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15ème jour de l'agression israélienne : Plus de 600 morts, le carnage continue à Ghaza

par Yazid Alilat

Mardi, le bilan de l'agression israélienne contre la population de Ghaza s'est encore alourdi, portant à plus de 609 morts et 3.700 blessés les tristes chiffres au 15ème jour d'un carnage sans pareil commis par Israël dans la plus grande impunité internationale. Au moins neuf femmes dont une enceinte et des enfants font partie de la vingtaine de morts enregistrés, hier, à la suite des bombardements aveugles de l'aviation et l'artillerie israéliennes. Mais Ghaza résiste. Les combats, occultés d'ailleurs par les médias occidentaux, mais rapportés par les chaînes TV israéliennes, font rage entre les mouvements de la résistance palestinienne et l'armée d'occupation israélienne. Deux soldats israéliens ont été tués et sept autres blessés dont trois dans un état grave par la résistance palestinienne, a annoncé l'armée sioniste mardi, portant à 27 le nombre de soldats tués depuis le début de l'agression contre l'enclave. «Hier, lundi, deux soldats des Forces de défense d'Israël ont été tués durant des batailles de l'opération Bordure protectrice», indique un communiqué de l'armée repris par les chaînes TV israéliennes. Selon la chaîne 7 de la télévision israélienne, les militaires ont donné leur autorisation pour confirmer la mort de deux soldats et de sept autres blessés. La censure militaire israélienne impose en effet de grandes restrictions aux journalistes israéliens et étrangers, leur interdisant de donner le nombre de soldats morts ou blessés lors de combats avec les brigades Ezzeedine El Kessam, la branche armée du Hamas, ou le Djihad Islamique. La résistance palestinienne affirme de son côté que les forces d'occupation israéliennes cachent le nombre réel des soldats tués ou blessés. Les brigades Al-Qassam ont confirmé avoir tué lundi 23 soldats et officiers, blessé des dizaines d'autres et détruit 8 véhicules blindés dans lesquels se sont abritées des forces spéciales. Par ailleurs, parmi les blessés israéliens figure le commandant d'une unité d'élite, grièvement atteint lors d'affrontements aux abords de Gaza lundi matin, selon le centre palestinien de l'information, qui ajoute que le journal israélien Yediot Aharnot a indiqué que ledit blessé avait été transporté avec 30 autres soldats aux hôpitaux de Beersheva, Ashkelon et Tel-Aviv. Cette révélation survient suite à la mort du colonel Dolev Kidar près du kibboutz d'Erez au nord de Gaza. Il a été tué par les tirs de combattants d'Al-Qassam qui s'étaient infiltrés dans ce kibboutz via un tunnel. Par ailleurs, une radio israélienne a indiqué que 114 soldats sont traités dans les hôpitaux israéliens. La dixième chaîne de télévision israélienne a pour sa part fait état de 110 roquettes palestiniennes tirées lundi. En outre les autorités sionistes ont reconnu mardi la disparition d'un soldat lors de l'attaque dimanche d'un char qui a fait six soldats tués. Ce soldat serait entre les mains des brigades Ezzedine Al-Qassam qui maintiennent la pression avec des attaques éclair en territoire ?'ennemi'' en empruntant les tunnels creusés sous les villes israéliennes.

AMBULANCES, MOSQUEES EGALEMENT VISEES

Après le bombardement lundi d'un hôpital à Ghaza, l'armée israélienne a tiré mardi sur des ambulances à Khan Younès, rendant encore plus compliquées les évacuations des blessés palestiniens et les secours aux nombreux habitants piégés dans leurs maisons. En fait, les bombardements et le pilonnage des maisons et immeubles palestiniens sont devenus systématiques, comme une sorte de préparation à une seconde invasion de la ville de Ghaza, selon des experts qui ne sont pas loin de penser que cette opération «bordure protectrice» n'est qu'un alibi pour une réoccupation de cette enclave martyrisée. Ainsi les bombardiers de l'armée israélienne ont tiré hier mardi matin sur trois mosquées dans plusieurs régions de la Bande de Gaza, les détruisant complètement. Il n'y a pas eu toutefois de blessés. «Des avions de combat israéliens ont bombardé la mosquée des martyrs d'al-Aqsa au centre de la ville de Gaza, provoquant la destruction complète de la mosquée et d'importants dégâts dans des dizaines de maisons avoisinantes», indique le centre palestinien de l'information. Ailleurs, un raid israélien a bombardé la mosquée «al-Farouk» dans la ville de Rafah, au sud de Gaza. Aucun bilan de victimes n'a été fourni.

