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Retour des compétences nationales établies à l'étranger : Le poids des préjugés

par M. Aziza

Si l'Algérie n'est pas une destination d'excellence pour les expatriés étrangers, comparativement aux Emirats arabes, elle séduit pourtant ses propres enfants vivant à l'étranger. La diaspora algérienne aujourd'hui est plus favorable pour un éventuel retour au pays.

Certains sont déjà retournés, beaucoup d'autres ont encore des préjugés sur leur pays d'origine. Ils ont besoin d'être considérés, rassurés et pourquoi pas accompagnés. Justement, le Forum ITN emploi «spécial Algérie» est là pour «désamorcer ces préjugés». C'est ce qu'a indiqué, hier, Amina Kara, représentante du cabinet conseil en recrutement et formation, International Talents Network (ITN) en Algérie, lors d'une conférence de presse tenue au Palais de la culture.

La conférencière a affirmé que sur 110 compétences nationales ayant étudié à l'étranger et qui sont retournées travailler dans leur pays en 2014, 31 parmi eux ont été recrutés par des entreprises nationales et multinationales en Algérie par le biais d'ITN. Le groupe ITN emploi veut donner plus de chance et de possibilités pour faciliter le retour des compétences nationales de l'étranger vers les pays d'origine. Il annonce la tenue de la troisième édition du Forum ITN emploi, prévu les 11 et 12 avril à Paris.

Une vingtaine d'entreprises nationales et multinationales domiciliées en Algérie a participé à la précédente édition (2014), à Paris et à Lyon. Cette année, le Forum devra accueillir 25 à 30 entreprises qui ont déjà émis le souhait d'y participer. La conférencière a précisé qu' «un espace création d'entreprise» sera proposé pour la première fois, afin de répondre aux interrogations des porteurs de projets qui souhaitent investir en Algérie. Pour Amina Kara, «aujourd'hui, le climat des affaires est plus que favorable». «Il faut justement désamorcer les préjugés et être positif», a-t-elle précisé. «Un nombre important d'Algériens établis à l'étranger souhaiterait rentrer en Algérie dont 65% ont un bac + 5 et plus. La majorité sont des ingénieurs, des étudiants qui sont fraîchement sortis de l'université et des professionnels dans le domaine du management, le marketing, audit et gestion. Ils ont cette envie de retourner travailler dans leur pays, par nostalgie, par affection et parfois par militantisme et patriotisme, mais ils méconnaissent les opportunités».

Elle poursuit, il y a de l'autre côté des entreprises algériennes et des multinationales, à la recherche de compétences «locales» établies à l'étranger en avouant qu'elles favorisent la diaspora algérienne pour un contrat local au lieu d'un «contrat expatrié» car cela coûte très cher. Et tant mieux pour les compétences nationales vivant à l'étranger.

La conférencière a précisé que des grands noms soutiennent ce projet. Elle cite l'opérateur de téléphonie Djezzy, qui est le partenaire officiel d'ITN et les entreprises Cévital et NCA Rouïba.

A noter que les préjugés ne viennent pas uniquement de l'autre côté, mais existent chez nous. «Certains estiment que le retour de la diaspora est lié à la crise que connaît le marché du travail en Europe et ailleurs. Le témoignage de Fatma-Zohra Chikh indique le contraire. Travaillant, depuis 2009, chez une entreprise étrangère dans le domaine de l'hydraulique, Fatma-Zohra affirme que son retour au pays «est un choix» pourtant, elle a fait ses études en France en poursuivant son cursus aux Emirats arabes, aux Philippine, en Turquie et en Espagne, pour décider de retourner en Algérie, pour travailler. «J'ai voulu, tout simplement, apporter quelque chose à mon pays. Je n'attends pas de la reconnaissance, mais seulement de la croissance pour l'Algérie car j'en ai marre d'entendre parler de l'Algérie en France, comme un vilain petit canard». Et de conclure, au lieu de séduire les expatriés étrangers qui ne sont pas très intéressés par le marché du travail algérien, il faut donner de meilleures conditions aux compétences nationales.