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L'HORREUR GENERALISEE

par M. Abdou BENABBOU

S'il fallait une preuve pour nous convaincre que nous avons atteint enco re une fois le summum de la déraison, nous l'avons eue de Syrie. Un homme a été brûlé vif. Peu nous importe les profils des mains inquisitoires que l'Histoire humaine a déjà observés à travers les siècles derniers et cet atroce retour au passé nous replonge dans une effroyable débilité pour nous rapprocher de l'espèce animale, sinon pour nous positionner à un stade encore plus inférieur puisque la férocité de l'animal ne se manifeste que quand il a faim.

A cette horreur a répondu une autre horreur quand une femme par vengeance et par ricochet sans aucun préalable est pendue. Aux Jordaniens, la hauteur et le discernement ont manqué et par l'exécution empressée d'une sentence, la nature de ce que doit être un Etat est entachée.

Une troisième guerre mondiale bientôt ? Nous sommes en plein dedans. Sauf que les artifices ont changé. Les uniformes et les stratégies aussi. Mais l'odeur de la putréfaction est là déroutant les comportements rationnels, car chaque être s'est fait forger sa propre rationalité et la défend y compris par l'effroi. Quand il ne peut pas effacer l'Autre, il s'efface lui-même par les explosifs ou par l'immolation. Ou alors ce sont les pandémies jamais vues qui étendent leurs filets. Au déisme développé par les gestes les plus fous répondent les suspicions les plus hétéroclites et les plus variées.

Il n'est pas dit que ceux qui baignent dans une apparente sérénité ne se consument pas eux aussi à petit feu car les brasiers qui se multiplient loin de chez eux embrasent toute la dignité humaine, l'égoïsme étant époustouflant et la croyance que la Terre est une chasse gardée étant définitivement ancrée.

L'ordre du monde est totalement bousculé et désarticulé et des jours plus sombres sont encore au devant. Ce n'est pas faire preuve de pessimisme démesuré que de s'attendre à un cataclysme sans nom. Quand un homme est brûlé vif et qu'une femme est pendue à la va-vite et quels que soient les prétextes de leurs sacrifices, il est évident que nous ne sommes pas aux portes du Paradis.