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U comme Univers

par Ali Brahimi


Des institutions d’études internationales basées aux USA ont publié, au début de ce mois de novembre 2009, les résultats de leurs enquêtes sur les états généraux de l’enseignement, au niveau universitaire, à l’échelle mondiale.
Ces recherches ont été menées sur les 500 universités, jugées performantes au niveau mondial, réparties dans les cinq continents. Leurs conclusions ont été obtenues selon des critères estimés rigoureux, et ce, conformément à des méthodes d’évaluations homogénéisées et hiérarchisées à partir d’objectifs et de sous objectifs, dont principalement :
 Le niveau de compétence et de confort - revenus - des enseignants, praticiens, chercheurs... ; la pertinence de leurs communications et innovations ainsi que des impacts générés au sein des instituts et au-dehors dans les secteurs stratégiques liés au développement ; le niveau culturel des étudiants et surtout celui de leurs sociétés respectives ; le montant consenti des investissements en termes de moyens humains et matériels... et bien d’autres indicateurs liés à la recherche scientifique dans son ensemble.
 A titre d’illustration, le monde arabe est représenté par la seule université Fahd Ibn Abdelaziz, en Arabie Saoudite, dont le pivot central est bien évidemment l’hydrocarbure. Cependant, elle est classée à la 435 iéme place sur l’échelle de 500 universités. En revanche, celle de Jérusalem, en Israël, se retrouve à la 95 ième place.
 Evidemment, les universités des USA se taillent les trois premiers rangs du classement. Celle de Berkeley, Californie, située au premier podium, gère un budget annuel évalué à 7 milliards de dollars soit l’équivalent de celui d’un Etat subsaharien d’Afrique ou bien encore le montant global de ceux de toutes les universités arabes dont leur nombre avoisine les 300, et ce, d’après une communication d’un universitaire libanais, invité par la chaîne TV El Djézireh, intervenant dans l’émission «ce qui est derrière l’information » diffusée le soir du 03/11/2009.
 Le montant annuel, des frais d’études et autres dépenses liées, est estimé aux USA à 6000 dollars/étudiant soit 2 fois que celui consenti par les pays arabes, évalué quand à lui à _3000 dollars dans le meilleur des cas. En revanche, le loyer par mois en dehors des campus, en France, à titre d’exemple, revient à 250 Euros/ étudiant soit l’équivalent de 20.000 DA/mois au minimum.
 Certains pays, ou le savoir est une profession de foi et donc une raison d’être, consentent en moyenne 12 fois plus que les pays arabes au plan de l’apport financier, lié à la recherche scientifique universitaire dans son ensemble, par rapport au PIB. En Algérie, il se situe à 1% du PIB d’après la loi de finance de 2008. Cependant, cela reste aléatoire au vu des résultats obtenus, à ce jour, en termes d’impacts et résultats plutôt nuls.
 Enfin, 25% d’universitaires arabes de haut rang quittent leurs pays - 1 million de chercheurs parait-il pour la seule Egypte ! - pour aller s’installer à l’étranger. De notre coté, on n’est pas épargné par cette hécatombe, ainsi chiffrée, d’autant plus qu’on est situé tout juste en face des pays de l’Europe du sud. Un voisinage à hauts risques et de tentations d’évasion pour les jeunes à tous les niveaux d’instruction !
 Pourtant, ces quelques appréciations alarmantes, elles n’inquiètent nullement les dirigeants du système de gouvernance du pays, encore moins ceux responsables directs du monde de l’éducation. Une autre forme de Hogra - mépris - à l’encontre des réalités régnantes aussi bien au sein des universitaires que dans la société dans son ensemble. En effet, l’autosatisfaction reste la ligne de conduite dominante jusqu’à l’autisme et autres faux-fuyants manifestés par des gouvernants en mal d’inspiration du genre : «Nous sommes un pays en voie de développement et, donc, il n’y a pas lieu de comparer avec ceux développés ». Ou encore : «nous sommes ‘ limités’ et que malgré ça nous avons fait des bonds considérables. Et Israël ? Et l’argent du pétrole ? Et les autres ressources naturelles en dormances ?
 Ces échappatoires, de la part des inconscients de par leurs soi-disant certitudes, sont tellement grotesques car récurrentes et qu’elles sont devenues agaçantes voire démobilisatrices pour beaucoup de gens, cependant, de plus en plus éveillés mais non moins dépités et hagards de par ces non-sens, d’autant plus que des chercheurs de haut rang ont démontré leurs compétences ailleurs.
 Mais, Seigneur, ou vas-t-on avec toutes ces incohérences et cette saignée des véritables richesses que nous possédons et, dont beaucoup de pays nous les envient, que nous méprisons et sous-estimons, voire sous-utilisons, depuis prés d’un demi-siècle et notamment ces deux dernières décennies, ou l’approche à l’a peu prés, dans ce secteur et dans bien d’autres, est devenue une ligne de conduite. Oui, jusqu’à quel point ? En tout cas, l’image universitaire du pays, dans tous ses aspects, est corrélative avec celle du système, de gouvernement et gouvernance, en place. Et, donc, l’une détermine l’autre et vice-versa !
