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Notre supplément TIC avec la collaboration de «MAGHREB EMERGENT» : Touche pas à mon Skype !

par  Farid Farah

Joseph Ged, patron de l'opérateur 2G/3G ooredoo, a ouvertement déclaré la guerre à Skype, en décidant de bloquer l'accès à ses services de la VoIP (Voice over IP) actuellement utilisés par la plupart des abonnés ADSL de l'opérateur historique Algérie Télécom (AT) pour établir des communications gratuites avec leurs amis. Cette décision qui n'a pas suscité une réaction publique de l'ARPT, est dictée, selon les analystes, par le besoin de l'opérateur qatari d'inciter ses futurs abonnés 3G à opter pour ses offres data au lieu d'utiliser les services gratuits de la téléphonie IP, comme Skype, Viber ou autres. En clair, cet opérateur qui est habitué à vendre de forfait/cartes de recharges prépayées d'unités téléphoniques de voix commutée ou traditionnelle ne veut pas que la VoIP devienne le premier service de voix utilisé sur son réseau 3G. Il existe une crainte de le voir relégué au rang de fournisseur de services vocaux secondaires. A notre avis, dans le contexte régulation, la décision d'ooredoo peut être assimilée à une atteinte, par un opérateur d'infrastructures, au métier de fournisseur de contenu. En effet, Skype n'est pas un opérateur de télécommunications mais une application développée pour permettre aux internautes d'effectuer appels téléphoniques IP de durée illimitée via un forfait «data». Même l'argument selon lequel la VoIP sature la bande passante ne tient pas. Un appel voix Skype prend entre 8 et 20 kbit/s soit l'équivalent de ce que consomme une page Web que l'on charge. Il sera alors judicieux de faire comme les opérateurs américains en optant pour un nouveau «business model» qui se base principalement sur un forfait mixte joignant de la voix commutée illimitée à de la «data» facturée aux volumes consommés. Le régulateur américain a interdit aux opérateurs de bloquer ou ralentir le transport d'application pour ne pas privilégier le transport de contenus qu'ils produisent eux-mêmes. Mieux, plusieurs associations de défense des droits des consommateurs dans le monde pensent que ce type de blocage donne un coup de frein à l'innovation dans le développement de contenu mobile. Pour elles, un client qui paie pour un accès à Internet en toute mobilité doit pouvoir accéder à tout l'Internet sans restriction. C'est le principe de neutralité d'Internet entériné par l'ONU et appliquée par AT. Décryptage : pour un usager, l'utilisation des services Skype est équivalente à une navigation sur le Net. Si ce blocage n'est pas levé, il devrait susciter une réaction du régulateur. Le consommateur est le pouvoir N°1 des télécommunications.