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Conflit libyen: L'Algérie et l'Italie pour une «solution politique»

par S. M.

La visite de travail d'une journée du ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, à Alger a été fructueuse.

Le chef de la diplomatie italienne a paraphé avec son homologue algérien un accord de reconversion d'une partie de la dette algérienne détenue par l'Italie en 34 projets de développement pour un montant de dix millions d'euros. L'Italie a déjà transformé en projets de développement divers un total de 84 millions d'euros de la dette algérienne éligible à ce genre de remboursement et il reste désormais 49 millions d'euros à traiter prochainement selon la formule de la reconversion. La séance de travail à huis clos tenue par les deux ministres des Affaires étrangères des deux pays, Mourad Medelci et Franco Frattini, portait sur de nombreuses questions bilatérales et internationales d'intérêt commun et en particulier le conflit libyen. Les deux ministres avaient déclaré, à l'issue de cette séance de travail, que l'Algérie et l'Italie sont favorables à une «solution politique» à la crise libyenne.

 «La solution politique qui est véhiculée par la proposition faite par l'Union africaine (UA) a retenu toute notre attention», a déclaré Mourad Medelci lors d'une conférence de presse conjointe avec M. Frattini. Le chef de la diplomatie algérienne, qui a soutenu que la démarche de Malabo avait «le mérite d'être une démarche collective», a estimé que «le fondement et les conditions de la mise en œuvre de cette démarche sont non seulement un sujet d'attention permanente des Italiens, mais ces derniers partagent le point de vue qui voudrait qu'on passe maintenant à une solution politique». «Le document de Malabo (adopté lors du dernier sommet de l'UA en Guinée Equatoriale) explique les contours de cette démarche, et rien n'interdit que des propositions soient faites pour que ces contours soient améliorés et pour que cette démarche gagne en opérationnalité», a affirmé le ministre algérien. Et d'ajouter : «J'ai eu l'occasion d'expliquer à M. Frattini que cette proposition africaine bénéficie d'éclairage extrêmement important que l'Union européenne, la Ligue arabe et les Nations unies ont pu donner». A la question de savoir si l'Algérie était pour ou contre la participation du colonel Maâmar El Gueddafi au dialogue inter-libyen, Mourad Medelci a réaffirmé l'adhésion de l'Algérie à la démarche de Malabo qui, a-t-il rappelé, «fait mention très clairement de l'engagement du colonel El Gueddafi à ne pas faire partie du dialogue inclusif libyen».

 Le chef de la diplomatie italienne a déclaré, de son côté, que «la solution politique est la seule alternative urgente pour le règlement de la crise libyenne», annonçant à l'occasion que «la feuille de route de l'UA sera discutée vendredi à Istanbul», lors de la prochaine réunion du groupe de contact sur la Libye. «Je crois qu'à Istanbul on pourra avancer sur cette perspective de solution politique à cette crise», a estimé M. Frattini. Sur ce rendez-vous d'Istanbul, il a précisé que l'Italie «est en train de travailler pour apporter une contribution et proposer des suggestions pour une feuille de route qui puisse inclure le cessez-le-feu et le début du dialogue inter-libyen avec l'exclusion d'El-Gueddafi et de sa famille qui doivent quitter le pouvoir comme récemment affirmé par l'UA», a-t-il affirmé. Il a signalé que l'Algérie aussi bien que l'Italie avaient un «intérêt direct» dans le retour de la paix et de la stabilité politique en Libye en tant que pays «voisins immédiats» donc «les plus proches» de la Libye. Le chef de la diplomatie italienne a souligné, en outre, la nécessité de mettre en place un gouvernement libyen de transition et de sauvegarder l'unité et l'intégrité territoriale de la Libye. Il a appelé à ce qu'une organisation comme les Nations unies soit chargée du contrôle du respect de la mise en œuvre de la feuille de route pour une sortie de crise en Libye. Le chef de la diplomatie italienne est arrivé hier matin à Alger pour une visite de travail d'une journée dans le cadre de la poursuite de la concertation politique prévue par le Traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération qui lie les deux pays.