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Le client n'est pas roi

par Oualid Ammar

L'eau potable n'a toujours pas coulé sans arrêt dans les robinets des Algérois. Ils se souviennent encore des semaines, voire des mois sans une goutte. Ils se souviennent encore des corvées de jerricans à remplir et à faire parvenir aux étages des immeubles sans ascenseurs. Maintenant que la situation s'est considérablement améliorée, en attendant qu'elle le soit pour les Oranais, les Annabis et les Constantinois, tous les Algérois commencent à prendre une nouvelle habitude : avoir de l'eau potable régulièrement. Ils sont incorrigibles, ces rurbains de l'Algérois fraîchement «citadinisés» ! Et que font-ils lorsque l'eau est brusquement coupée sans préavis ? Hé bien, ils appellent le «15 94». Au bout du fil, l'agent de la Seaal est parfait. Il s'excuse pour le désagrément, explique qu'il y a des travaux et que l'eau sera rétablie dans quelques heures. Et le précieux liquide revient effectivement. Et l'on retrouve ce confort d'avoir de l'eau H 24. Seulement, lorsque la coupure survient le week-end local, point de «15 94». Ce numéro d'appel fonctionne juste durant les heures administratives ! Et donc, même si l'eau potable est bien revenue dans les canalisations algéroises, le service aux clients est limité. L'eau potable est administrée, pas encore managée. Les Algérois auront compris que, quel que soit le niveau du management, il faut un certain temps pour que le client soit roi.

 Toutes proportions gardées, cela vaut pour l'électricité. Pour prendre comme échantillon l'Algérois ? encore ? il a été constaté qu'au plan commercial et relations publiques, la Sonelgaz a encore des efforts à faire. Dans certaines circonscriptions, il faut se bousculer pour payer sa facture. La solution de la Sonelgaz, judicieuse, a été d'innover en permettant que l'on s'acquitte de sa facture auprès des guichets de la Poste. Mais lorsqu'une coupure, si ce n'est une série de petites coupures ? comme des rafales de mitraillettes ? vous bombarde votre frigo et votre téléviseur, rien ne va plus. Le client de la Sonelgaz n'a pas de recours. Il constate que son matériel est intact ou qu'il est esquinté, et espère que cela va cesser. Il y a de l'électricité, la production nationale est suffisante. Le problème se situerait dans le réseau de distribution qui, bien évidemment, échappe aux clients. Ces pauvres ères sont totalement soumis à la merci des techniciens de la Sonelgaz, efficaces en général mais si peu communicateurs. Et tant pis pour les clients qui attendront pour devenir rois.

 Même ressentiment chez les internautes en butte à une coupure intempestive de leur ligne «Adsl», un vendredi. Chez le fournisseur d'accès Internet «Epead», jadis, un numéro d'appel permettait d'être dépanné à tout moment. Plus d'Epead, plus de dépannage. Les fournisseurs d'accès de l'opérateur historique Algérie Télécom, maintenant en situation de monopole, n'ont pas de numéro d'appel pour les internautes, en dehors des heures et des jours ouvrables de bureaux. On se croirait à la mairie. C'est à prendre ou à laisser. Pauvres clients!