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LA GRECE ET LES DENTIERS D'ACIER

par M. Abdou BENABBOU

Les Grecs ont rendez-vous aujourd'hui avec un referendum censé clarifier leur avenir. Nul ne connaît l'issue de cet événement par lequel on accorde la factice faculté à un peuple de décider de son sort quand le pays a fini par boire le calice jusqu'à la lie. Sortir de l'Union européenne ou tenter de bien s'y adosser, revenir au drachme comme monnaie d'une souveraineté tronquée ou s'accrocher à l'euro avec le plus grand des désespoirs est bien là ce dimanche le faux choix imposé à une population victime de l'inconséquence de ses dirigeants qui ont fait d'une superpuissance antique une larve qui gigote.

Le peuple grec va suivre, contraint, son destin contrarié et aux décombres ancestraux, patrimoine mondial à la criée troqué s'ajoutent par vagues démultipliées les ruines des âmes surprises de constater que Zeus, Pluton et Poséidon réunis ont été désarmés et que le monde avait de nouveaux dieux. Et les leçons de l'Histoire n'ont de cesse de continuer.

Trop lointaine de l'Algérie et en même temps trop proche Grèce. Elle est si proche par les enseignements qu'elle jette à la figure de ceux qui détiennent les mannes du pouvoir et à celle d'une population endormie qui se complaît au creux de la berceuse de la rente. Se nourrir de gloire passagère et de courants d'air est le dernier étage de l'infantilisme et de l'imbécilité.

Dans le monde présent le recours à la mythologie n'est plus une recette opérante pour le bonheur d'un peuple et la référence à la légitimité historique, à défaut de ressusciter des Apollons se limite malheureusement à démultiplier la réincarnation de gigolos à quatre sous aux dentiers d'acier.

Les dieux ne sont plus les mêmes et les coups de force de ceux nouveaux s'attaquent jusqu'à l'air que l'on respire et à la manière de respirer. La souveraineté n'est plus qu'un aléatoire artifice de cirque qui permet de donner bonne figure à une estrade de figurines. Quel bel exemple poignant que la Grèce d'aujourd'hui prise dans un piège opaque et flottant sans repère ni carrefour qui lui permettrait au moins le moins mauvais choix.

Dans un sens comme dans un autre, c'est le peuple grec qui est à brader pour n'avoir pas su ou pas voulu s'adapter au rythme du temps.