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Mad Max en Mésopotamie, une réalité

par Ahmed Farrah

Ces pays, longtemps restés archaïques dans leur mode de fonctionnement, dans lesquels les peuples sont assujettis, astreints et résignés à subir les conséquences des pratiques de leurs dirigeants absolutistes, tombent et s'écroulent aujourd'hui l'un après l'autre, l'Irak, la Syrie, et la Libye. D'autres suivront peut-être, encore. Ils ont en commun les germes de leur septicémie pandémique. D'abord, le tracé de leur géographie artificiellement matérialisée par les puissances coloniales, ne tenant compte ni de la profondeur de leur histoire et sa spécificité ni des particularismes religieux, ni des entités ethniques qui les composent. Contrairement à d'autres, comme l'Iran, la Turquie, l'Égypte et le Maghreb, dont l'existence est ancrée dans l'histoire des grands royaumes rivaux de Rome (Byzance- La Perse, L'Égypte des pharaons- La Numidie..) de leur homogénéité cultuelle (absente au Proche- et Moyen-Orient et dans les pays du Golfe) et de leur brassage ethnique plus au moins réalisé ( mosaïque de peuples en Syrie, au Liban et en Irak). Cependant, tous ces États partagent les mêmes faiblesses qui les mèneraient définitivement à leur fin s'ils ne s'éveillaient pas de leur dormance sur fond moribond. Leur handicap est leur incapacité à bâtir des États modernes, libres et démocratiques. Leur gouvernance est oligarchique, autoritaire, oppressive, excessivement concentrée et centralisée, mettant en avant le culte de la personnalité et le contrôle de la société par la violence institutionnalisée et par l'instrumentalisation de la justice et de la religion. Ces régimes sont souvent opaques, corrompus et corrupteurs, s'accaparent de l'exclusivité des ressources et de l'économie, au détriment des droits individuels et du progrès collectif. L'effondrement programmé et accentué par les Occidentaux et le calcul politicien des États antagonistes du Golfe persique et de la Turquie mènent au démembrement de ces pays et l'instauration de micro-États tribaux et sectaires dans lesquels règneront l'anarchie et la violence. Mad Max y hisse son drapeau au nom du sacré, efface les frontières de Sykes-Picot et s'emparera des plus grands gisements pétroliers du monde pour le compte des USA, l'État alibi des Saoudites sera à son tour démantelé, l'Iran et son allié Russe seront mis à distance, loin du baccara. Faites vos jeux, rien ne va plus ! Mad Max n'est plus cette fiction des années 1979, mais bien une réalité que vivent aujourd'hui ces peuples déplacés et éparpillés dans l'immensité du bagne à l'ouest de la géhenne, demeure de la perdition, lieu du supplice, pour les indésirables et méprisés victimes de leurs despotes. Les évènements ne viennent jamais par hasard, ils sont toujours inscrits dans les agendas de ceux qui ne croient pas à la fatalité.