Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Evocation : Goual Abdelkader, un boxeur au grand cœur

par A. L.

Le 19 février dernier, Goual Abdelkader nous a quittés, laissant sa famille et ses proches effondrés. Il avait 80 ans et jouissait d'une retraite paisible depuis 1995. Il exerçait comme officier à la Protection civile d'Oran aux côtés d'autres sportifs connus tels Elimam, Lasni et Belgot. Si nous évoquons Goual aujourd'hui, c'est parce qu'il était un excellent boxeur qui, au regard de ses capacités, aurait dû effectuer une très bonne carrière. Ce fils du quartier El-Hamri, après un court passage dans le football au CDJ et à l'EMO, a vite été attiré par le noble art.

A 17 ans, il débutera à Marseille chez le professeur Barbari aux côtés des Mami, Boudjellal Kouider, Touil Ragba Abdelkader, Bob Belkheir ainsi que le célèbre Hilaire Pratési. Après dix mois de galère, il décide de revenir dans sa ville natale et sera parmi les principaux protagonistes de nombreux galas de boxe jusqu'en 1953. A 22 ans seulement, il décide de mettre fin à son parcours de pugiliste, un âge où il n'avait pas atteint le niveau qu'il espérait. Quoi qu'il en soit, en cinq années, Goual Abdelkader a gagné de nombreux combats et en a perdu d'autres. La défaite qui l'a marqué est celle subie injustement face à Robert Garcia, alors qu'il menait largement aux points. Hélas, tous les boxeurs savent que ce genre de décision est lié à la tradition en boxe! Durant sa carrière, Goual a connu d'illustres boxeurs tels Khalfi, les frères Sebbane et Bouadjini, dont il a gardé un souvenir particulier, l'exhibition de ce dernier avec Khalfi ayant fini en queue de poisson.

Parmi ses meilleurs souvenirs figure en bonne place le gala qui a contribué à la construction de la merdersa El-Falah et au terme duquel les boxeurs algériens ont été sanctionnés par la ligue d'Oranie. Patriote dans l'âme, Goual a été renvoyé par son employeur (Getman) pour avoir observé la fameuse grève ordonnée par le FLN en 1957 et fut emprisonné.

Ce n'est qu'en 1961, à 30 ans, qu'il a intégré la Protection civile d'Oran. Goual Abdelkader s'est sacrifié, dès sa plus tendre enfance, à son pays et à sa famille, ce qui explique son retrait de la boxe où il a brillé par son style, conforme aux vraies valeurs de la boxe, cette dure école de la vie de nos aînés. En tout cas, sa famille n'est pas près d'oublier celui qui fut son guide et son modèle.