moment ou à un autre sur les strapontins ou les fauteuils des responsabilités de l'Etat.

Aisé de le dire qu'à faire, on le sait. Car emprunter cette voie, plus qu'elle ne certifierait la sincérité et l'objectivité des décisions économiques, et mieux que ne le fassent les lourds chapelets des subventions, elle convoquerait la nécessaire confiance d'un peuple seule garante de la légitimité de l'Etat.