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Skikda: Sauver Chaïma?

par A. Boudrouma

Depuis son admission à l'hôpital de Skikda après l'agression barbare qu'elle a subie, les habitants de Merdj Eddib demeurent suspendus à la moindre nouvelle sur son état de santé. Chaïma Khemis, une lycéenne de 16 ans, a été lâchement agressée, mercredi dernier, par un homme âgé de 37 ans.

 C'était le jour du marché hebdomadaire de Merdj Eddib, la petite Chaïma, venait d'apporter une bouteille d'eau à un vendeurs installé à côté de chez elle qui ne pouvant abandonner son stand, le lui a demandé. Son geste accompli, elle s'en alla innocemment rejoindre son domicile ignorant que son bourreau l'attendait à l'entrée de l'immeuble où le forcené lui tomba dessus et lui asséna avec acharnement plusieurs coups de couteau.

 Il aura fallu l'intervention d'un badaud pour l'extirper de ses mains.

 Les policiers de la 5° sûreté urbaine n'eurent aucun mal à l'appréhender pendant que le corps ensanglanté de la jeune fille inanimée est rapidement évacué vers les urgences de l'hôpital.

 La nouvelle se propagea très vite à Merdj Eddib et fit le tour de la ville en un temps record. Chaïma était dans un état critique et avait un besoin pressant de sang pour remplacer l'importante quantité qu'elle avait perdue. En un temps record, on assista à un vaste mouvement de sympathie et de solidarité et un grand nombre de citoyens ont accouru vers l'hôpital pour donner de leur sang pour que vive Chaïma. La cité était sous le choc et n'avait d'yeux que pour l'hôpital où son père, lui-même médecin connu et respecté pour son extrême gentillesse et sa disponibilité, veillait au chevet de sa fille encore plongée dans un profond coma. Lorsque nous nous sommes rendus à l'hôpital, la fille était encore en réanimation. Il était là, près d'elle, depuis le premier jour et ne la quittait pas une seule minute. A travers la vitre qui nous séparait, il nous a salués d'un regard plein d'amertume, nous montrant la main de sa fille qui retenait la sienne, comme pour s'excuser de ne pas pouvoir la quitter et venir à nous.

 Un infirmier nous expliquera en aparté que la fille avait de graves lésions et que son état est jugé très sérieux et qu'elle ne s'était pas encore réveillée de son coma. C'était un moment d'émotion intense qui nous donna à tous des larmes aux yeux et c'est sur cet air que nous quittâmes l'hôpital d'un pas lourd sans se dire un mot, implorant le ciel de protéger la gentille Chaïma et de lui rendre rapidement le sourire ainsi qu'à sa famille et ses amies. Hier encore, elle était toujours à l'hôpital, elle s'est réveillée enfin de son coma mais son état reste très sérieux.

 Elle a été isolée cependant car elle était encore sous le choc a expliqué son père qui affirme qu'elle est prise de terreur à chaque fois qu'elle voit venir un visiteur qu'elle assimile à un tueur venu l'achever? en tous cas, l'élan de solidarité et de sympathie témoigné pour Chaïma montre si besoin est, toute l'estime des habitants de Merdj Eddib qui prient Dieu pour la rendre à sa famille complètement rétablie. A la superette de Mekkiou où convergent la plupart des habitants de Merdj Eddib pour leurs emplettes, un gars qui ne nous connaissait pourtant pas, nous apostropha et nous demanda: «Wech Chaïma? « (Comment va Chaïma?)». Une question qui suscita soudain l'intérêt de tout le monde.