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Colère à Baraki, Cherarba, Réghaïa : Alger sous haute tension

par Yazid Alilat

C'est une bien triste fin d'année 2013 pour la capitale qui a connu des mouvements de protestation dans plusieurs quartiers, mobilisant parfois d'importants déploiements des forces de l'ordre.

Hier dans certains quartiers de Baraki, à l'est de la capitale, un calme précaire régnait après de violentes manifestations des habitants des bidonvilles qui revendiquent le relogement. Deux quartiers ont pratiquement fait leur «intifadha» à Baraki, Haouch Bega et Diar El Baraka, deux ensembles insalubres et lugubres où s'entassent des centaines de familles dans des conditions de vie misérables. Les habitants sont sortis dans la rue et des escarmouches avec les forces de police ont été enregistrées, mais sans grande gravité, si ce n'est le cas d'un enfant qui aurait été blessé par des balles en caoutchouc. Une information d'ailleurs non confirmée.

La route principale qui dessert Baraki a été barricadée à l'aide de pneus enflammés et de gros blocs de pierres. Sortis dans la rue après l'inondation de leurs précaires demeures, les habitants de ces deux quartiers maintiennent la pression sur les autorités communales et déclarent ne pas interrompre leur mouvement de protestation jusqu'à ce qu'ils aient gain de cause. Réponse immédiate du wali d'Alger, Abdelkader Zoukh: ?«Aucune liste de bénéficiaires de logements n'est encore prête. Les commissions d'étude des dossiers travaillent toujours». Il ajoute qu'il n'y a aucun logement à distribuer pour le moment. Il faut laisser les commissions d'étude travailler. J'appelle les gens à s'exprimer dans le calme». Les locaux commerciaux à demi-ouverts attestent de la tension qui règne encore dans ce quartier, l'un des plus misérables de la capitale avec ses bidonvilles, ses immeubles vétustes et ses rues défoncées. Non loin de là, les habitants de Cherarba sont eux également sortis manifester contre une inondation qui a provoqué de gros dégâts à leurs demeures. Ces inondations qui ont provoqué de violentes manifestations des habitants des quartiers des Eucalyptus ont été provoquées par la crue de l'oued Bakalem qui a mis à nu la légèreté dans les travaux de réalisation des canalisations d'assainissement dans la wilaya d'Alger. La crue de cet oued, ?'a été aggravée par le mauvais drainage des collecteurs des eaux pluviales, du fait de leur sous-dimensionnement'', reconnaît le DRE de la wilaya d'Alger, M. Amirouche.

«Le réseau est sous-dimensionné, c'est un point noir que nous allons régler», ajoute-t-il. Entretemps, les habitants de Cherarba notamment pataugent dans les eaux de l'oued. A Réghaïa, c'est un autre type de «protesta» qui a bloqué durant quatre jours de suite la circulation des trains de la banlieue «est» d'Alger et vers le Constantinois. Les habitants de Hai Kerrouche, un gros bourg de Corso, ont tout simplement campé sur la voie ferrée au niveau de leur localité pour protester contre un projet de la wilaya d'Alger de réaliser un centre d'enfouissement technique, autrement dit une décharge publique, près de leur localité. Cette mobilisation ?'écolo'' a de fait bloqué tous trafic ferroviaire entre la capitale et l'est du pays. Ce n'est que jeudi en fin d'après-midi que la voie a été dégagée et que le trafic a repris son cours normal.