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Les «menaces» d'Obama à l'épreuve de la realpolitik

par Moncef Wafi

La réélection du faucon Netanyahou ne devra pas apporter de changements dans la politique d'agression d'Israël en direction des Palestiniens même à la lumière des menaces, à peine voilées, d'Obama de revoir ou plutôt de «réévaluer» le soutien diplomatique de Washington à Israël devant les instances onusiennes. Le président américain s'est senti comme trahi par les promesses électorales du Premier ministre israélien qui a juré que l'Etat palestinien ne verra pas le jour sous sa gouvernance.

Pour les Américains, une partie des Démocrates surtout, il n'est un secret pour personne que la solution à deux Etats est la plus à même de sceller une paix durable dans la région du Proche-Orient. Et ils n'hésitent pas à le rappeler en précisant que la position de la Maison Blanche pourrait être revue au Conseil de sécurité de l'ONU, permettant auquel cas l'adoption d'une résolution sur une solution à deux Etats le long des frontières d'avant 1967. Les Démocrates affirmant que «les décisions prises par les Etats-Unis aux Nations unies étaient basées sur cette idée d'une solution à deux Etats», dixit Josh Earnest, le porte-parole de Barack Obama.

Pour le moment, l'allusion n'est que verbale alors que Netanyahou, devant le ton ferme de l'Administration américaine, semble faire marche arrière en se déclarant pour «une solution pacifique à deux Etats qui soit réaliste». Dans le langage israélien, cette solution passe par la volonté de l'Autorité palestinienne de mener des négociations de paix «sincères» avec Israël en reniant leur accord avec le Hamas. Autant dire un retour à la case départ faisant endosser la responsabilité de l'échec de toutes négociations aux Palestiniens eux-mêmes. Une solution qui passe également par «la reconnaissance d'un Etat juif et d'une vraie sécurité», dira Netanyahou, s'adressant plus particulièrement aux Américains. C'est dire que même avec la pression d'Obama, les choses ne devront pas évoluer dans le bon sens pour les Palestiniens et l'édification d'un Etat qui leur est propre ne sera qu'une carte à jouer dans la main des Israéliens.

Mahmoud Abbas qui a joué sa carrière justement sur cette reconnaissance n'a eu d'autres choix que d'exhiber son dernier atout : la fin de la coopération sécuritaire. L'OLP s'est fixé un délai pour tracer les contours de cette coopération sécuritaire avec Israël qui court depuis les accords d'Oslo conclus en 1993. Une menace accueillie avec circonspection par la communauté internationale puisqu'elle a été brandie plusieurs fois. Mais cette fois, «c'est pour de bon», a cru bon s'expliquer un des membres de l'OLP, Saëb Erakat, qui précise que la décision n'a rien à voir avec la réélection de Netanyahou mais qu'elle entre dans la continuité des initiatives prises en vue de créer un Etat palestinien. Netanyahou, fort de l'appui du lobby juif et sioniste américain, n'a pourtant pas à craindre un revirement de Washington, les Démocrates ne voulant certainement pas hypothéquer leurs chances en 2017.