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Rush sur la Tunisie : Les Algériens veulent rattraper leurs vacances

par A. Ouelaâ & Moncef Wafi

Il y a embouteillage aux portes/est de l'Algérie. En effet, les postes frontaliers avec la Tunisie, d'Oum Tboul et El-Ayoun, dans la wilaya d'El Tarf, sont submergés de touristes algériens, en partance vers les stations balnéaires de Hammamet, Sousse et Hammamet El Yasmine.

Il n'y a qu'à faire un tour sur place pour se rendre compte de cette affluence. De longues chaînes de voitures attendent d'accomplir les formalités pour passer en Tunisie. Une attente qui peut durer plusieurs heures des deux côtés.

Beaucoup parmi les habitués de la Tunisie se sont contentés de fêter le premier jour de l'Aïd à domicile pour ensuite passer les quelques jours qui restent avant la rentrée sociale, dans ce pays voisin. Les plaques minéralogiques renseignent sur la provenance des Algériens venus des quatre coins du pays. Ce rush, s'explique par la volonté de rattraper, un tant soit peu, des vacances bouleversées par les examens de fin d'année et le ramadhan.

Un père de famille dira qu'il lui a fallu vingt-quatre heures pour accomplir les formalités des deux côtés de la frontière, en aller et retour, sans même se rendre à Tabarka, ville côtière du nord-ouest de la Tunisie, située à quelques kilomètres de la frontière algéro-tunisienne. C'est dire que les sempiternelles attentes sont de retour, ajoutées aux lenteurs administratives parfois insoutenables alors que les agents chargés de vérifier les documents sont eux-mêmes débordés, même s'ils se relayent toutes les huit heures.

Au plus fort du tourisme tunisien, en 2009, le nombre de touristes algériens est revu à la hausse avec 85% d'entre eux qui prennent la route, notamment le passage de Oum Tboul qui enregistre une affluence de 6.000 Algériens par jour. A vrai dire, cette affluence a commencé dès le 27ème jour du ramadhan puisque des familles, bousculées par le temps, ont préféré investir la Tunisie, histoire de bien négocier la location d'un studio ou d'un appartement du côté de Nabeul, Hammamet et Sousse. Cette ruée était prévisible du côté des Tunisiens qui ont fait, avec le mois de carême, en tablant sur une relance les deux semaines, après les fêtes de l'Aïd. Selon Hassouna Chakroune, représentant-adjoint de l'Office national du Tourisme tunisien à Oran, le mois de ramadhan a freiné, comme attendu, le flux de touristes algériens vers la Tunisie comme le montrent les chiffres allant du 21 juin au 31 juillet avec 15.581 entrées, ce qui représente 52,8% de moins que l'an dernier et 84% de moins qu'en 2010. Les derniers évènements de Sidi Bouzid ne semblent pas, pour autant, refroidir l'envie des Algériens de passer leurs derniers jours de vacances dans les complexes tunisiens puisque, et toujours selon M. Chakroune, les hôtels à Hammamet, Sousse et Hammamet El Yasmine affichent complets du 23 août au 10 septembre prochains.

Par ailleurs, et dans le sens inverse, ils étaient en moyenne plus de 1.000 Tunisiens à venir quotidiennement, lors de la dernière semaine du ramadhan, faire leurs emplettes en jouets du côté d'El-Eulma dans la wilaya de Sétif, en vêtements du côté de Tadjenanet, wilaya Mila et du côté de Annaba et El-Tarf sans oublier de repartir avec le plein de carburant. Etat de fait qui a fait fléchir le dinar tunisien face à son homologue algérien puisque les cambistes, du côté d'Oum Toul, El-Ayoun et Bouhadjar et à la gare de Annaba, achètent le dinar tunisien à raison de 50 DA et le revendent à 75 DA, tirant ainsi des dividendes substantiels, dans la mesure où d'habitude leur marge n'excédait guère les 20 DA.

Accueillant en moyenne 7 millions de touristes par an, dont 2 millions de Libyens, plus de 1 million d'Algériens et plus de 4 millions d'Européens, dont 1,4 million de Français, la Tunisie a vu fondre ses entrées en devises fortes sous le soleil d'une insécurité ambiante et a enregistré, en 2011, «la pire saison touristique de son histoire», selon le constat de Mehdi Haouas, l'ex ministre du Tourisme, dans le gouvernement provisoire de Beji Caïd Essebsi. Si les Français restent toujours à la tête du hit-parade du marché, avec 568.896 entrées entre janvier et juillet 2012, les Algériens sont encore accrochés à la 2ème marche du podium avec 421.972 touristes enregistrés durant la même période. En termes de pourcentage et pour confirmer cette tendance à la hausse, les touristes algériens ont été 21% de plus à visiter la Tunisie qu'en 2011, mais loin de l'année référence du tourisme tunisien qui a affiché des records d'affluence en 2010.