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Les artisans marocains ont la cote

par A. Bouziane

La pénurie de main d'œuvre en Algérie, particulièrement quand il s'agit d'artisans chevronnés, a contraint nombre d'entreprises et de particuliers à chercher des palliatifs. Travailleurs chinois, ressortissants de pays subsahariens, mais aussi marocains. Une situation qui pousse nombre d'entrepreneurs et de fellahs à souhaiter l'ouverture des frontières, pour offrir aux ressortissants africains et maghrébins la possibilité de travailler légalement en Algérie.

Ces travailleurs maghrébins, Ali D, retraité, les connait et les apprécie. Habitant Alger, il a cherché des peintres pendant des mois, avant de croiser deux frères marocains. Il les a embauchés avec beaucoup d'appréhension, sur la recommandation d'un ami. Mais au bout du compte, il s'extasie devant le résultat. «Ils ont demandé un prix raisonnable, ils ont accompli un excellent travail. Et, surtout, ils sont respectueux, disciplinés, ils ne mentent pas sur les délais et les rendez-vous. Et ils nettoient tout sur leur passage», dit-il, émerveillé. Depuis, il n'oublie jamais de plaider, sur les réseaux sociaux, pour l'ouverture de la frontière algéro-marocaine.

Ces travailleurs marocains, excellents artisans, sont en train de remplacer les ressortissants de pays subsahariens qui avaient découvert l'Algérie dans les années 1990 pour se faire embaucher dans le bâtiment. Discrets, sans histoires, ils sont organisés pour passer inaperçus. Leur nombre est inconnu, mais ils s'arrangent pour séjourner régulièrement en Algérie, où ils ont établi de véritables réseaux pour le travail.

Contrairement aux ressortissants de pays subsahariens, ils ne considèrent pas l'Algérie comme un pays de passage, mais comme une destination finale. Sans faire de discours, ils concrétisent, dans l'illégalité, et à travers des réseaux underground, le Maghreb des travailleurs. D'où l'embarras d'un wali de l'ouest qui, en voulant contrôler le personnel chargé d'un chantier d'aménagement de l'aéroport de sa ville, à la veille d'une visite du chef de l'Etat, a découvert que tous ces artisans particulièrement habiles étaient en fait des clandestins marocains.