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LE FFS et le PT enterrent l'option exécutif d'union nationale

par Kharroubi Habib

L'option de la formation d'un gouvernement d'union nationale a été tentée par Bouteflika comme l'attestent les offres à rejoindre l'exécutif faites par lui au Front des forces socialistes (FFS) et au Parti des travailleurs et très certainement aussi à des formations de moindre envergure que les deux précités. Elle a à l'évidence capoté après que les deux partis les ont déclinées.

L'on ne pourrait en effet qualifier de gouvernement d'union nationale un exécutif composé de représentants des partis de l'alliance présidentielle et de ceux de quelques autres dont la représentativité politique et le poids populaire sont pratiquement inexistants. Dans son discours d'investiture, Bouteflika a promis qu'il travaillerait à forger un consensus national.  Dans cet esprit, il a envisagé certainement que l'ouverture du gouvernement à des partis et personnalités politiques se situant en dehors de l'alliance présidentielle constituerait une étape vers la concrétisation de ce consensus national. Le choix par lui de faire ses offres au FFS et au PT s'est certainement justifié par le fait que les deux formations tout en étant dans l'opposition ne sont pas dans une stratégie de rupture irrévocable avec le pouvoir avec lequel ils sont disposés à dialoguer pour la recherche d'une solution à la crise nationale.

 Les raisons invoquées par l'un et l'autre pour avoir décliné les propositions présidentielles ne sont pas identiques. Le FFS l'a fait au motif que « la priorité du parti est la reconstruction d'un consensus national » par le biais de l'organisation d'une « conférence nationale de consensus ». Un tel objectif que s'est fixé le parti d'Aït Ahmed lui est à l'évidence paru devenir irréalisable au cas de son intégration au sein de l'alliance présidentielle qui le démonétiserait aux yeux des formations et autres représentations de la société ancrées dans le camp anti-pouvoir et anti-Bouteflika. Nul doute également que le FFS a reculé devant l'offre de participation au regard de la brutale répression dont a fait l'objet la marche pacifique commémorant le printemps berbère en Kabylie, son bastion électoral.

L'argumentaire avancé par le PT a été autre. Louiza Hanoune, sa présidente et ex-candidate à l'élection présidentielle qui vient de se dérouler, a justifié son refus en faisant valoir que le PT n'assumera de fonctions gouvernementales que le jour où le parti « à l'issue des élections libres, démocratiques et transparentes arrachera la majorité ou la première place comme force politique ».

Ces deux partis ayant décliné l'entrée au gouvernement, il est patent que l'exécutif qui va entourer Abdelmalek Sellal sera aux colorations de l'alliance présidentielle nouée entre le FLN, le RND, le MPA et le TAJ avec l'adjonction de quelques partis « Pim-Pam-Poum » dont la présence ne lui octroiera aucune prétention à se déclarer d'union nationale.

Le consensus national que Bouteflika et même ses opposants disent en viser la concrétisation (par des processus qui sont pour l'heure aux antipodes) reste d'actualité. La question est comment les camps antagonistes parviendront à jeter des passerelles entre eux et à consentir à des concessions qui leur permettraient de nouer le dialogue. A moins de s'en tenir dans l'ostracisme de l'autre suicidaire du fait de la gravité de la situation que traverse le pays, le pouvoir et l'opposition qui se prétendent tous patriotes et conscients des menaces qui planent sur l'Algérie vont devoir en rabattre des deux côtés. L'un de sa suffisance et l'autre de son impuissante radicalité.