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Bin Laden est mort. Vive Ben Laden

par Moncef Wafi

Quelle lecture faire de l'avis de décès «mouillé» de celui que la planète Hollywood a traqué pendant plus de dix ans ? Toutes et aucune si l'on se fie aux télévisions occidentales et ses satellites arabo-golfiques qui ont montré, preuves à l'appui, les réjouissances populaires à l'annonce de la mort de Bin Laden. Les réactions «festives» post-mortuaires ont ce côté officiel des jité à la carte et cette touche «blockbuster» pour crier, à la face du monde, la joie de ces peuples arabes qui exultent de s'être débarrassés d'un lourd fardeau. A voir les scènes de joie de ces Américains, gros et gras, nourris à la sauce judéo-chrétienne, il y avait quelque chose d'indécent même s'ils rendent, dans leur innocente ignorance, le barbu des pires crimes contre l'humanité. Obama, le Nobel de la paix, en se félicitant de la mort d'un seul homme, semble oublier les centaines de milliers de morts musulmans en Irak et en Afghanistan, tombés sous les balles «libératrices» et «civilisationnistes» des treillis américains.

 Les analyses les plus sérieuses relayent l'assassinat de celui qui n'était plus, en affirmant que sa multinationale du terrorisme peut encore honorer quelques contrats de par le monde, histoire de faire durer un peu plus longtemps, le spectre du danger terroriste. Les analystes locaux voient en la disparition de l'homme, un non événement car le printemps arabe se veut être la réponse à tous les problèmes du désert des chameaux lorsqu'il n'en crée pas, en devenant prétexte à un deuxième Irak. Quoique l'on dise, Ben Laden, figure emblématique du djihad islamiste, boosté par la CIA pendant la guerre d'Afghanistan contre la défunte URSS, à la tête d'une des plus puissantes organisations militaires, non déclarées à la sécu du coin, mythe ou réalité, a rendu espoir à plus d'un milliard de musulmans éparpillés autour de La Mecque.

 Son implication présumée dans les attaques du 11 septembre, son rôle de commanditaire des attentats contre les intérêts américains de par le monde, ses appels au djihad et surtout sa création d'Al Qaïda, devenue à la longue une franchise, ont fait de lui la cible numéro Un de la vengeance des Américains. Son existence a-t-elle rendu service au faciès arabe et à la religion musulmane ? Le débat n'a jamais été clos et les pro Ben Laden et anti Bin Laden se sont entre-déchirés pour savoir qui avait raison et qui avait les faveurs de Washington.

 Pendant ce temps, et alors que les dictateurs arabes, mis en place par l'Occident, se prévalaient d'être les derniers remparts contre Al Qaïda, que cette enseigne devenait le prétexte rêvée pour toute nouvelle colonisation, la cause palestinienne partait en vrille, que la moindre menace terroriste pendant un événement sportif ou contre une gare perdue dans le nord de Londres étouffaient les agressions israéliennes contre le Liban ou Ghaza. En attendant de lui trouver un successeur, fabriqué dans les éprouvettes des laboratoires des services américains, Ben ou Bin Laden est parti rejoindre, selon la version américanisée de l'histoire, les centaines de harraga algériens morts en mer.