A Deir el-Balah également, les avions israéliens ont bombardé la mosquée «al-Abrar» à l'aide de deux missiles. Depuis le début de l'agression sioniste sur Gaza, 40 mosquées ont été détruites dont 25 partiellement, selon un bilan du ministère palestinien des Travaux publics et de l'Habitat.

FRONT DIPLOMATIQUE: LE REVEIL?

Sur le front diplomatique, les efforts convergent avec plus d'insistance pour un cessez-le-feu immédiat, alors qu'il s'agit, selon des observateurs, d'imposer à Israël la cessation de son agression contre la population palestinienne de Ghaza, qui a fait hier mardi plus de 583 morts. C'est en quelque sorte le message transmis par l'Algérie au SG de l'ONU Ban Ki-moon, présent avec John Kerry dans la région pour obtenir l'arrêt des hostilités israéliennes. Car jusqu'à présent, les déclarations diplomatiques de bonnes intentions n'ont fait que renforcer Israël dans son impunité en organisant un massacre systématique de la population de Ghaza, la destruction des infrastructures de cette enclave et préparer en réalité une seconde occupation de ce bout de terre enclavée entre les kibboutz et les territoires palestiniens occupés. Dans la nuit de lundi à mardi, le SG de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, a appelé le mouvement Hamas d'accepter la proposition égyptienne de cessez-le-feu. «La proposition égyptienne appelle de façon claire à un cessez-le-feu. Nous espérons que le Hamas l'acceptera», a déclaré M. Arabi au Caire après une rencontre avec Ban Ki-moon. Hamas cependant conditionne son accord à une levée du blocus israélien imposé depuis 2006 contre la bande de Gaza, l'ouverture de la frontière avec l'Egypte et la libération de dizaines de détenus. «Tout doit se faire de façon simultanée: la fin de l'agression (israélienne) et la fin du siège» de Gaza, avait indiqué un haut responsable du Hamas. Ismail Haniyeh, dirigeant du Hamas a rappelé les conditions de la trêve: arrêter en premier lieu l'agression et éviter de répéter une telle opération, lever intégralement le blocus et ensuite libérer des détenus arrêtés récemment en Cisjordanie». «Nous ne pouvons plus revenir en arrière, à la mort lente», a-t-il dit. Pour lui, «la guerre terrestre est une reconnaissance claire de l'échec de la guerre aérienne et des bombardements» à l'artillerie. «La résistance palestinienne héroïque fait face à l'ennemi israélien vaincu à nos frontières malgré ses avions, ses chars et ses soldats». A Doha, le président palestinien Mahmoud Abbas avait rencontré le chef en exil de Hamas, Khaled Mechaal, pour discuter d'un cessez-le-feu. Ils ont convenu d'œuvrer ensemble en faveur d'un cessez-le-feu et appelé à la fin de l'agression israélienne et la fin du blocus depuis 2006.

100.000 PALESTINIENS DEPLACES

De son côté, l'Agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) a indiqué que plus de 100.000 Palestiniens ont été déplacés depuis le début de cette agression israélienne contre la bande de Gaza le 8 juillet. «Le nombre de personnes cherchant refuge auprès de l'Agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) a passé la barre des 100.000 personnes», a indiqué l'ONU dans un communiqué.» C'est un tournant pour l'UNRWA, puisque le nombre de personnes cherchant refuge auprès de notre organisation est deux fois supérieur à celui du dernier conflit en 2009», a ajouté le porte-parole de l'UNRWA Christopher Gunness, annonçant l'ouverture de 69 abris supplémentaires dans l'enclave palestinienne.