HOGRA ET HARGA UN BINOME COMPLEXANTLES VOLONTES SCIENTIFIQUES QUI ASPIRENTDE SERVIR ET FAIRE EPANOUIR LEUR SOCIETE.
Tout en sachant que beaucoup parmi elles le font, depuis des décennies, et ce, malgré tous les obstacles et autres difficultés, en tous genres, qu’elles rencontrent tout au long de leur parcours. Comme la patience humaine à ses propres limites, ces bonnes volontés ne peuvent supporter indéfiniment les absurdités aussi bien autour de l’exercice de leurs fonctions respectives, qu’au plan de leur environnement en termes d’ambiance de travail et de revenus disproportionnés par rapport à ceux des personnes ayant, par exemple, des activités «politiciennes » voire parasitaires car intensément laudatrices et irresponsables de surcroît.
 Comme, en quelque sorte, une nuée de faux-bourdons soutirant du miel d’une ruche dans laquelle vivent et travaillent laborieusement : les bâtisseuses, ventileuses, nettoyeuses, des butineuses, et autres mellifères. Et la reine : symbole de continuité de la discipline créatrice et du renouvellement de la cohésion du groupe.
 L’Université c’est tout un univers et, également, le creuset dans lequel s’affrontent, en principe, les porteurs d’idées pertinentes. Et non des impertinences basées sur l’ignorance, l’incompétence, la course aux primes indues, la routine facteur destructeur du dynamisme imaginatif, et bien d’autres étrangetés telles que la présence de conflits d’intérêts politiques, de corruptions y compris pour l’acquisition des bonnes notes et plus tard des fonctions juteuses . Un cercle vicieux ! Le tout autour de l’argent facile corollaire de la déprédation et, donc, de la décomposition des valeurs universitaires et par ricochet de celles, du moins ce qui paraissent l’être et de ce qui en restent, de la société dans son ensemble.
 L’Université c’est toute une activité industrieuse à l’image - nous tenons à cette comparaison encore une fois - d’une ruche d’abeilles mellifères et non de faux-bourdons improductifs et bruyants de surcroît. A partir de ce postulat comparatif, tout pourrait s’arranger, s’agréger dans le bon sens, pour que la communauté universitaire, chez nous, puisse se diriger enfin vers de nouveaux horizons prometteurs débarrassés de toutes opacités camouflant les incompétences. Et autres bourdonnements exaspérants. Comme cela se passe du matin au soir, actuellement, au sein des campus, permettant à ceux tapis dans l’ombre d’en profiter de toutes sortes d’intérêts et privilèges indus. A l’aise. A l’image d’une «chasse gardée » !
 Un industriel renommé, du groupe Cevital entre autres intéressés aux capacités universitaires de bon aloi, exerçant dans la transformation des corps gras, et sur bien d’autres choses, souhaite apparemment investir gros dans la recherche inventivité production, notamment dans les domaines agricole, agro-industriel et agroalimentaire. Ce qui est intéressant de par ses récents projets divulgués, via les médias, c’est sa volonté d’associer des universitaires éprouvés dans les activités ci-dessus précitées. Les créneaux porteurs, dans ces secteurs, sont tellement variés.
 En principe, ce genre d’état d’esprit entrepreneur de la part d’un investisseur du terroir, il devrait non pas seulement être encouragé par les pouvoirs publics à l’échelle de tout le territoire du pays, mais l’inciter encore plus à créer des synergies multiples, dans ce sens, entre volontés liées au profit acquis honnêtement par l’ambition créatrice, d’une part, et, d’autre part, avec celles universitaires ainsi engagées dans ce chemin ou seul l’effort mériterait encouragement et récompenses. Le tout, stimulé en tant qu’option de libéralisme économique raisonné. Comme dans les pays ou la libre entreprise est maîtresse des lieux, et ce, malgré ses hauts et ses bas mais tirée, dans la plupart des cas, vers le haut par le labeur persévérant et l’intelligence, que par le bas se caractérisant, pour sa part, par la gabegie et l’ignorance.
 La non bonne gouvernance, des potentialités humaines et naturelles du pays, engendre fatalement la Hogra et son corollaire la Harga qui atteignent, désormais, toutes les strates de la société avec, cependant, à chacune son lot d’injustices et de dégoûts. En effet, tant que le système actuel de valeurs repose sur le clientélisme laudateur, les orgies claniques, la corruption comme moyen de «réussite » sociale ; l’exercice de la politique comme une activité commerciale voire de trafics d’influence, le multipartisme comme une fonction lucrative telle que des gouvernants, en mal d’inspiration, la font miroiter ; l’importation comme une activité «économique » de premier plan ne tenant compte d’aucun équilibre y compris celui lié à la balance commerciale «import-export » dont les hydrocarbures représentent 97% du poids des exportations ... ; les horizons resteront vagues voire chargés de nuages assombrissant les domaines politique, social, économique et culturel.
