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A propos de pollution du diesel

par Belkaid Tajeddine

Avant de traiter des moteurs diesel et de leur contribution à la pollution atmosphérique, il est important d'émettre quelques bémols sur la plupart des affirmations que nous proposent certains experts de centres et instituts de recherche. Non pas que leurs travaux ne méritent pas d'être reconnus, mais ils demandent à être commentés et débattus.

Pour exemple, pendant la décennie noire en Algérie, nombre de chercheurs, notamment du CNRS français ont écrit et réécrit que l'issue fatale serait l'apocalypse totale. Mais depuis la stabilisation de la situation, ce fonds de commerce ayant disparu, les «experts chercheurs» ont aussi disparu des médias. A l'instar actuellement des experts du monde arabe ou de l'islam ou encore de l'Afrique, notamment depuis ce qui a été qualifié de printemps arabe, que nous voyons et entendons spéculant sur les projections et l'avenir de telle ou telle situation et qui se contredisent quand les événements changent.

Ce qui est grave, c'est chez nous en Algérie, c'est que l'on s'approprie tout ce qui se rapporte ailleurs même si cela ne répond pas à nos attentes et encore moins à nos intérêts.

S'agissant de la motorisation diesel si diabolisée chez nous en se référant à des communications d'ailleurs, on peut lire partout notamment que les fumées issues de la combustion du gasoil sont très nocives de par leur teneur en particules de carbone. Et tous les rapports qu'ils émanent de l'OMS ou d'autres centres de recherches tirent la sonnette d'alarme sur le danger de ces particules pour la santé des citoyens.

Il est évident, avéré et prouvé par les spécialistes du milieu médical que les émissions de carbone sont nocives pour la santé, mais ce n'est pas l'unique polluant ni le plus néfaste. On parle peu de ce que nous appelons les «NOX» (les oxydes d'azote) beaucoup moins mentionnés par les experts médicaux et pourtant très nocifs. Nous laisserons le soin aux spécialistes du domaine d'en débattre !! C'est pour cela qu'il avait été suggéré plus haut de mettre quelques bémols à ce qui est rapporté par les spécialistes de tous bords, afin, au moins de les comparer et les évaluer par rapport à ce qui peut être dit par d'autres spécialistes dans d'autres domaines ayant un lien avec le sujet traité.

Les spécialistes de motorisations sont plus réservés que les environnementalistes et les médecins quant aux émissions de carbone parce qu'ils y ont travaillé plus précisément. Ils rapportent entre autres que les moteurs diésels actuels ne ressemblent en rien aux moteurs des années 70 et encore moins à ceux de l'origine. Des recherches et développements permanents ont nettement amélioré leurs performances tant énergétiques qu'en matière d'émission de gaz d'échappement.

Pour mieux illustrer cette évolution il est impératif de faire l'historique des moteurs à combustion interne et pour cela nous sommes obligés de faire appel aux techniques et technologies que nous essaierons de vulgariser au maximum. Il n'est nullement question de contester les effets néfastes évidents des particules de carbone tant décriées par les spécialistes médicaux, mais il nous a paru judicieux de proposer l'avis de thermicien afin tout au moins de localiser leur origine.

Dès le début de l'avènement du moteur à explosion les ingénieurs ont travaillé à l'amélioration des rendements d'abord dans un souci d'économie et d'autonomie, puisqu'il n'était pas question à l'époque de soucis pour l'environnement. Pour ce faire, il fallait augmenter le taux de compression (c'est la compression du mélange de l'air et du combustible dans le cylindre d'un moteur avant que l'étincelle de la bougie ne provoque l'explosion). Plus ce taux était élevé plus le rendement s'améliorait. Cependant, cette compression avait des limites notamment du fait des caractéristiques propres au combustible. Lorsque l'on comprime un gaz quelconque on augmente sa température dans les mêmes proportions (c'est la fameuse loi de Mariotte). Pour les hydrocarbures légers tel que l'essence, cette température atteint rapidement le seuil d'auto-inflammabilité (ce que l'on appelait communément «auto-allumage»). Ce phénomène limite la montée de ce taux de compression et donc des rendements recherchés.

C'est alors qu'un ingénieur franco-allemand, monsieur Rudolf Diesel eu l'idée de substituer le gasoil à l'essence. Ce produit plus lourd (plus riche en carbone) pouvait accepter un taux de compression plus élevé avec un rapport de vingt à vingt cinq sur un contre huit sur un dans le meilleur des cas pour l'essence, puis dix sur un grâce à l'ajout de produits chimiques tels que le plomb, le MTBE (Métyl Tert-Butyl Ether) par exemple ou tout autre produit susceptible d'améliorer l'indice d'octane. Cette invention de monsieur DIESEL qui a donné son nom au gasoil et aux moteurs de sa technologie c'est traduite par une consommation en carburant très sensiblement réduite pour un travail équivalent. L'amélioration du taux de compression et, partant, du rendement aboutit à la diminution des émissions de fumées d'échappement. L'inconvénient du gasoil c'est que sa propension à accepter des taux de compressions plus élevés que l'essence, présente des effets pervers. Ainsi, il rend plus difficile une combustion proche du théorique (stœchiométrique) que l'essence, du fait de sa teneur plus élevée en Carbonne ; l'autre composant étant l'hydrogène qui en brûlant donne de la vapeur d'eau. En effet, plus le produit utilisé est riche en hydrogène moins la combustion est polluante. C'est pour cela que l'on développe des moteurs au GPL et au gaz naturel, voir à l'hydrogène. Tout en sachant que les solutions proposées pour ces produits ne sont jamais parfaites ; chaque médaille ayant son revers.