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Oran : La marche des traminots empêchée

par Houari Barti

La marche des traminots prévue hier matin à Oran a finalement été empêchée par la police. Des représentants des travailleurs, parmi lesquels le secrétaire général de la section syndicale et le chargé de l'organique ont été interpelés par la police avant même qu'ils n'arrivent au lieu à partir duquel était prévu le départ de la procession. Des sources syndicales avancent en effet le chiffre de « six personnes interpellées », restées injoignables pendant plusieurs heures car « on leur a confisqué leurs téléphones portables », affirme-t-on.

Ils ont tout d'abord été emmenés vers le commissariat d'Es-Senia, avant d'être transférés vers le commissariat de Haï Sabah pour être auditionnés et enfin conduits vers le siège de la sûreté de wilaya. Jusqu'en milieu d'après-midi, les six personnes interpelées se trouvaient toujours dans les locaux de la police, affirment les mêmes sources.

Selon les représentants des travailleurs, un impressionnant dispositif de sécurité, mobilisé dès les premières heures, a empêché la marche de démarrer de son point de départ à Es-Senia. Une partie des protestataires, quelque 150 personnes, a pu tout de même déjouer le cordon de sécurité et réussit à rallier le siège de la direction des transports où un sit-in a été tenu.

A noter que le conflit qui oppose les travailleurs de la Setram d'Oran à leur direction depuis maintenant 17 jours s'enlise de jour en jour. L'interdiction de la marche d'hier par les services de sécurité a fait réagir la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) à travers un communiqué diffusé par son bureau d'Oran. « La police anti-émeute vient d'intervenir pour tenter de bloquer la marche de protestation prévue par le Collectif des travailleurs de la Setram Oran qui sont en grève depuis une quinzaine de jours pour exiger l'application par une direction française du droit du travail algérien aux Algériens qui exercent en Algérie », lit-on en guise de préambule dans le communiqué de la LADDH. Dans ce même communiqué, la LADDH estime que « derrière la modernité en matière de technologie qui se veut être le visage de l'entreprise Setram est tapi un esclavagisme vu comme unique moyen de réguler les relations de travail ». La LADDH cite comme principales infractions commises par Setram « le non respect de la durée légale de travail », « le non paiement des heures supplémentaires », et le « non respect de la volonté commune des travailleurs et de l'employeur », qu'on estime « indispensable quand il y a changement des contrats de travail ». Le bureau d'Oran de la LADDH déclare ainsi son entière solidarité avec le collectif des travailleurs et leurs délégués et annonce son intention « d'initier avec la CGATA (Confédération syndicale autonome des travailleurs en Algérie) une campagne internationale de soutien » du collectif des travailleurs et de dénonciation de ce qu'il qualifie de « pratiques esclavagistes de la direction de la Setram».

Il est à noter enfin que quelque 350 travailleurs de la Setram réunis avant-hier en assemblée générale ont élu 11 représentants. Une élection qui vient marquer le divorce définitif avec la Centrale syndicale UGTA laquelle, rappelle-t-on, a récemment suspendu de toute fonction syndicale le secrétaire général et le chargé de l'organique de la section syndicale.