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Les chances à une laïcité modérée en Algérie

par Chaalal Mourad

Les pays arabo-musulmans en général, vivent une période terrible de violence inouïe et d'instabilité politique, causée notamment par une gestion chaotique et stupide d'une classe politique, fabriquée sur mesure par le militaire qui prit les commandes depuis l' indépendance de ces pays et qui se cache derrière celle-ci ; l'aboutissement logique d'une telle gestion antidémocratique et tyrannique n'est que guerres avec les voisins ou bien des conflits internes; ces régimes ne laissent aucune chance à la démocratie au sein de leurs pays, mis dans une seule configuration : nous ou le chaos ?

Ce qui se passe en Syrie, en Irak, au Liban, au Soudan et partout ailleurs dans ces contrées meurtris par la violence pour le Pouvoir, alimentée par des tensions entres courants religieux et/ou ethniques, ou politiques montre que, malgré le fait que la religion soit reconnue constitutionnellement et officiellement comme étant celle de l'Etat et source première de toute la législation dans ces pays, cela n'a pas été suffisant aux yeux des fondamentalistes, donc non garante de la paix sociale et le vivre ensemble de toutes les composantes ethniques ou entités religieuses , citoyens du même pays. Un autre pacte socio-politique doit donc être pensé et envisagé.

Face à la recrudescence de l'intégrisme religieux et la violence politique des deux camps, les musulmans, n'arrivent plus à vivre ensemble et assumer la diversité cultuelle, culturelle ou la pluralité politique, même si l'Islam politique, communément appelé islamisme, semble rejeter «en théorie» cette approche, qu'il condamne médiatiquement dans une «évolution politique» encourageante mais, à surveiller de plus près.

Le double jeu de ses régimes, qui cherchent à travers la lutte antiterroriste et l'ouverture de leurs marchés et espace commercial pour charmer les puissances étrangères et les persuader de les laisser tranquilles et de défendre le statu-quo, seul garant à leurs yeux d'une stabilité dans leurs pays et qu'ils peuvent à tout moment mettre en danger.

Devant cette menace singulière due à l'appropriation exclusive de l'espace politique par des régimes archaïques et anachronique ainsi que , d'une lecture purement dogmatique de la religion , qui ne vise au bout du compte que le Pouvoir; L'Etat à gouvernance classique, qu'il soit religieux de façade , pseudo laïque ou laïque non déclaré, n'arrive plus à faire face aux enjeux de la sécurité, de la préservation de la vie de leurs citoyens et du développement réel de leurs pays.

La recrudescence du fondamentalisme religieux et du phénomène de la religiosité dans nos sociétés au détriment de l'esprit de la religion, cette forme d'exhibitionnisme religieux a pu malheureusement conquérir l'espace public et asphyxie la société, allant à causer son immobilité totale. Rien ne peu se dire, se faire sans l'avoir peser 1000 fois sur la bascule de l'admissible « religieusement», conformément à leurs conceptions de la religion bien sûr !

 Les valeurs révolutionnaires qui faisaient jadis unanimité au sein de la nation et qui cimentaient toutes les composantes sociales ayant perdues leur force de cohésion , les tensions sociales , sous forme de revendications ethniques et religieuses refont surface, s'alimentant des craintes de la minorité «avantagée» dans ces pays, pour ses intérêts, devant le choix d' une majorité dégoûtée par ces régimes et qui peu dans une réaction de sanction, voter pour des religieux comme ça été le cas chez nous en 1991 et ce, dans à un climat international plus que dangereux , qui menace même l'existence de l'Etat nation de ces pays. Et une ingérence étrangère déclarée, allant à favoriser un groupe sur l'autre au nom de la laïcité et de la défense des minorités.

L'animosité injustifiée et déconcertante face à l'Islam politique d'une large frange de laïques algériens et arabes en général, allant à rejeter en bloc l'Islam lui-même en tant que religion, le confondant souvent par ignorance ou par tactique à une idéologie de la mort et de l'obscurantisme, du moins aux yeux de leurs détracteurs; voix qui semblent malheureusement l'emporter sur celles des partisans d'une laïcité modérée , raisonnée ; heurtent le sentiment collectif de la masse, acquise à la chose religieuse , alimente en elle les craintes non fondées d'une persécution à caractère confessionnelle , soutenue par l'étranger , ou à un processus à tort assimilé à l'athéisme ou pis encore , comme prélude à un néocolonialisme qui n'affiche pas le nom .

En rejetant en bloc la religion elle-même , ce comportement isole les laïques au sein de leurs sociétés à tendance globalement religieuse , aussi bien dans ses mœurs , ses us que dans sa pensée et ne fait qu'alimenter les phobies et les craintes non fondées à l'encontre de la laïcité déjà sujette à controverses, d'incompréhension, voire à polémiques comme déjà expliqué.

 Devant le concession faite dans nos pays en faveur du militaire au détriment de la démocratie elle-même , sous prétexte de défendre le caractère laïc de l'Etat et le vivre ensemble , le militaire devenu ainsi «par œuvre de magie» garant de la laïcité et de la démocratie , face à une mouvance certes religieuse mais , politique tout de même.

Les arguments laïques ne sont pas faibles devant ceux des religieux , si le dialogue s'opère dans un climat de non violence, ces derniers peuvent être véhiculés et présentés comme étant totalement compatibles avec l'esprit même de la religion, qui ne visent en somme , que la paix, l'entente et le vivre ensemble , le processus cheminé par l'Eglise catholique doit être pris comme exemple afin de neutraliser l'effet de cette lecture purement dogmatique anachronique au profit d'une autre rationnelle et plus réfléchie. Devant ces constations amères, tous les laïques algériens et arabes sont invités à s'organiser autour d'un sujet de réflexion primordiale :

«Les chances a une cohabitation politique entre courants de tout le spectre politique aussi bien laïque que religieux? pour le vivre ensemble , les intérêts suprêmes de l'Etat-nation et contre toute ingérence étrangère».