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Pour le seul premier semestre 2009: 1.237 entreprises ont fermé

par Yazid Alilat

La crise financière mondiale aura quand même pesé sur l'économie algérienne en 2009, avec notamment un ralentissement de l'activité commerciale et une baisse du nombre de créations d'entreprises.

Le net ralentissement de l'économie internationale, marqué par un désinvestissement quasi généralisé, vient de montrer ainsi ses effets sur l'économie algérienne. Même s'il y a d'autres causes au recul de la création d'entreprises en 2009, il n'en demeure pas moins que le climat économique et financier international aura eu un impact sur l'Algérie.

 Ainsi, selon l'Office national des statistiques (ONS), seulement 2.376 entreprises ont été créées et enregistrées auprès de cet Office au 1er semestre 2009, en baisse de 30% par rapport à la même période de 2008. Par contre, au moins 137.360 entreprises ont été immatriculées en 2008, marquant une hausse de 4,75% par rapport à 2007 (131.035 entreprises). Signe de la précarité de l'environnement économique, au moins 1.237 entreprises ont cessé leurs activités et ont été radiées du répertoire des entreprises durant le 1er semestre 2009. A la fin de l'année précédente, il y avait au moins 139.633 entreprises enregistrées auprès de l'Office depuis la mise en place du NIS (Numéro d'Identification statistique) en 1997. Selon l'ONS, la grande majorité des entreprises créées au 1er semestre 2009 travaillent dans le secteur commercial (1.164, soit 49% du nombre global), suivies du secteur de l'immobilier (335, soit 14,10%), le BTP (294, soit 12,37%) et les industries manufacturières (267, soit 11,24%).

 Pour autant, le nombre de ces entreprises, en vérité des EURL (entreprises uninominales à responsabilité limitée), ne reflète pas la réalité de la sphère économique et industrielle. Car en fait, le nombre de création d'«entreprises» est beaucoup plus important, mais n'est pas enregistré car leurs propriétaires ne les ont pas déclarées, ni auprès du CNRC, ni auprès de l'ONS, ni auprès d'un quelconque organisme étatique. Le nombre réduit de création d'entreprises en Algérie durant les deux dernières années, certes qui s'explique par la crise économique mondiale, a également cette autre explication qui se rapproche du fait que l'activité industrielle et commerciale en Algérie est pratiquement marquée par son caractère illégal. Des milliers d'ateliers clandestins travaillent dans la plus parfaite illégalité à travers les grandes et petites villes du pays, créant certes des milliers d'emplois rémunérés, luttent à leur manière contre le chômage, mais ne versent pas un centime au fisc.

 Ceci est vrai, pour autant, pour l'ensemble de l'activité fiscale en Algérie où les déclarations d'impôts baissent au rythme de la création de petites unités industrielles familiales.

 En clair, les entreprises privées algériennes ne veulent pas se faire immatriculer pour ne pas payer d'impôts. Globalement, le montant de la fraude fiscale, sous tous ses aspects, serait en moyenne de 2,6 milliards de dollars par an, soit environ 200 milliards de dinars, selon un responsable de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA).

 Pour les créations d'entreprises au 1er semestre 2009, il y a la wilaya d'Alger qui vient en première ligne avec 837 entreprises, suivie de la wilaya de Sétif avec 137 entités économiques, Oran (164), Constantine (131) et Béjaïa (100 entreprises). La majorité de ces entreprises privées se sont constituées sous la forme juridique d'EURL avec 1.113 sociétés, soit 48,84%, Société à responsabilité limitée (SARL) avec 997 entreprises (41,96%) et Société en nom collectif (SNC) au nombre de 240 unités, soit 10,10%.

 Quant au secteur commercial, il est représenté au 1er semestre 2009, selon les chiffres du CNRC, par 1.328.817 commerçants, soit une hausse de 1,7% par rapport à juin 2008 (1.306.289). Là également, où l'on enregistre un nombre de 7.241 entreprises commerciales étrangères en 2009, contre 6.507 entreprises en 2008, le nombre de commerçants non déclarés reste important. Les chiffres officiels sur le commerce et l'industrie manufacturière ne sont, en définitive, que la face cachée de l'iceberg d'une économie résolument orientée vers la clandestinité, le bazar. Est-ce un hasard si les produits de contrefaçon, produits en Algérie et ailleurs, inondent depuis quelques années les marchés de gros et de détail en Algérie ?