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TLEMCEN: «Le patient en AVC, c'est l'urgence de l'urgence»

par Khaled Boumediene



Lorsque les cellules nerveuses sont privées d'oxygène, ne serait-ce que pendant quelques minutes, elles meurent et ne se régénéreront pas. Aussi, plus les délais entre l'accident vasculaire cérébral (AVC) et la prise en charge médicale sont courts, plus le risque de séquelle grave s'amenuise. Mercredi soir, une équipe pluridisciplinaire, composée de 20 médecins spécialistes en neurologie, cardiologie et de psychologues, s'est attelée sur l'important thème de la thrombolyse pour la prise en charge de l'AVC. ?'L'accident vasculaire cérébral est causé par une diminution voire un arrêt brutal du débit sanguin dans les branches du réseau vasculaire en liaison avec le vaisseau, en général une artère, subissant une rupture de sa paroi, c'est le cas d'une hémorragie cérébrale, ou un blocage partiel ou total par un caillot, c'est le cas d'un infarctus cérébral. Pour la prise en charge de l'accident vasculaire cérébral, le temps qui passe est un redoutable ennemi. Pour nous en tant que professionnels, on a une fenêtre thérapeutique de quatre heures trente à partir de l'apparition des premiers symptômes», explique le Pr Djaouad Bouchenak Khelladi, chef du service de neurologie de l'hôpital Damerdji Tidjani de Tlemcen, Henri Duffaut d'Avignon. Et d'ajouter : ?'Il existe deux types d'AVC : l'infarctus cérébral par obstruction d'un vaisseau sanguin (80 % de l'ensemble des AVC), et l'hémorragie cérébrale provoquant un saignement dans le cerveau (représentant 20 % des cas). Les AVC sont donc classés en accidents ischémiques et en accidents hémorragiques. Si on arrive à détruire rapidement le caillot, le patient ne va pas garder les séquelles neurologiques. De même, la durée de séjour à l'hôpital sera écourtée. L'équipe médicale essaie de détailler le dispositif de prise en charge des personnes victimes d'AVC, depuis l'appel du service d'aide médicale urgente ou SAMU, jusqu'à l'admission du patient à notre service de neurologie, en passant par les urgences médicales du CHU. Nous enregistrons 100 à 150 AVC par mois. Certains malades nous parviennent même des wilayas de Nâama, El Bayadh et Aïn Témouchent. Notre service de neurologie dispose de 18 lits pour les patients qui peuvent bénéficier d'une injection visant à désobstruer l'artère cérébrale. Une petite unité neuro-vasculaire de 2 lits existe, pour l'instant, au niveau des urgences médicales du CHU pour la thrombolyse. Le patient est prioritaire et passe avant tout le monde. On disposera de 12 autres lits dans le futur hôpital de Chetouane. Il faut souligner que cette maladie pose vraiment un problème de gestion, car la prise en charge est hyper urgente. Nous exhortons toutes les familles et l'entourage des malades de contacter le plus rapidement possible le SAMU, dès que les signes d'alerte sont identifiés par le patient''. Cette équipe médicale envisage de lancer une vaste campagne de sensibilisation de la population pour la détection rapide des signes avant-coureurs de cette pathologie qui peut s'avérer mortelle ou très invalidante si les patients ne sont pas pris en charge à temps. Selon Pr Bouchenak, les signes sont notamment une déviation de la bouche, un trouble de la parole, ou une perte de la force et de la sensibilité d'un côté du corps.