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Un agent retourné responsable de l'attentat : L'ombre des services étrangers dans la guerre syrienne

par Salem Ferdi

L'attentat de mercredi dernier aurait été préparé par des services étrangers, turcs ou jordaniens, qui ont réussi à retourner un proche collaborateur du patron des services syriens. Le travail de «l'ombre» va s'amplifier avec l'annonce des Américains qu'ils vont travailler «hors Onu». Sur le terrain, l'armée a repris la main à Damas mais doit faire face à un nouveau front à Alep.

Le quartier Midane a été «nettoyé», selon la formule de la télévision syrienne. Les troupes régulières s'emploient à reprendre un à un les quartiers où la rébellion a lancé des attaques à la veille de l'attentat contre le bâtiment de la sécurité nationale. L'armée a repris le contrôle de Midane, de Tadamoun (sud), Qaboun et Barzé (est). Des combats se sont déroulés à Jobar, Roukneddine (nord) et surtout dans les «champs de Mazzé», KafarSoussé et Daraya, au sud et à l'ouest. Des affrontements se sont déroulés à la périphérie de la capitale. Dans Damas, en guerre, les habitants se sont rués sur les supermarchés pour s'approvisionner. L'armée syrienne fait face à un nouveau front ouvert par la rébellion à Alep, la deuxième ville de Syrie. La télévision syrienne indique que l'armée syrienne a contré plusieurs tentatives d'incursion de groupes armés à la frontière avec le Liban. Elle indique que les services de sécurité ont désamorcé, à temps, une voiture piégée contenant de grandes quantités d'explosifs. Mais ce sont les premières révélations en provenance de sources du régime de Damas sur le making-off de l'attentat qui suscitent l'attention. Ce récit confirme la porosité du dispositif sécuritaire syrien du fait des divisions internes et de l'action soutenue de services extérieurs.

UN COLLABORATEUR DE BEKHTIAR RETOURNE PAR DES SERVICES EXTERIEURS

Les révélations publiées par les journaux Al-Akhbar et Al-Quds tendent à infirmer les thèses d'un attentat kamikaze d'un djihadiste ou d'une opération de l'ASL. L'attentat serait le fait d'un collaborateur du chef des services de renseignement Hicham Bekhtiar qui a introduit, en plusieurs étapes, les matériaux explosifs dans la salle de réunion. Ces matériaux sous forme de plaques fines et plates, pas plus grandes qu'un téléphone portable, seraient du C4 dont ne disposeraient que quelques services de renseignements. Selon le journal libanais Al-Akhbar qui cite des sources «très informées», ce collaborateur a été arrêté. Al-Quds Al Arabi donne une version similaire en précisant que le collaborateur en question est un jeune universitaire trentenaire. C'est un contractuel civil qui travaille au Bureau de la sécurité nationale depuis plusieurs années et bénéficiait de la confiance du patron de service Hichem Ikhtiyar. Selon cette source, ce jeune homme a été retourné par des services de renseignements étrangers et, indique-t-elle, les responsables syriens soupçonnent les services jordaniens ou turcs. Al-Quds cite par ailleurs le commentaire posté sur son site par un artificier d'Al-Qaïda répondant au nom d'Aboudijana Al Kharssani qui affirme que l'explosif en question est du «C5 et non du C4» et qu'Al-Qaïda en a acheté dernièrement des quantités importantes auprès de la maffia russe et il a été utilisé au Yémen. Selon ce Kharsanni, des quantités importantes de C5 sont entre les mains d'Al-Qaïda qui va mener, selon lui, de grandes opérations dans les prochains jours.

PROPAGANDE AUTOUR DES ARMES CHIMIQUES SYRIENNES

L'action des services étrangers dans la crise syrienne, un secret de Polichinelle, va s'intensifier après l'annonce d'action «en dehors» de l'Onu par Washington. Cette action «hors Onu» existe déjà et elle se fait de façon multiforme. La déclaration laisse entendre la possibilité d'une intervention directe, ce qui a suscité la réaction de Vladimir Poutine qui a indiqué que toute tentative d'action hors du Conseil de sécurité serait «inefficace». Ce qui peut être décodé comme une menace de contre- intervention. Il reste qu'il est improbable qu'Obama, en course pour la réélection, engage des troupes. D'autant que tous les experts soulignent qu'une telle intervention serait catastrophique pour l'ensemble de la région. Par contre, il est probable qu'il y aura une intensification de l'action de la CIA qui est déjà présente. Une propagande sur le mode des ADM de Saddam est instillée depuis plusieurs semaines. Elle a pris une tonalité plus agressive avec les déclarations du ministre de la Défense israélien, Ehoud Barak. Il a indiqué avoir donné «instruction à l'armée d'accroître ses préparatifs en matière de renseignement et de faire le nécessaire afin que (...) nous soyons à même d'envisager de mener une opération», si nécessaire.