Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Algerie-Union Européenne : Les raisons d'y croire

par Bureau De Bruxelles : M'hammedi Bouzina Med

Après avoir constaté la similitude de leurs positions sur les questions géostratégiques, l'Algérie et l'UE ont relevé, lors du 7e Conseil d'Association tenu jeudi à Bruxelles, la qualité de leur coopération et affirmé leur volonté de conclure très vite un Partenariat stratégique énergétique.

Le 7e Conseil d'Association Algérie-UE qui s'est tenu à Bruxelles, jeudi dernier, s'est achevé, pour ce qui concerne la coopération bilatérale, sur une note d'optimisme partagé et a permis de lever les équivoques sur les grandes questions géostratégiques, particulièrement celles ayant trait à la situation dans le Sahel et au Proche et Moyen-Orient. Du moins c'est ce qui est ressorti lors de la conférence de presse donnée au siège du Conseil européen. «Nous pouvons parler en toute confiance», a déclaré le Commissaire en charge de l'élargissement et de la Politique européenne de voisinage, Stefan Füle, avant d'exprimer l'espoir de l'UE dans la réussite des réformes politiques et structurelles en Algérie et d'ajouter que «les réformes ne réussissent que si elles sont inclusives de toutes les parties, y compris les syndicats et la société civile. Ce à quoi, le ministre algérien des AE, Mourad Medelci, a répondu que cela «fait deux ans que l'Algérie discute et débat sans tabous, au sein du sous-Comité politique UE-Algérie, des questions de droits de l'homme, des réfugiés, etc.», avant de préciser que c'est de sa propre volonté et de son propre désir que «l'Algérie avance et souhaite avancer davantage sur la problématique des droits de l'homme et non pas pour satisfaire à une quelconque injonction» (sous-entendu de l'UE). Faut rappeler que le dernier Conseil d'Association s'est tenu, voilà 18 mois (juin 2011) et que, depuis, de nouvelles donnes politiques sont apparues dans l'espace euro-méditerranéen, remettant en cause, parfois, des certitudes bien ancrées entre partenaires. L'exemple de la conclusion d'un mémorandum pour un Accord stratégique sur l'énergie et les soubresauts qu'il subit illustre la complexité en la matière. Prévu de longue date et annoncé pour 2012, cet Accord stratégique est reporté, probablement, à la fin du 1er semestre de l'année 2013. C'est que l'Algérie autant que l'UE sont engagées, au-delà de la question du gaz, à repenser un partenariat dans les autres sources d'énergies non fossiles. Du coup, les problèmes liés à la formation, au transfert de technologies, à l'assistance technique? devraient être cadrés par ce futur Accord stratégique. De même, la mise en veilleuse, certes momentanée, du projet «GALSI», lors de la dernière AG des actionnaires, tenue le 14 novembre dernier à Milan, démontre la prudence algérienne à étudier les effets sur le long court d'un tel partenariat. En revanche, ces questions d'ordre stratégique n'empêchent pas les deux parties à intensifier leur coopération d'une manière partagée dans les autres secteurs traditionnels économiques et diplomatiques. «Les 18 mois qui nous séparent du dernier Conseil d'Association nous ont permis d'avancer dans beaucoup de domaines et de boucler une négociation, difficile au départ, et nous travaillons aujourd'hui sur un calendrier rénové du démantèlement tarifaire», a affirmé le ministre algérien. Et d'annoncer que des accords ont été conclus sur les «règles d'origine» et bien d'autres secteurs. Ce qui, selon M. Medelci, va dans le sens de l'appui de l'UE pour l'accès de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Dans cet ordre d'idée, le ministre algérien a réitéré son appel aux investisseurs européens, tout en précisant que l'Algérie est en train de prendre des mesures incitatives qui assouplissent les règles d'un partenariat bénéfique aux deux parties. Bien sûr, la circulation des personnes a retenu l'attention des négociateurs. Constatant une légère amélioration (attribution des visas), l'Algérie souhaite plus de considération, y compris pour les visas de long cours, tout en rappelant que l'Algérie a signé des accords de «réadmission» avec l'ensemble des pays européens.

LA DIPLOMATIE AU SERVICE DE LA PAIX

Au chapitre relatif aux grandes urgences internationales, l'UE et l'Algérie ont constaté les similitudes de leurs positions. A commencer par la crise au Sahel où les deux parties ont réaffirmé la priorité au dialogue politique et à la diplomatie, sans exclure s'il le fallait, l'usage de la force. «Je n'ose croire qu'on nous obligera à user de la force», a déclaré M. Medelci, lors du point de presse donné la veille, à l'issue de son entretien avec son homologue belge, Didier Reynders. Par «on», le ministre algérien entendait «la communauté internationale». L'UE autant que l'Algérie souhaitent (et y travaillent) pour une solution politique entre les parties maliennes qui garantirait l'unité territoriale du pays et sa stabilité politique. «Nous nous employons à aider les Maliens à sortir du virtuel, pour entrer dans le substantiel, le réel» a déclaré le ministre algérien. Il reste entendu que cela n'exclut pas une solidarité internationale pour la lutte sans merci contre les groupes terroristes de «l'Aqmi» qui opèrent dans le Sahel. Abordant la situation dans les pays ayant vécu le «printemps arabe», l'Algérie et l'UE ont qualifié de «positive» la transition politique que ces pays vivent. En langage diplomatique, cela traduit le soutien à un processus qui favorisera l'instauration de régimes démocratiques dans ces pays. La même attitude sans ambiguïté a été réaffirmée pour ce qui concerne la question palestinienne: un Etat palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale à côté d'un Etat israélien sécurisé. Le vote de la quasi-unanimité des pays de l'UE en faveur du statut d'Etat observateur de la Palestine à l'ONU, la semaine dernière, ainsi que la condamnation d'Israël pour la construction de nouvelles colonies en Palestine, révèle la volonté de la communauté internationale de mettre fin à l'injustice et l'occupation coloniale de la Palestine. «La gouvernance mondiale doit s'occuper à construire la paix pour éviter la violence et les guerres qui ont marqué le siècle dernier», a rappelé le ministre algérien. La volonté de l'Algérie de jouer pleinement, d'abord la carte diplomatique et politique, dans la résorption des conflits, tout en étant sans concession contre le terrorisme de quelque nature qu'il soit, s'est traduite dans le communiqué final de ce 7e Conseil d'Association: «L'Algérie est un partenaire important pour l'UE et joue un rôle clé au sein de l'espace euro-méditerranéen et du partenariat Afrique-UE», est-il affirmé.