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Colère du personnel navigant : Grève à Air Algérie

par Yazid Alilat

La compagnie aérienne nationale Air Algérie est toujours en mode «turbulences».  

Moins d'un mois après la grève du personnel de l'EGSA et un peu plus de deux mois après le débrayage des pilotes de ligne, qui a provoqué une belle pagaille à l'aérogare internationale, les clients de la compagnie sont de nouveau contraints de voyager dans des conditions exécrables. Hier à l'aéroport international d'Alger, presque tous les vols avaient été perturbés, avec des retards de plusieurs heures. A l'aérogare, c'était la débandade, selon des voyageurs, provoquée par un débrayage du personnel navigant commercial (PNC, stewards). Aux guichets, les voyageurs étaient peu ou pas informés du tout de ce qui se passait. Les avions étaient pratiquement cloués au sol durant les premières heures de la matinée d'hier. Même les vols domestiques ont été touchés par cette grève du PNC. Beaucoup de vols étaient enregistrés en retard.

Quelque part au niveau de la grande salle de l'aérogare, des salariés membres du Syndicat national du personnel navigant commercial (SNPNC), des stewards et hôtesses de l'air tenaient un sit-in de protestation contre leurs mauvaises conditions de travail. Tout le programme des vols de la compagnie a été affecté par cette grève, qui a mis les nerfs du personnel au sol de la compagnie à rude épreuve devant la colère et l'irritation des voyageurs.

En fait, la direction générale d'Air Algérie était au courant de ce débrayage. Car le SNPNC, avec ses 500 adhérents contre 200 adhérents affiliés à l'UGTA, avait déposé un préavis de grève le 11 mars dernier auprès de la DG de la compagnie. Les revendications portent notamment sur l'amélioration des conditions de travail du PNC, et notamment «la confirmation des contractuels» dont 300 travaillent en CDD depuis 5 ans, selon de précédentes déclarations du président du syndicat, Karim Ourad. L'autre revendication porte sur les départs en congé du PNC. Selon le syndicat, « le PNC travaille dans des conditions difficiles : il nous arrive de travailler 100 heures par mois ».

Les salariés affiliés au SNPNC demandent en outre l'application d'une grille des salaires aux normes et standards internationaux. Selon le même syndicat, ces revendications ont été portées à la connaissance de la DG d'Air Algérie depuis trois ans, sans suite. Le cri de détresse du PNC, qui a dû faire face à une augmentation des rotations et des distances sans bénéficier de congé selon leur syndicat, est en tout cas assez bruyant pour que les vols d'hier lundi soient sérieusement perturbés et la compagnie ébranlée par un autre débrayage qui fissure encore plus le management de la compagnie. Air Algérie continue de traverser de fortes turbulences depuis au moins trois ans, avec des grèves cycliques, dont la plus importante, celle de l'été 2013, qui a cloué au sol les appareils de la compagnie et bloqué des milliers de voyageurs dans les aéroports européens, français notamment, en pleine période des congés. En outre, le personnel navigant commercial d'Air Algérie a appelé la compagnie à procéder en urgence aux recrutements de stewards et hôtesses de l'air pour améliorer leurs conditions de travail.