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Quel crédit au crédit documentaire ?

par M'hamed Abaci*

L'année 2009 s'achève sur le constat que l'économie nationale reste essentiellement dépendante des hydrocarbures et de la croissance économique tirée surtout par la dépense publique.

Cette situation est la conséquence directe sur l'accroissement sans cesse des importations et, plus inquiétant encore, on n'exporte presque rien.

1ère partie

Alors, l'après pétrole oblige et impose l'impérieuse nécessité de s'inscrire résolument vers l'économie de marché et des connaissances. Encore une nouvelle fois, cette année a bien été marquée que nos entreprises au risque de se répéter n'ont pas réussi à faire émerger une économie de production fondée sur l'offre diversifiée et les technologies pour libérer le pays de la forte dépendance d'un système économique et budgétaire par rapport aux hydrocarbures ou de la fiscalité pétrolière.

 Ceci étant dit, l'économie nationale demeure davantage financée par l'Etat que par les mécanismes du marché. Et si bien remettre l'économie nationale au centre des débats afin, d'édifier un système économique et financier transparent qui nous permet de développer une économie d'entreprise. C'est donner ainsi, toute la viabilité à l'économie nationale qui reste avec une forte expansion des dépenses soutenues par la rente pétrolière. C'est combien devient urgent de relancer les réformes économiques engagées depuis 1988 en particulier la réforme de l'entreprise pour améliorer le climat des affaires et la création des entreprises nécessaires et indispensables pour un développement durable qui suppose et implique les vertus de la politique économique à savoir: production-emploi-investissements-technologies. Cela, passe nécessairement par une plus grande cohérence de démocratie, d'Etat de droit et de transparence. Un principe de bonne gouvernance pour l'efficacité économique et l'ouverture de l'initiative. C'est ainsi, rendre l'Algérie meilleure surtout dans le nouveau contexte de la mondialisation qui n'est plus un choix mais une exigence dont il faut l'implication effective de nos entreprises et de nos banques, considérées comme le lieu réel de la création de richesses.

 Dans cette optique, il serait plus urgent pour les pouvoirs publics d'accentuer les efforts sur l'avancée des réformes économiques qui continuent de connaître le vide et restent toujours au centre de la polémique notamment il n'y a pas encore un consensus pour venir à bout d'une démarche économique mondiale ou nationale à l'effet de mettre à contribution les potentialités industrielles de nos entreprises au service de l'économie nationale.        D'où, nos entreprises évoluent sans réformes économiques cohérentes. Autrement dit, ne sont pas entrain de se doter des moyens organisationnels de développement et de gestion en matière surtout d'engineering et d'expertise pour aller sur le marché international pour développer la croissance externe en complémentarité avec la croissance interne. Car, aujourd'hui, les pouvoirs publics ne peuvent agir seuls dans la sphère économique, en effet, on ne peut plus diriger et gérer seul, il faut une collégialité et l'apport des autres. C'est ainsi donc, la relation entre le gouvernement et les entreprises doit être repensée en ce sens où l'intérêt de l'entreprise est de haute teneur socio-économique. Cela étant dictes une particularité importante qui doit s'inscrire dans le souci du bien commun de la collectivité nationale.

C'est là, que se révèle la principale difficulté du crédit documentaire dans son objectivité énoncé par les pouvoirs publics notamment, la réduction des importations. Une réalité qu'il faut à présent replacer au coeur de la gestion et des perspectives de nos entreprises. Effectivement, depuis l'entrée en vigueur de l'une des dispositions contenue dans la loi de finances complémentaire pour 2009 est celle relative à l'introduction du crédit documentaire (CREDOC) comme seul moyen de paiement sur les opérations du commerce extérieur et qui ne cesse d'alimenter l'actualité nationale notamment, elle continue à ce jour de susciter des inquiétudes et des réactions controversées en raison de son impact négatif sur les activités industrielles et commerciales des entreprises. Voilà, un signe, qui s'annonce révélateur d'une situation qui soulève un problème sérieux dans la gestion économique et financière du pays, où l'Etat semble vouloir cerner ce problème à travers la réduction des importations avec pour objectif encourager la production nationale au moment, rien n'est encore préparé sur le terrain ou entrepris au niveau de la relation entreprise / banque et entreprise / marché pour le juste équilibre de la vie des entreprises entre l'économie, la finance et le marché adaptées aux nouvelles mutations économiques que connaît l'Algérie à savoir, l'économie de marché dont l'entreprise demeure en panne de relance et de perspectives et par conséquent n'est pas encore propice pour se conformer à cette nouvelle exigence dont son importance est considérable et tout particulièrement, d'une part l'essentiel des matières premières qui entrent dans le cycle de transformation pour la production de biens est importé, et d'autre part, où nos entreprises ont de plus en plus de mal à faire face notamment, sont entrain d'évoluer dans un environnement lourdement réglementées tantôt de droit public, tantôt de droit privé contraignant et empêchant leur intégration et leur développement.

