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Un exécutif à prétention d'union nationale

par Kharroubi Habib

L'équipe gouvernementale nommée autour de Abdelmalek Sellal a une dimension plus technique que politique. En effet, les ministres et secrétaires d'Etat qui la composent viennent d'autres horizons que le champ partisan. Malgré cela, elle a une diversité partisane indéniablement plus large que celle qu'avait la précédente. Aux ministres venant des trois formations ayant constitué l'alliance présidentielle, Bouteflika a adjoint d'autres appartenant à des partis se situant hors d'elle. Trois ministres et un secrétaire d'Etat plus exactement, qui sont Amara Benyounès, Mohamed Saïd Belaïd, Amar Ghoul et Belkacem Sahli, respectivement président du MPA, du PLJ, du TAJ et de l'ANR.

Sa diversité partisane ainsi étendue, l'équipe Sellal ne peut pour autant prétendre au qualificatif de gouvernement d'union nationale. Or c'est bien un cabinet gouvernemental ayant cette symbolique que le chef de l'Etat a tenté de former dans le sillage des élections législatives d'où en partie la longueur du temps qu'il s'est accordé pour rendre public le changement d'exécutif. Les quatre formations partisanes qui ont accepté ses avances n'ont pas l'envergure requise pour masquer que celles qui comptent sur la scène politique en dehors du duo FLN-RND les ont déclinées et ainsi mis en échec la constitution d'un gouvernement d'union nationale qui dans le principe aurait été souhaitable pour le pays dans un contexte éminemment difficile et délicat tant au plan interne qu'externe.

Telle qu'elle se présente, la composante de l'exécutif confiée à Abdelmalek Sellal fait apparaître que le FLN et le RND ne sont plus en disposition de peser aussi lourdement en son sein qu'ils l'ont fait dans les précédents. Ils se partagent moins de portefeuilles et surtout leurs chefs de file, Abdelaziz Belkhadem et Ahmed Ouyahia, ont été écartés. Le MSP quant à lui est mis par Bouteflika dans une situation éminemment délicate pour son unité déjà mise à mal par les dissidences de Menasra et d'Amar Ghoul partis créer leur propre formation politique. Cela en conservant leurs portefeuilles aux deux ministres estampillés de son label et qui ont accepté alors que la direction du MSP s'est prononcée contre la participation du parti au nouveau gouvernement.

L'accueil populaire réservé au changement gouvernemental intervenu est loin d'exprimer de l'approbation et encore moins de l'enthousiasme. Le seul motif de satisfaction qui a émané du sein de l'opinion publique est celui suscité par l'éviction de l'exécutif de figures ayant fait l'unanimité contre elles dans l'exercice de leurs fonctions gouvernementales et que par charité nous ne citerons pas. Au-delà, les citoyens qui commentent ce changement marquent plus que de la réserve sur sa pertinence et du doute quant aux capacités de la nouvelle équipe ministérielle à sortir le pays des impasses dans lesquelles il se trouve, tant ils y voient une opération ayant consisté à faire prévaloir la continuité si chère à Bouteflika dont les résultats ne sont pourtant que gâchis.