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Briefing sur l'Algérie dans l'avion d'Hillary Clinton : Du «vrai» taux de chômage dans un pays «riche mais déséquilibré»

par Salem Ferdi

Dans la tradition établie de la communication du département d'Etat, un briefing entre les journalistes et deux hauts responsables du département dont un spécialisé dans le terrorisme a eu lieu dans l'avion qui conduisait Mme Hillary Clinton de Washington à Alger. L'objet central de la visite a beau avoir été le Mali, Aqmi et terrorisme, le briefing a commencé par des observations générales sur l'Algérie. En quelques constats, on peut déchiffrer la vision qu'ont les Américains de l'Algérie en temps de «printemps».

 Le modérateur a relevé avec humour que ceux qui sont du voyage dans l'avion d'Hillary échappent à l'ouragan Sandy qui met en émoi l'Amérique du Nord. Un haut responsable du département d'Etat a rappelé que le premier dialogue stratégique américano-algérien s'est tenu le 19 octobre dernier. Ce dialogue a permis un large éventail de discussions sur les moyens de renforcer la coopération bilatérale, non seulement sur le plan de la lutte antiterroriste mais aussi sur ce qui peut se faire dans le domaine de l'économie, le commerce, l'éducation et en matière «d'engagement politique». Tout en soulignant que l'Algérie a été l'un des premiers pays à faire face avec force aux extrémistes durant la «décennie de guerre civile», le représentant du State département évoque une «relation difficile avec l'Algérie durant cette décennie noire» ainsi que les Algériens l'appellent, précise-t-il.

Le 11 septembre 2001 a été un tournant et les Algériens «ont décidé de travailler avec nous sur le contre-terrorisme». Les Etats-Unis ont fait de cette coopération sécuritaire une «base pour élargir la relation bilatérale». Le diplomate américain note que les autorités algériennes ont «œuvré à prendre de l'avance» sur le printemps arabe et en ont fait une opportunité pour mener «certaines réformes politiques que nous avons défendues depuis longtemps». Il cite, à cet effet, la levée de l'état d'urgence après 19 ans d'application, l'élargissement de la participation des femmes et une réduction «des restrictions sur les médias audiovisuels».

LE CHOMAGE DES JEUNES, PRINCIPAL SOUCI

Le problème le plus important pour l'Algérie est le chômage des jeunes, selon le représentant du State département. Le taux de chômage officiel est de 10%. Un chiffre qu'il n'accrédite pas. Il estime que le «taux de chômage effectif est de 20, 25 pour cent pour les jeunes». Il note que le gouvernement algérien a augmenté «réellement» les salaires des fonctionnaires comme une des mesures destinées «à devancer le printemps arabe». Pour le diplomate, l'Algérie est un pays qui a d'importantes réserves de gaz. C'est «un pays riche» mais «déséquilibré» avec une «économie étatiste» avec 60% des recettes budgétaires qui proviennent du secteur des hydrocarbures. «Il y a beaucoup de chose à faire en termes d'ouverture de l'économie aux investissements directs étrangers et les genres de choses qui peuvent effectivement apporter des emplois» aux jeunes. On a également évoqué, au cours de ce briefing, l'entreprise américaine General Electric (GE) qui postule à un appel d'offres pour la réalisation de 31 turbines à gaz pour un contrat de 2,5 milliards de dollars. Le haut diplomate a cédé ensuite la parole à son collègue qui s'occupe du terrorisme en soulignant qu'il s'agit «franchement» du principal objectif de la visite de Mme Clinton à Alger.