A vrai dire, c'est la problématique en fond et en forme de nos entreprises dans les nouvelles mutations et loin de stimuler l'initiative entrepreneuriale, L'investissement et l'intégration économique pour sortir le pays de la dépendance de la rente des hydrocarbures ou du moins, s'inscrire dans la relance de l'économie nationale. Cela dit, l'économie d'entreprise reste toujours dominée par les enjeux de l'économie administrée et les ambitions politiques partisanes. Sincèrement, l'autorité politique n'est pas un pouvoir suprême mais, tout simplement un service à fournir à la collectivité nationale avec l'obligation de résultats. Pour une sortie de crise et préparer l'avenir.

 D'où, notre pays aura tout à gagner d'une politique de croissance externe car, nous demeurons toujours une petite économie dans la mesure où nos exportations hors hydrocarbures ne dépassent pas 2%. Dés lors, nos banques sont-t-elles à bout de souffle dans la mesure où sont censées à s'adapter et apporter leur ingénierie financière et leur assistance de manière à surveiller le niveau de la confiance et à assurer l'évolution économique et financière des agents économiques des entreprises et ce, afin d'évaluer de manière tout risque et par voie de conséquence la maîtrise et le contrôle des flux financiers sur l'étranger en relation avec les exportations et les importations. En effet, la bonne gouvernance des banques ne peut se concevoir sans cela et qui mérite d'être soulignée pour l'intérêt qu'on doit accorder au nouveau cadre réglementaire portant sur le crédit documentaire (CREDOC) comme unique mode de paiement des importations. Il semble désormais établi si l'entreprise échoue on peut craindre la grande crise économique et sociale du pays. Il y a donc, la nécessite de s'interrogerpour une meilleure appréhension de cette nouvelle mesureur le commerce extérieur afin d'améliorer et fructifier les réserves de changes ainsi les surliquidités enregistrées par nos banques et par voie de conséquence cibler la sortie de crissée la situation présente dont l'intérêt de l'entreprise est primordial. Ce qui revient à dire qu'il serait judicieux de s'attaquer aux causes du problème pour développer le niveau de l'offre des biens, services et l'emploi. En voici quelques questions, que nous considérons utiles dans la problématique de l'institution du crédit documentaire en rapport avec le développement de l'économie réelle.

l Cette mesure est-elle suffisante pour la maitrise et le contrôle de la finance et de l'économie nationale?

l Comment cette mesure va-t-elle s'articuler ?

l Quel impact aura-t-il sur son évolution ?

l Comment nos entreprises ou nos agents économiques doivent se préparer à cette évolution ?

l Cette mesure va-t-elle améliorer la situation de notre économie ?

l Où sont passés ces importateurs dont des milliers ont été crée avec la plus sûre manière d'assurer l'équilibre import/export au service de l'économie nationale ?

l L'économie Algérienne n'a-t-elle pas besoin d'une croissance externe ?

l Nos entreprises sont-t-elles en avance sur le marché arabe ou Maghrébin et sur le reste du monde en général ?

l Existe-t-il réellement une offre nationale de substitution qui pourrait faire fa ce à la réduction des importations ?

 Sur ces questions de gouvernance d'entreprise et bancaires est-il nécessaire de rappeler qu'il n'y a manifestement rien de surprennent ou guère une nouveauté en effet, la question du crédit documentaire à l'importation est connu à travers le monde de la financée du négoce y compris notre pays, et revêt d'un caractère purement technique bancaire classique du commerce international, lorsqu'un acheteur et un vendeur de pays différents, envisagent d'établir des relations commerciales. Ceci dit, où sont passées nos banques ayant la compétence voulue pour prendre toute mesure qui s'impose et suivre la situation des importations de la clientèle avec laquelle elles traitent. Effectivement, celles-ci de par leur forme d'organisation juridique de société par actions et régies par le droit privé sont censées de s'adapter et d'agir au nom de l'actionnaire unique qui est l''Etat et disposant à ce titre de pouvoirs les plus étendus à travers leur organes statutaires : le conseil d'administration et l'assemblée générale des actionnaires. Cela étant dit, elles disposent bien d'une autonomie soumise au droit privé pour mener à bien l'orthodoxie bancaire et leur politique financière.

