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Le volley-ball à Chlef, une riche histoire

par Abaci M'hamed

Il nous semble bon de faire revivre la mémoire collective très peu ancrée dans la vie de notre nation. En effet, c'est un sujet qui mérite certainement d'être évoqué aujourd'hui, car une nation qui oublie, qui marginalise ou ne donne pas de l'importance aux valeurs humaines n'a sûrement pas d'avenir, et qu'il est urgent qu'on lutte contre l'oubli afin de réhabiliter et rétablir les valeurs humaines dans notre pays à l'instar des sociétés évoluées dans le monde. Il s'agit de jeter des passerelles entre les générations en sachant qu'il s'agit d'un sujet-clé de société à l'heure où la mémoire collective a tendance à disparaître et à se mettre en marge des principes de l'éthique et des valeurs de notre société ainsi du mode de fonctionnement de nos institutions. Ce genre d'écrits est important pour promouvoir la culture des valeurs humaines, pour rappeler justement l'histoire des générations qui se veut une marque de reconnaissance à l'endroit des hommes du monde de la culture, du sport, de l'économie ou de la politique qui ont dignement servi notre pays par leurs talents et sont restés fidèles, modestes et intègres. Pour notre part, nous voulons parler et en nous rappelant la légendaire équipe de la prestigieuse école de volley-ball de Chlef, ex- El Asnam des années 1963 à 1986, qui mérite de sortir de l'oubli, car c'est une grande famille sportive bien connue du volley-ball et elle est sans doute celle qui a marqué son temps notamment.

Son mérite est d'avoir contribué grandement à cette discipline qui est considérée comme étant aujourd'hui bel et bien un reflet d'une grande équipe de l'histoire du développement du volley-ball algérien, mais aussi qui a honoré les couleurs du pays particulièrement par des sportifs qui mouillaient honnêtement leurs maillots et qui respectaient les couleurs de la ville. C'est pour cela que nous avons estimé d'apporter notre modeste contribution afin d'ouvrir une page d'histoire sportive sur le volley-ball dans la ville d'El Asnam qui a donné une génération de sportifs volleyeurs qui se sont illustrés à l'échelle nationale et internationale durant deux décennies avec quatre clubs de volley à Chlef dans le championnat national tout en servant de réservoir pour l'équipe nationale. On citera entre autres : Benmokhtar, Bentayeb, Houari Nacer, Kaici, Benbouali, Benyamina Zerika, Dekkiche, Sid-Ahmed Fedlaoui, Hamadouche, Djelloul, Moussaoui, Guemour, Bouhalla Salim et enfin la célèbre Oukazi Fatma Zohra, et la liste est encore longue. Comme il est utile de rappeler que les Benmokhtar, Guemour Djillali et Bouhalla Salim ont tous marqués leur passage au sein de la direction technique de l'équipe nationale en tant qu'entraîneurs des différentes catégories..

En effet, comme nous le verrons par la suite pour tous ceux qui ont vécu la période de cette génération des années d'or du volley-ball asnami, ils constateront en toute objectivité que ce que cette rétrospective n'a rien de superflu. En effet, cette génération au riche répertoire par ses qualités sportives et humaines est sans doute parmi les meilleurs volleyeurs que Chlef a enfanté, car ils forcent toujours l'admiration de toute une ville. C'est d'ailleurs le seul sport collectif qui est devenu aussi populaire que le football. L'émergence du volley-ball à Chlef a pris son véritable décollage grâce à une politique de formation ouverte aux jeunes d'où la création de quatre clubs évoluant en championnat national. C'est un devoir de mémoire envers ces grands sportifs qui ont œuvré à honorer les couleurs de la ville et du pays par leur talent mais qui, hélas, n'ont jamais été honorés à leur juste valeur.

