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Au rythme de Achoura

par Kamel M.

Pour la fête de l'Achoura, la tradition veut qu'une partie de la viande du mouton sacrifié lors de l'Aïd El-Adha lui soit conservée, surtout qu'elle survient quarante jours après. Cette viande servira à confectionner le repas copieux de l'Achoura composé d'un plat de pâtes traditionnelles, Chekhchoukha, Trida?

Mais il est surtout question d'une autre tradition qui a traversé des siècles sans encombre et à laquelle les Constantinois sont particulièrement attachés. C'est le panier ou le plateau garni de «Kechkcha», un assortiment de cacahuètes et d'amandes grillées, de cerneaux de noix et autres fruits secs que l'on déguste en soirée.

Les commerçants comptent parmi les plus fervents adeptes de cette fête d'Achoura et ils y mettent déjà toute l'ambiance.

Il n'y a pas à dire, ils y voient un moyen de gain juteux et rapide. C'est ainsi que dans la rue, sur les trottoirs, des montagnes de ces produits sont exposés ; certains commerces font place nette aux « moukassirates » qui ornent leurs devantures, d'autres s'y spécialisent pour la circonstance.

C'est dans cette ambiance que baigne Constantine aujourd'hui qui s'apprête à fêter Achoura. Bien évidemment, cette fête ne fait pas l'exception et les prix affichés dans les marchés sont très élevés. Les pistaches et les noix de cajou sont à 1600 dinars le kilogramme. Les figues sèches et les noisettes sont à 600 dinars, alors que les amandes et les cacahuètes sont à 400 dinars. Une dame venue, hier matin, s'enquérir des prix sur le marché Boumezzou fut surprise par la cherté des fruits secs. Et comme prise d'envie, elle demande « pour 50 dinars de noix ». Le commerçant ne peut s'empêcher d'esquisser un sourire, « 50 dinars, c'est une noix madame », lui dit-il.

D'autres, par contre, tiennent à fêter Achoura, et en mettant les formes. Comme cette jeune maman accompagnée de ces deux enfants qui exige que tous les produits soient avec leur écorce. «La tradition veut que le soir on casse les noix, les amandes et les noisettes à l'aide d'une pierre qu'on garde toujours à la maison», explique-t-elle.

Si les produits d'Achoura sont chers, les fruits et les légumes, par contre, sont restés stables et à des prix raisonnables, du moins pour l'instant. A part les raisins qui sont passés, en l'espace d'une semaine, du simple au double à 150 dinars le kilogramme et 220 dinars pour les noirs.

Une hausse qui s'explique, selon un commerçant, « par la fin de saison des raisins », mais aussi par « les chutes de pluie, heureusement limitées, qui auraient pu faire tripler les prix ».

Quant à la viande de poulet, à 220 dinars le kilo, elle est stable et disponible, mais surtout pas trop demandée en cette occasion festive.