 En revanche, tout est possible dont l’instauration progressive de l’équité, facteur d’harmonie, entre les différentes tendances de la société malgré ses désarticulations et apathies actuelles. L’essentiel est de bien savoir propager, non pas seulement, le confort matériel mais surtout celui moral générateur du véritable bien-être aussi bien au plan individuel que de celui collectif. Et non de fourrer du n’importe quoi dans l’esprit des jeunes gens et la société en général !
SYSTEME LMD UN FOURRE-TOUT POUR UNIVERSITAIRES OU DU FORT A FAIRE EN TERMES D’IMAGINATIONS ET DE CREATIVITES ?
En principe, ce parcours universitaire, riche en apports de connaissances continues et graduelles, devrait être couronné d’idées et du sens d’entrepreneuriat, surtout, et non celui de salariat. En effet, à quoi ça sert de mobiliser pendant plus d’une décennie des énergies intellectuelles, se chiffrant à des milliers, pour n’aboutir qu’à ce genre de cul-de-sac défini au fonctionnariat alourdissant les budgets étatiques, d’équipement et de fonctionnement, répartis ainsi selon l’esprit rentier, formulés en divers outils tels que l’emploi de jeunes, micro entreprises, et autres leurres ?
 Un pouvoir élu démocratiquement à tous les niveaux, y compris au sein de la communauté universitaire, pourrait envisager de redresser la barre de cette navigation à vue afin de rompre avec cette routine, démotivante et massacrante, ne menant qu’aux reconductions hasardeuses des anciens réflexes paternalistes synonyme d’autocratie, dont l’introduction du LMD ayant fait, certes, l’objet de débats universitaires mais déjà balisés d’en haut pour des considérations visant faire allonger le cursus à un âge «raisonnable ».
 Un pouvoir lucide, c’est celui qui multiplie, sans craintes, les passerelles entre le monde estudiantin d’une part et, d’autre part, avec celui des productions de richesses, sans discrimination, à tous les niveaux, et non qu’il engourdisse par la massification de l’esprit rentier aussi bien au sein des campus qu’ailleurs, et ce, pour éviter les «mauvaises surprises » de la part des jeunes énergies happées, pour le moment, par l’apathie et la somnolence touchant une bonne partie d’entre eux. Pour le moment !
 L’instauration des pôles universitaires ne polariserait l’attention et l’engouement, des universitaires, que si leur fonctionnement serait diamétralement opposé aux anciennes démarches qui ont mené aux blocages actuels. En effet, l’idée certes louable du fait qu’elle permettrait de désengorger les anciens «campus », aujourd’hui pour leur plupart, étouffés par toutes sortes de nuisances à cause de la multiplication anarchique de tas de battisses, à proximité des enceintes universitaires, issues d’un aménagement du territoire des plus sordides à l’échelle de tout le pays et notamment dans les grandes villes.
 Il est largement démontré, que l’environnement joue un rôle décisif au niveau des mentalités des jeunes se trouvant aux premiers paliers universitaires. Plus que la restauration ! En effet, la nourriture environnementale, dans le sens large du terme, est plus conséquente aux plans spatio-temporel et intellectuel des gens en général et estudiantins en particulier. Conjuguée à la discipline de groupe, vulgarisée par des animateurs spécialisés et de haute trempe en la matière, elle permettrait assurément de maîtriser tout un ensemble de contraintes psychopédagogiques et, à partir de là, favoriserait indéniablement l’émergence d’une certaine forme de vie universitaire ou l’attirance vers les études serait synonyme de réussite sociale acquise par l’effort et l’assiduité, et ce, malgré la lourdeur dudit parcours , pour ceux qui l’entreprennent à la légère, défini en : Licence, Magister, Doctorat.
 Enfin, l’essentiel est de considérer, en quelque sorte, l’Université comme un Univers dans lequel s’affrontent, intelligemment, les idées pertinentes et innovantes. Et non des stupidités clientèles et, donc, abusives voire mortifiantes. C’est là ou se trouve, nous semblent-ils, toute l’ambiguïté dualiste des problèmes tracassant les gens notamment les universitaires ainsi ballottés entre les systèmes de diplômes, souligne-t-on, attendant patiemment des réponses consistantes aux multiples questions qu’ils posent quant à leur avenir. Tout un programme pour la prochaine décennie qui serait l’épreuve déterminante pour le parcours LMD qui sera confronté à : «être ou ne pas être» ; telle serait la question. Comme au Football !!