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Travaux à La Mecque et grand risque sanitaire : L'Arabie saoudite demande le report du Hadj

par Salem Ferdi

Après avoir réduit de manière drastique le nombre de pèlerins pour la Omra ? tous les pays sont concernés par cette limitation pas seulement l'Algérie -, les autorités saoudiennes ont lancé un appel aux pèlerins de reporter leur voyage en Arabie saoudite pour le grand pèlerinage qui est une obligation.

Comme pour les limitations imposées sur le nombre des pèlerins pour la Omra, Ryadh a mis en avant les travaux d'agrandissement en cours dans la mosquée de La Mecque. Des appels ont été lancés dans la chaîne du Coran qui diffuse en direct à partir de La Mecque des appels répétés en ce sens. Le mufti saoudien Cheikh Abdelaziz Ben Abdallah Al Cheikh a qualifié la décision des autorités de réduire le nombre des pèlerins pour la Omra de «nécessité et il faut l'appliquer car il sert les intérêts de la oumma sur le long terme». Ceux qui peuvent faire la Omra ne sont pas autorisés à demeurer dans les lieux saints plus de quinze jours. La crainte d'un encombrement durant le pèlerinage qui peut rassembler jusqu'à trois millions de personnes durant le Hadj et durant les dix derniers jours du ramadhan pour la Omra est réelle. Mais c'est une crainte permanente que les autorités saoudiennes ont appris au fil des années à gérer. Les décisions de limiter le nombre des personnes habilitées à faire la Omra et les appels aux pèlerins à différer leur Hadj sont en tout cas sans précédent. Les voyagistes dans de nombreux pays se sont retrouvés devant une situation inextricable et font grise mine. Pourtant, beaucoup pensent que les mesures de restrictions sévères sont plus sérieusement liées au syndrome respiratoire coronavirus du Moyen-Orient (Mers-CoV) qui continue de progresser et la moitié des décès enregistrés jusqu'à présent se trouvent en Arabie saoudite.

33 MORTS DONT 28 EN ARABIE SAOUDITE

Selon un bilan rendu public hier par l'OMS, le nombre de personnes décédées, après avoir contracté le coronavirus s'élève désormais à 33. Deux nouveaux malades sont décédés en Arabie saoudite, pays où est concentré l'essentiel des cas. «Globalement, de septembre 2012 à aujourd'hui, l'OMS a été informée d'un total de 58 cas confirmés par laboratoire, dont 33 décès», a indiqué la porte-parole de l'OMS. Sur ces 58 cas, 44 concernent l'Arabie saoudite qui enregistre 28 décès. Les autres pays où la maladie a été détectée sont le Qatar, la Jordanie, la Tunisie, l'Etat des Emirats arabes unis, la Grande-Bretagne et la France. L'Arabie saoudite reste le pays le plus risqué. Or, avec une concentration d'au moins trois millions de personnes dans un espace assez réduit et parfois confinés, les risques de propagation du virus et de sa mutation sont considérablement amplifiées. Les travaux d'agrandissement de la mosquée de la Mecque réels ? mais permanents ? sont ainsi mis en avant plutôt que le risque sanitaire. Tout le monde se souvient du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) qui a causé environ 800 morts. Le fait que l'Arabie saoudite soit le plus touché ne peut qu'amplifier les inquiétudes. D'autant que le mode de transmission de ce virus n'est pas encore identifié.

LES MISES EN GARDE DE L'OMS

La source de ce virus ne l'est pas non plus, hormis le constat d'une proximité avec un autre coronavirus trouvé chez des chauves-souris à Hongkong. Son mode de transmission n'est pas non plus élucidé. La voie aérienne (toux ou postillons) demeure la plus vraisemblable, mais elle n'est peut-être pas la seule. Il ne faut pas être grand savant pour comprendre qu'une concentration humaine avec une inévitable proximité voire promiscuité fait craindre une évolution dangereuse. Implicitement, la directrice générale de l'OMS, Margaret Chan prône l'application d'un principe de précaution et dans le cas du pèlerinage et de la Omra plus le nombre de personnes présentes est élevé et plus le risque devient grand. «Sans une évaluation du risque en bonne et due forme, nous n'aurons pas de visibilité sur la période d'incubation et les symptômes de la maladie, sur la bonne attitude clinique et, enfin, sur les conseils à donner aux voyageurs», a indiqué Mme Margaret Chan. C'est bien une mise en garde que les autorités saoudiennes prennent en compte en invoquant des? travaux. Ce qui est sans doute vrai, mais qui ne dispense pas de souligner que le risque sanitaire est sans doute plus important.