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BROUILLAGES ET EXCES

par M.Saadoune

Tout le monde le dit et le constate, la gestion froide et sans excès des tensions avec le Maroc par Ramtane Lamamra est suffisante et bonne. Elle se passe volontiers des discours bellicistes et des mobilisations de «kasma». Que ce soit pour l'affaire de l'envahissement du consulat algérien à Casablanca ou les récentes accusations sur la question de réfugiés syriens, une information claire suffit pour placer Rabat dans une mauvaise posture.

La sortie de Farouk Ksentini, président d'une commission officielle de promotion et de protection des droits de l'homme, appelant à la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc est de ce fait aussi déplacée qu'incongrue. La politique étrangère de l'Algérie fait-elle partie, elle aussi, des prérogatives d'un président d'un organisme des droits de l'homme ? La situation est d'autant plus paradoxale que l'on s'attend de quelqu'un qui s'occupe des droits de l'homme, même dans une structure officielle, à faire preuve de pondération. M. Farouk Ksentini n'étant pas un chef de parti politique, on ne sait pas au nom de quoi - et de qui - il préconise une rupture des relations diplomatiques avec le Maroc?

Cette sortie bruyante vient brouiller une gestion correcte et intelligente du dossier par le ministre des Affaires étrangères. L'Algérie pouvait s'en passer et laisser au Maroc le mauvais rôle de l'excès et de la mauvaise foi. La proximité de Ksentini avec le pouvoir rend ses propos utilisables dans ce qu'il faut bien appeler une bataille de relations publiques. Elle trouble la démarche sereine de Ramtane Lamamra qui semble faire perdre aux dirigeants marocains leur sang-froid et les met en permanence à la recherche de la «petite bête». Or, c'est un bon choix de réponse et il est suffisant. Non seulement on évite d'entrer dans le jeu dans lequel Rabat cherche à entraîner l'Algérie, mais aussi - et c'est important - on préserve l'avenir. Le Maroc restera notre voisin, comme l'Algérie restera le voisin du Maroc. Cette évidence géographique et historique devra bien finir par trouver un jour une traduction politique positive.

A DEFAUT D'UNE CAPACITE A TROUVER LA BONNE FORMULE POUR RESOUDRE LES VIEUX DIFFERENDS ET ENTRER RAPIDEMENT DANS L'AVENIR, ON PEUT AU MOINS EVITER D'?UVRER A ENVENIMER LES CHOSES. ON PEUT EVITER LES DISCOURS INUTILEMENT BELLIQUEUX. LE PRESIDENT DE LA COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME FERAIT BIEN DE S'OCCUPER DES DROITS DE L'HOMME ET DE LAISSER LE DOSSIER DES RELATIONS ALGERO-MAROCAINES A CELUI QUI EN A OFFICIELLEMENT LA CHARGE. A L'EVIDENCE, M. LAMAMRA S'ACQUITTE BIEN DE SA TACHE. IL FAUT RAPPELER QU'UNE RUPTURE DES RELATIONS DIPLOMATIQUES EST UNE DECISION D'UNE EXTREME GRAVITE QUI INTERVIENT EN GENERAL AVANT OU AU MOMENT D'UNE GUERRE. L'ALGERIE N'A PAS BESOIN D'ENVOYER CE TYPE DE MESSAGES. IL Y A EU SOUVENT DES TENSIONS ENTRE L'ALGERIE ET LE MAROC AVEC INSTAURATION DE VISAS, FERMETURE DE FRONTIERES, MAIS ON N'EST JAMAIS ALLE JUSQU'A LA RUPTURE DES RELATIONS DIPLOMATIQUES. FORT HEUREUSEMENT D'AILLEURS. CELA SIGNIFIE QUE LA GUERRE N'A PAS ETE ENVISAGEE DANS LE PASSE. ET IL N'Y A AUCUNE RAISON QU'ELLE LE SOIT A L'AVENIR. ET IL NE SERT A RIEN DE FAIRE DE LA «POLITIQUE» SUR CETTE QUESTION.