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Le livre à la peine

par A. Mallem

Les problèmes de l'édition et de la diffusion du livre liés à celui du lectorat en général ont été soulevés, jeudi, par de nombreux éditeurs à l'occasion de l'inauguration du Salon du livre qui se tient du 28 au 6 juin 2015 au square Ahmed Bey de Constantine.

Ceux que nous avons interrogés se sont accordés à dire que l'édition du livre et sa diffusion en Algérie sont loin des normes voulues et le circuit allant de l'éditeur jusqu'au lecteur est jalonné de difficultés parfois insurmontables. « Les problèmes du livre sont nombreux », font constater des éditeurs constantinois que nous avons interrogés. Et d'expliquer qu' « il y a d'abord le système de distribution mis en place qui, le moins qu'on puisse dire, n'est pas du tout adéquat, ce qui fait que le livre n'arrive pas au lecteur comme on le veut, dans le temps et l'espace. Il y a aussi le problème du prix à la vente qu'il faut imputer aussi au système de distribution, car il faut se mettre dans l'idée que le système des marges bénéficiaires au cours du parcours fait par le livre entre l'éditeur, le distributeur et l'acheteur fait augmenter son prix de 60% ». Sur un autre plan, la formule «dépôt-vente», assez utilisée aujourd'hui pour écouler la production, ne manque pas de pénaliser l'éditeur et le conduire à limiter considérablement sa production. Cette formule consiste pour le distributeur à prendre le livre chez l'éditeur sans payer le moindre sou et va le déposer chez le libraire qui, lui, ne le paiera qu'après la vente. D'où la lenteur dans les rentrées financières qui a pour conséquence de diminuer les moyens du producteur. Et ce dernier, au lieu d'éditer une vingtaine d'ouvrages dans l'année, ne peut produire qu'un maximum de cinq titres. A tout cela, s'ajoute un problème de lectorat. « Depuis 8 ans environ, ont estimé nos interlocuteurs, l'Algérien a perdu le goût de la lecture. Et la nouvelle génération, attirée par Internet et la télévision, n'est pas encouragée à aller vers le livre ». Ici, un éditeur intervient pour dire que la loi sur le livre qui parle de lecture obligatoire à l'école et oblige l'élève à lire au moins un ouvrage par mois et en faire un résumé, est, certes, une disposition édictée dans le sens d'encourager la lecture et promouvoir le livre. « Cette loi agit en faveur des éditeurs et des diffuseurs, mais elle s'avère insuffisante et il faut multiplier les campagnes de sensibilisation auprès des parents pour les amener à encourager, voire inciter, leurs enfants à lire et eux-mêmes à reprendre leurs bonnes habitudes de lecture », a estimé l'intervenant. Et en conclusion, les éditeurs ont plaidé par un système de distribution performant et soutenu par l'Etat. Un responsable de maison d'édition citera l'exemple de la France en disant qu'« un ouvrage sort de l'imprimerie le jour « J » et on peut déjà le trouver dans les librairies de tous les coins du pays ».

Le salon s'est ouvert avec une soixantaine de maisons d'édition, dont une bonne trentaine issues de Constantine. Le reste est venu de différentes wilayas. Il est organisé par le département livres de la manifestation « Constantine, capitale de la culture arabe 2015 » en collaboration avec la direction de la culture. Cette manifestation est appelée, selon ses promoteurs, à drainer la foule par le fait qu'elle est située en plein centre-ville et sur un chemin de passage très fréquenté par la population. Le Salon du livre a été inauguré par le wali de Constantine qui était accompagné du Dr Mohieddine Amimour, écrivain et ancien ministre de la Culture et de l'Information et, bien entendu, le directeur de la culture de la wilaya.