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Cherche taxi désespérément

par A. Mallem

L'anarchie qui s'est instaurée au niveau du transport par taxis dans l'hypercentre de la ville des ponts est devenue proverbiale.

Et le cas de la station de taxis située en face du marché des frères Bettou (Ferrando) desservant la cité Boussouf est typique de cet état de choses. Jeudi passé, premier jour de Moharrem, journée fériée où les clients ne se bousculaient pourtant pas dans les stations, les usagers qui se sont rendus à cet endroit ont attendu longtemps pour voir arriver un taxi se dirigeant vers cette destination. Et pour cause, ces taxis qui débouchent de la rue Abane Ramdane sont toujours interceptés à l'entrée de la rue Bouderbala, point situé à quelques centaines de mètres en aval, et «détournés» de leur parcours vers la tête de station. Une fois chargés, les taxis empruntent les «S» donnant accès au musée et débouchent à la place de la Pyramide, laissant ainsi en rade les usagers qui attendent à la station normale. Ce jour-là, à bout de patience, une ménagère, tenant dans les mains des sachets remplis de fruits et légumes achetés au marché, n'avait trouvé rien à dire pour exprimer son dégoût que de citer le proverbe arabe, disant en guise de constat, que «la maison de Lokman est restée telle qu'elle est» et signifiant par là que rien n'a changé à cette station «qui connaît le même problème depuis plusieurs années sans qu'une autorité quelconque puisse y remédier».

Dans la file d'attente, il y avait un couple de touristes étrangers qui cherchait à rallier la cité Boussouf pour rendre visite à un ami algérien, et l'homme ne comprenait pas pourquoi il n'y avait pas de taxis à la station alors qu'il en passe dans la rue, devant son nez, trois à quatre de ces véhicules à chaque minute et qui circulent à vide. Quelqu'un a tenté d'expliquer au couple d'étrangers que les taxieurs préfèrent «la course» vers la destination qu'ils choisissent eux-mêmes en fixant le tarif, plutôt que de se rendre à la station et prendre quatre voyageurs dont chacun paie sa place au tarif de 2O dinars.

Faisant une moue significative d'une incompréhension des «mœurs locales» et visiblement ennuyé, le couple a demandé s'il y a un autre moyen pour rejoindre la destination Boussouf. Et quelqu'un lui a conseillé de se rendre à la station du Bardo pour essayer de joindre d'abord la gare routière Est. Là, il faut attendre le bus se dirigeant vers Boussouf. Tout le monde a trouvé l'idée bonne, sauf la ménagère qui ne pouvait faire le difficile déplacement à pied en portant les sacs de provisions. Elle a préféré donc rester à la station à attendre l'arrivée d'un problématique taxi.

Interrogés le lendemain, des taxieurs ont avancé l'argument des embouteillages et les aléas induits par les multiples chantiers ouverts au niveau du centre-ville lesquels ont conduit à la fermeture de plusieurs voies d'accès, les obligeant eux à faire beaucoup de détours». Et avec les tarifs qui n'évoluent pas, la rentabilité de la course est devenue nulle», ont-ils avancé, en ajoutant que ces facteurs les ont amenés, malgré eux, à éviter d'emprunter des axes qui sont tout le temps obstrués et de se rendre dans certaines destinations difficiles. Et l'usager dans tout cela ? avons-nous rétorqué. «Ce n'est pas notre problème, mais celui des autorités», ont répondu les taxieurs.