Et dès lors, d'appliquer les règles et les usages de la commercialité afin de promouvoir et développer un système financier performant et transparent notamment L'argent et son utilisation dans les circuits de l'économie des entreprises pour développer des affaires et concrétiser des idées porteuses de projets économiques quand on sait qu'aujourd'hui les liquidités des banques publiques sont prés de 50 Milliards de Dollars. Sinon à quoi servent nos banques si elles ne se mettent pas au service de la création de la richesse et des équilibres financiers entre la macro-économique et la micro-économique si indispensable pour l'économie nationale et nos banques pour édifier leur croissance et leur développement basées désormais sur les entreprises, les marchés et les ménages. C'est dire, tout l'intérêt que les pouvoirs publics doivent accorder pour une réforme structurelle des banques qui redéfinit leur rôle et leur place dans la nouvelle économie. En outre il faut ajouter sur le plan interne la dimension bancaire dans sa conduite pour s'impliquer dans la relance de l'économie de marché et de son intégration à l'économie mondiale, en particulier le management des risques et de la relation confiance Banque/clients liés bien évidemment à une bien meilleure gestion, de contrôle et de renforcement de leurs domaines d'activité en matière des dépôts, crédits, prise de participation, d'épargne et de transferts des capitaux. Aussi, la nécessité d'un développement de la communication très large. Tout cela, fait encore plus mal que le mode de paiement par crédit documentaire et appelle à l'élaboration de nouvelles politiques et de stratégies pour que nos banques puissent s'adapter notamment assurer leur intégration aux évolutions des marchés financiers ainsi, s'occuper dans ce contexte nouveau de l'économie d'entreprise entant allié.

 Car, l'entreprise constitue le véritable baromètre de la politique socio-économique du pays et constitue dans son sens le plus large comme étant à cet effet, le relais entre la société et l'Etat.

 Au regard de la présente situation économique, financière et organisationnelle de nos entreprises qui s'avèrent sans comportement de croissance, de création d'emploi et d'actif, ou encore passionnées par le progrès, la recherche et le développement. Ce constat soulève un autre aspect important celui de la ressource humaine, un handicap de taille qui mérite qu'on s'y intéresse de prés où il inquiète et complique davantage notre crise à savoir l'immobilisme économique. Effectivement, La réussite ne reposerait pas nécessairement sur l'importance de l'argent sans l'apport des compétences. En effet, selon nos experts en économie, on injecte environ entre 15% et 17% du PIB pour ne réaliser que 2 à 3 % de croissance. C'est généralement là que la nécessité doit s'instaurer et se manifester pour une bien meilleure perception des ressources humaines dans la nouvelle économie. Encore une fois, sont la clé et l'expression de tout processus de progrès et de développement durable qui impose la nécessité de cerner par une politique de gestion rigoureuse et transparente ayant pour critères: le professionnalisme, le talent, la compétence, l'intégrité morale, enfin l'homme de la vision et du terrain.

 C'est pourquoi, aujourd'hui, le pays est confronté à recourir davantage aux importations et qui touchent pratiquement tous les secteurs d'activité. Maintenant, l'avantage que procure cette disposition contenue dans la loi de finances complémentaire pour 2009 en vue de parvenir à économiser des devises au pays et susceptible d'assurer la traçabilité sur le commerce extérieur et notamment un oeil sur les flux des capitaux. Malheureusement, cette dernière pose actuellement quelques problèmes aux agents économiques déjà fragilisés et dont ce sont eux qui jouent le rôle essentiel dans les relations du commerce extérieur et intérieur notamment sont les acteurs à l'exportation et à l'importation et par voie de conséquence, sont appelés à participer effectivement et efficacement dans la production nationale et prendre des initiatives. Ces problèmes en question ont pour effet: d'augmenter les coûts d'exploitation et de rendre la gestion des domiciliations des opérations d'importations plus compliquées pour nos agents économiques surtout : de trésorerie dont la provision est exigée au moment de l'ouverture du crédit documentaire, de rupture de stocks, de frais supplémentaires, de lenteurs et lourdeurs dans le traitement des dossiers de domiciliations bancaires sans oublier l'accord à donner par les structures bancaires ce qui peut nécessiter un délai long et couteux et du coup les agents économiques vont avoir des difficultés à accéder dans de bonnes conditions pour importer aux regards de l'obligation de résultats et de développement des relations commerciales et économiques de nos entreprises quand on sait que notre industrie fonctionne avec un taux d'intégration à moins de 40% environ.

En clair, c'est une procédure de paiement qu'elle n'est pas toujours facile à faire face dans le temps et l'espace pour augmenter la production et améliorer la productivité et qui ne facilite pas aussi l'efficacité de la gestion des entreprises en termes de performance et rentabilité. Cependant, la question du crédit documentaire en tant que mode de paiement unique pourrait ne pas être posée si on privilégie la négociation et l'ouverture de lignes de crédits bancaires que nous considérons comme étant l'âme de l'économie. Sont deux éléments importants pour nos importations soient un bon outil de gestion au plan économique, commercial et financier et par conséquent, d'imposer aux agents économiques à se souscrire aux conditions des exportations.       Ceci, met en relief, d'abord l'équilibre entre importations et exportations, ensuite l'apport des importations dans la vie économique et sociale du pays.      Et là, c'est important et on ne doit soumettre l'entreprise et son environnement à une instrumentation juridique ou procédurale trop forte. Il va sans dire, plus on accélère les commerces et les services, plus on donne aux entreprises et aux banques les grandes possibilités d'évoluer en croissance, en investissements et en partenariats.

A suivre

*Directeur financier EBT. Zone industrielle Tiaret