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Ouargla : Les critiques de Benflis

par R. N.

Lors du congrès régional du parti Talaiou El Houriyet à Ouargla, Ali Benflis a réitéré ses critiques à l'endroit du « régime politique » algérien, notamment concernant la situation dans le sud du pays. « Le grand sud de notre pays fait l'actualité depuis quelques années. Il occupe l'espace médiatique national. Il est au centre des inquiétudes et des préoccupations de toutes nos concitoyennes et de tous nos concitoyens », a déclaré Benflis.

Ajoutant que cette région est privée des «bienfaits d'un développement économique et social équilibré, cohérent et harmonieux» et souffre «des crises multiples et aiguës de l'emploi, de la santé, du logement, de l'éducation et des transports».

Selon lui, «les réponses» aux problèmes du Sud «existent». «Elles sont à portée de nos mains; il ne s'agit pas de recette miracle à trouver ni d'une baguette magique à chercher.

Il suffit d'une volonté politique dont les pouvoirs publics sont dépourvus ; il suffit de faire le choix de politiques publiques cohérentes, ciblées et performantes et, par dessus tout, il suffit de vous écouter, de se concerter avec vous et d'entretenir un dialogue permanent avec vous sur tout ce qui se décide pour vous et en votre nom», dit-il.

Pour Benflis, « ce que vit Ghardaïa est une tragédie pour la nation ». Il estime que « face à cette tragédie, le régime politique en place n'a pas trouvé mieux à faire que d'adopter la politique de l'autruche et a enfoncé sa tête dans le sable pour ne plus entendre vos cris de détresse et vos appels à l'aide; il a parié sur la banalisation d'une crise qui n'est pas une crise banale, conjoncturelle et passagère ; il a préféré miser sur le pourrissement en espérant qu'il conduise à l'essoufflement ».

GAZ DE SCHISTE

Abordant la question du gaz de schiste, Ali Benflis a déclaré : « Je ne vous cacherai pas que je ne suis pas un expert en affaires énergétiques et encore moins dans le domaine du gaz de schiste ; je ne suis pas non plus porté sur les joutes statistiques ; et je suis toujours suspicieux face aux querelles de chiffres. Lorsque des statistiques contradictoires sont agitées et lorsqu'il est fait référence à des chiffres qui s'annulent les uns les autres, j'ai plutôt tendance à croire que cela ne sert qu'à fausser le débat et à masquer les évidences les plus têtues. A propos du gaz de schiste, je ne vous parlerai pas donc de statistiques ni de chiffres tout comme je m'abstiendrai de me livrer devant vous à des comparaisons sur les mérites respectifs des technologies disponibles pour son exploitation. Les pouvoirs publics ont suffisamment abusé de cette tactique ». Il s'interroge : « Pourquoi la décision d'exploitation du gaz de schiste est-elle intervenue en ce moment précis ?

Dans quelle stratégie énergétique globale -si elle existe, mais elle n'existe pas- l'exploitation du gaz de schiste s'inscrit-elle ? Et pourquoi fuir un débat national sur cette question alors même qu'elle est lourde de conséquences non seulement pour les régions concernées mais aussi pour la nation toute entière ».

Pour « répondre à toutes ces questions », il affirme que « l'exploitation du gaz de schiste dans les conditions actuelles est mondialement controversée », alors « pourquoi donc ce qui reste controversé dans le monde deviendra-t-il clair, limpide et univoque dans notre pays? »

Et « même les pays ayant autorisé l'exploitation du gaz de schiste se sont dotés de législations et de réglementations précises, rigoureuses et particulièrement contraignantes à l'effet d'encadrer strictement cette exploitation et de la soumettre à un contrôle de tous les instants », ajoute l'ex-chef du gouvernement. « J'ai personnellement interrogé plusieurs experts nationaux dans le domaine énergétique à ce sujet. Tous m'ont affirmé que de telles législations et réglementations n'existaient pas jusqu'à cette heure dans notre pays », affirme-t-il.