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Une part de vérité révélée par Saadani

par Kharroubi Habib

Aux interrogations sur le pourquoi le projet présidentiel de révision de la Constitution tarde à être finalisé, le secrétaire général du FLN, Amar Saadani, a fait la réponse que c'est l'opposition qui est responsable de cette situation. Certes, son explication contredit ce qu'il dit avec constance de cette opposition, à savoir que «divisée et peu représentative» elle ne pèserait pas lourd sur la scène politique et encore moins sur les décisions du pouvoir. L'on peut penser qu'en se contredisant de la sorte, Amar Saadani fait dans «l'enfumage» de l'opinion publique sur les véritables causes qui font que la finalisation de la révision constitutionnelle est sans cesse repoussée si du moins l'on tient pour avéré que Bouteflika aurait fixé à celle-ci des échéances qu'il s'est trouvé contraint de ne pas respecter. Il n'en reste pas moins qu'il y a une part de vérité dans son propos attribuant à cette opposition d'être responsable du blocage que connaît le dossier révision de la Constitution.

Comment cette opposition que l'on déclare coupée des citoyens, sans crédit politique et incapable de mobiliser sur les revendications qu'elle agite est-elle parvenue à obliger le pouvoir à revoir son calendrier ? Et bien parce que aussi faible qu'on la considère, elle n'a pas permis au pouvoir qui s'est engagé de pouvoir prétendre que le projet de révision de la Constitution dont il a l'initiative est le produit d'une concertation ayant dégagé un contenu largement consensuel. Son rejet pratiquement collectif du principe d'une révision de la Constitution à l'initiative du pouvoir en place, sa dénonciation de «l'illégitimité» électorale de celui-ci et son refus d'adhérer au processus initié par lui pour aller à la révision constitutionnelle ont, c'est l'évidence, imposé le fait que le projet qu'il se proposera de réaliser pourra être qualifié de tout sauf d'émaner d'un consensus national.

Ne pouvant se prévaloir d'un consensus national autour de la révision qu'il s'est engagé à faire, le président a un autre problème qui se pose à lui, celui du comment pallier cette absence de consensus politique autour de son projet. Il lui a été prêté l'intention de lui obtenir la caution parlementaire. Ce qui au vu du discrédit abyssal dans lequel sont les institutions parlementaires sa démarche sera considérée comme confirmant son échec dans la recherche de ce consensus pour son projet.

La seule façon de suppléer au manque du consensus politique est celle de la voie référendaire qui peut procurer à la révision projetée l'acquiescement populaire source de légitimité inattaquable. Une voie qu'en fin politique Bouteflika sait périlleuse car sachant que l'adhésion populaire que le pouvoir se targue de susciter a fondu comme neige au soleil comme le lui ont démontré les consultations électorales de ces dernières années.

On le voit, Bouteflika pour aussi déterminé qu'il s'est déclaré de procéder à une révision de la Constitution a certainement convenu de ne pas se hâter à la finaliser et prend son temps pour trancher sur la voie pour laquelle il optera. Pour aussi faible qu'elle soit, l'opposition est tout de même parvenue à semer quelques cailloux acérés sous les pas du pouvoir sur la route de la révision constitutionnelle. Saadani n'a fait qu'admettre qu'ils font mal.