La signature hier à Alger sous la médiation internationale,
pilotée par Ramtane Lamamra, notre ministre des Affaires étrangères, d'un
accord «de paix et de réconciliation» par le gouvernement malien et les
organisations rebelles de l'Azawad participantes au dialogue intermalien
inclusif d'Alger a été présentée comme constituant une avancée décisive vers la
solution finale de la crise malienne. Pour l'Algérie, cet accord constitue un
indéniable succès diplomatique car si la médiation qui œuvre à sa
concrétisation est internationale dans sa composante, ce sont les efforts et la
persévérance qu'ont déployés Lamamra et l'équipe de diplomates algériens
l'assistant qui ont permis de rapprocher les positions des parties maliennes et
de contourner les obstacles qui se sont dressés sur la voie de sa conclusion.
Il reste que la viabilité de l'accord de « paix et de réconciliation » conclu
hier à Alger est quelque peu sujette à caution du moment que le MNLA, l'un des
principaux groupes rebelles de l'Azawad, n'y a pas apposé sa signature au
prétexte de prendre du temps pour consulter sur son contenu et stipulation la
population de la région. Il n'a certes pas formellement récusé l'accord rédigé
sous l'égide de la médiation internationale mais il est clair qu'il n'apparaît
pas avoir été satisfait par son contenu. Il a semblé pourtant avoir acquiescé
aux bases fixées par la médiation internationale sur lesquelles se concluraient
un accord intermalien : celles du respect de l'intégrité territoriale du Mali,
de sa prise en compte de sa diversité ethnique et culturelle et de la nécessité
de l'octroi d'une réelle autonomie en matière de gestion de ses affaires à la
population nord-malienne. Son acquiescement paraissait acquis du moment qu'il a
participé à toutes les phases du dialogue d'Alger et donnait l'impression de
n'être pas mécontent de ses évolutions. Ce n'est pourtant pas un hasard que
c'est du MNLA qu'est venue la note discordante qui s'est élevée à la signature
de l'accord intermalien. Ce mouvement rebelle est coutumier de telles
«surprises» qui ont fini par le rendre suspect et faire considérer comme peu
fiables les engagements auxquels il souscrit ou promet de le faire. Cela tient
au fait qu'il est dirigé par un encadrement au sein duquel s'affrontent des
ambitions personnelles ou familiales et des rivalités de leadership dans des
rapports de force fluctuants dont les oscillations donnent lieu à
d'imprévisibles revirements de position et de revendications de sa part. Il est
aussi à cause de cela très changeant dans ses alliances et perméable à
l'instrumentalisation par des parties étrangères qui s'ingèrent dans la crise
malienne pour contrarier une médiation à laquelle elles n'ont pas été conviées.
Il semble pourtant, cette fois-ci, que le MNLA joue gros s'il s'exclut de
l'accord d'Alger. La communauté internationale qui cautionne cet accord ne
consentira pas à le laisser agir contre sa mise en œuvre. Le MNLA représente
certes un courant politique au sein de la population de l'Azawad, il n'en est
pas pour autant le principal et n'est pas le représentant exclusif de la
population de la région. Des pressions dissuasives le contraindront à
s'intégrer sans restriction au processus de paix tracé par l'accord d'Alger.