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Algérie ? Union européenne : Développer le Sahel pour le sécuriser

par G. O.

Bien que les économies de plusieurs de ses pays membres accusent d'importants déficits, l'Union européenne promet de «mettre les moyens» pour financer des projets de développement pour la région du Sahel.

« Nous avons eu une grande séance de travail avec le ministre des Affaires maghrébines et africaines, une autre avec les responsables du ministère de la Défense, ceux du Centre pour les études et la recherche sur le terrorisme (caert), nous avons eu des échanges avec les ambassadeurs accrédités à Alger et avec les chefs des délégations européennes», a fait savoir jeudi après-midi aux journalistes, Michel Reyverand de Menthon, le représentant spécial de l'UE pour la région du Sahel, au cours d'une conférence de presse qu'il a animée au siège de la Délégation européenne. Il était aux côtés de Gilles de Kerchove, le coordonnateur de l'UE pour la lutte antiterroriste ainsi que l'ambassadeur de la Délégation européenne à Alger. Les discussions et échanges ont concerné, selon de Menthon, la situation régionale (Sahel et Maghreb, ndlr) et, a-t-il précisé, «il y a eu une grande convergence entre les points de vues». Il estime qu' «il y a nécessité d'une réconciliation la plus large possible entre l'ensemble des acteurs au Mali». Réconciliation dont le succès, pense-t-il, ne peut être assuré «que si on travaille en parallèle pour le développement et la stabilité de la région pour laquelle nous savons que la menace est là». Ainsi, souligne-t-il, «soutenir à cet effet le dialogue au Mali est une nécessité et une urgence». Il faut «un accord sur les orientations, des projets et des démarches concrets». Il est persuadé que «c'est une crise régionale dont les difficultés s'étendent sur de larges territoires difficiles à en déterminer les frontières». D'où l'impérative implication de l'Algérie dans la recherche des solutions et la mise en œuvre de ce que de Menthon vient d'annoncer. Parce que, explique-t-il, «l'Algérie, c'est une des grandes forces de la région ; c'est pour nous un partenaire stratégique pour la résolution de cette crise sahélienne ; nous souhaitons aller loin dans nos discussions avec les autorités algériennes». Le représentant de l'UE pour la région du Sahel enchaîne en soulignant que «l'Algérie est au centre d'une région troublée peut-être durablement. Il faudra consolider une démarche ensemble». Il soutient qu'«il n'y a pas de sécurité sans développement et pas de développement sans sécurité». Il estime qu'il faut être «très attentif pour consolider une approche de prévention du moment que les défis sont identifiés(?)». Il recommande qu'il faut lutter «contre toutes les exclusions et faire en sorte de comprendre ceux qui se sont tournés vers des comportements désespérés».

PLANS «SECURITAIRES» POUR UNE REGION TROUBLEE «PEUT-ETRE DURABLEMENT»

De Menthon pense que «la crise libyenne est venue élargir notre vision sur la crise sahélienne ; elle a élargi aussi notre diplomatie notamment avec les Etats-Unis et le Canada pour œuvrer ensemble pour la stabilisation du Nord Mali». Il fait savoir que «l'UE a une stratégie Maghreb qui est un acte de référence en faveur de la sécurité dans la région».

Le coordonnateur de l'UE pour la lutte antiterroriste, Gilles de Kerchove, lui, affirme avoir rencontré les nouveaux responsables algériens de la direction de la sécurité extérieure(DDSE) et «avons discuté ensemble pour identifier des projets communs». Il qualifie, lui aussi, l'Algérie «d'acteur très important dans la région du Sahel et du Maghreb». Cet acteur dans la lutte antiterroriste a qualifié de «moudjahidine», un terme noble, faut-il le dire, ceux qui sont revenus d'Afghanistan et qui ont endeuillé l'Algérie durant les années 90. Ces rappels, Gilles de Kerchove les veut pour souligner que «le terrorisme est un danger pour les pays de l'UE et pour les pays de la région». Il reconnaît que «ça a servi à l'Algérie de développer une expertise, une police scientifique, l'action policière et l'action judiciaire».

Les deux responsables rappellent qu'il y a trois ans, l'UE a initié une stratégie du Sahel. «Elle peut mobiliser des moyens importants pour développer le Nord Mali, c'est un processus qui est en cours dans la région», affirme de Kerchove. Il avoue néanmoins que «certains projets ont marché, d'autres moins». Il semble que les effets désastreux de la crise économique et financière sur les économies de plusieurs de ses pays membres n'ont en rien affecté la volonté de l'UE de financer le développement au profit du Nord Mali. Il est clair que les Européens craignent de voir se déverser des flux migratoires importants sur leurs territoires. Ils comptent bien «mettre le paquet» pour s'assurer une place d'acteur principal dans la région. Pour cela, ils mettent le rétablissement de la sécurité en pole position. La France leur a bien ouvert le passage pour préserver des intérêts dans une région qu'elle convoite depuis la nuit des temps.

Gilles de Kerchove fait part de l'existence d'un 2ème processus, «celui connu de Nouakchott pour le renseignement». L'Algérie, note-t-il par ailleurs, est très active dans le forum global de lutte contre le terrorisme (FGLT) qu'elle copréside avec le Canada.