L'hommage protocolaire est en inadéquation avec le parcours exceptionnel et le sacrifice de ces hommes dont bon nombre d'entre eux nous ont quittés alors que d'autres sont malades et souffrent grandement de cet oubli, eux dont le patriotisme ne peut être mis en doute. Mais le fait de se remémorer l'histoire de ses générations qui ont fait le bonheur de l'équipe nationale ou de l'Algérie en général, est un modèle de nationalisme et d'éthique pour les jeunes, notamment en ces temps où l'aspect matériel est prédominant, où l'on parle beaucoup plus d'argent que de valeurs du sport. Aujourd'hui, les sportifs bénéficient de tout le confort voulu et de la meilleure prise en charge possible dans leurs clubs. La renommée de cette discipline, symbole d'une école et d'une ville, remonte à l'époque post-indépendance qui a été par le passé le creuset du volley-ball national en occupant les premiers rangs dans le championnat national à l'instar du POC Chlef. Ce dernier est notoirement connu à l'échelle nationale et africaine, et le volley-ball est l'une des premières sections omnisports fondée en 1963 dans le sillage du club de football l'ASO Chlef.

Lors de la réforme sportive en 1977, l'équipe a bénéficié du statut de club de performance (ASP) sous la tutelle de la DNC avant de passer en 1985 sous la coupe de l'Entreprise nationale des plastiques et caoutchoucs ( POC) avec dans ses rangs des sportifs exceptionnels, tous des enfants de Chlef, qui ont sacrifié leur jeunesse et leurs intérêts professionnels. Tous les Chélifiens ne pourront oublier les Ahmed Benmokhtar (entraîneur-joueur), le défunt Mehdi Bouhaik dit le Bombardier, Jover J.Marie, Kiouar, les frères Houari, Benbouali Benkheira, Benbouali El Hadj, Talbi, Guemour Djillali, Teboudj, le défunt Moussaoui, Zerika, Benyamina, Hamadouche, Bouziane, Dekkiche, Benkaouda, Belhabib, El-Hachemi, Riadh, Belgharbi, Benkaouda?. Leurs noms sont intimement liés à l'histoire de cette discipline à Chlef .

Ces joueurs de grande classe ont contribué à l'essor du volley-ball. Tout ce beau monde travaillait dans des conditions difficiles avec les moyens du bord sous la conduite de Ahmed Benmokhtar et Della abdelkader, maître de sport et spécialiste dans la prospection des jeunes, aidé par un staff technico-administratif porteur d'un projet pour les jeunes. Avec ces pionniers, cette discipline est parvenue au summum d'autant que l'outil de travail se résumait à un terrain au centre Albert Camus, aujourd'hui Larbi Tébessi. L'on ne peut évoquer l'histoire glorieuse du volley-ball dans la ville de Chlef sans citer Ahmed Benmokhtar qui était un joueur de haut niveau, selon bon nombre de techniciens et sportifs. En effet, il s'était fait remarquer par ses qualités technico-tactiques et son style athlétique. Aussi, il a été l'artisan de la création de la section volley-ball en 1963 avec l'aide précieuse de feu Moulfi Laid, dirigeant sportif et ex- P /APW. Durant toute sa carrière sportive, il a transmis son expérience aux jeunes. Sélectionné en équipe nationale universitaire en 1968 à 1970, entraîneur national des cadets de 1968 à 1970, des juniors-seniors universitaires de 1972 à 1982, il a fait honneur à la ville de Chlef sur le plan sportif, mais également sur le plan professionnel où il était enseignant au collège technique (CET) As Salem. Tout ceci lui a valu le respect et la notoriété dans le monde sportif.

Durant deux décennies, les volleyeurs chélifiens se sont illustrés à l'échelle nationale et internationale avec plusieurs titres et trophées lors de plusieurs participations avec l'équipe nationale A de 1975 à 1986, avec les Bentayeb, Houari Yacine, Kaici, Benbouali, Benyamina, Zerika, Dekkiche, Moulfi Abdelkader, Moussaoui, Djelloul, Hamadouche, Kiouar, Benbouali, Houari Yacine?

Les anciens ont légué une page glorieuse aux générations futures. Puisse cet article pousser les responsables locaux à honorer les anciennes gloires qui se sont données corps et âme et qui sont encore parmi nous ainsi que ceux qui nous ont quittés. Cette initiative est une forme de reconnaissance pour tous ces sportifs et anciens dirigeants. Nous espérons enfin que cette modeste contribution servira à mieux connaître les serviteurs de cette discipline.