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Les spécialistes tirent la sonnette d'alarme: L'été, le bronzage et... le cancer

par Moncef Wafi

Si l'été rime avec mer, farniente, ennui ou tracas supplémentaires, il est aussi synonyme de danger aussi grand qu'insidieux. Malgré des campagnes de prévention, pas assez au goût des professionnels et peu médiatisées, les effets indésirables d'une exposition prolongée au soleil ne sont toujours pas « pris au sérieux » par des millions d'estivants, loin de s'imaginer les dégâts incommensurables des rayons solaires. «Franchement, je n'ai pas entendu parler du sujet, même si je sais qu'il est dangereux de rester longtemps sous le soleil à cause de l'insolation », dira Mourad, la trentaine, un habitué de la grande bleue. En effet, ces mêmes rayons sont responsables, entre autres, du vieillissement prématuré de la peau, des fameux coups de soleil, à divers degrés, des allergies, des insolations plus ou moins violentes et surtout plus graves, des cancers de la peau. Une forme de cancer peu connue, mais qui continue à progresser parmi la population oranaise, puisque au cours d'une campagne de prévention contre le cancer de la peau qui avait été organisée dans la capitale de l'Ouest, le 30 mai dernier, 50 cas de cancer de la peau ont été détectés parmi près de 300 personnes auscultées. Ce type de cancer est en augmentation et, d'après les estimations de l'Organisation mondiale de la santé, deux à trois millions de cas bénins de cancer de la peau et environ 132.000 mélanomes malins se déclarent chaque année dans le monde.

 Une diminution de 10% de l'ozone stratosphérique entraînerait l'apparition de 300.000 cancers de la peau bénins et 4.500 mélanomes malins supplémentaires dans le monde. Des études épidémiologiques effectuées au Maghreb ont révélé une prévalence de ce cancer de l'ordre de 10 à 15% par rapport aux années précédentes. En Algérie, les données du registre des tumeurs du centre anticancéreux Pierre et Marie Curie révèlent 1.005 cas de cancer de la peau parmi le nombre total des cancers diagnostiqués, qui s'élève à plus de 30.000 cas enregistrés chaque année à l'échelle nationale.

 Ainsi et comme premiers gestes préventifs, la consommation réfléchie des ultraviolets. Car, selon des dermatologues, les premiers responsables du mal sont les rayons ultraviolets B ou UVB, dont les effets nuisibles peuvent aller de la pigmentation au cancer de la peau. Mais l'on sait également depuis quelque temps que les UVA, à l'origine des coups de soleil, sont tout aussi nocifs : ils viennent aggraver les dégâts causés par les UVB. Le soleil est responsable du vieillissement accéléré de la peau. En effet, l'exposition répétée au rayonnement ultraviolet solaire cause éventuellement des lésions cutanées similaires à celles résultant du processus normal du vieillissement. La peau s'amincit par endroits et perd de son élasticité, alors que des plaques blanchâtres, des taches de rousseur et des rides font leur apparition. Ces changements peuvent se produire après de nombreuses années d'exposition ; mais lorsqu'ils surviennent, les dommages sont irréversibles. L'exposition des gens au soleil est ainsi désignée comme la principale cause de l'augmentation des taux de cancer de la peau enregistrés au cours des dernières décennies. Beaucoup de gens, par ignorance des risques, sacrifient les recommandations les plus primaires à un caprice de bronzage qui peut s'avérer à la longue mortel. Mais le bronzage n'est que le signe de lésions causées par les UV et représente le système de défense de la peau pour éviter des lésions plus importantes, qui peuvent amener jusqu'à un cancer de la peau, un cancer à plusieurs visages, dont les trois types les plus fréquents sont le carcinome basocellulaire, le carcinome spinocellulaire et le mélanome.

 Selon un rapport du laboratoire de surveillance du cancer de l'université d'Oran rédigé par le Pr Mokhtari, spécialiste en épidémiologie, les carcinomes épidermoïdes représentent 63,6% de l'ensemble des tumeurs cutanées pour les deux sexes, suivis du carcinome basocellulaire. Elles sont connues pour être d'évolution lente, indolore et de malignité strictement locale, les métastases ne se développant que de façon rarissime. L'âge moyen au diagnostic du cancer de la peau est de 63,9 ± 82 ans, le mélanome étant une tumeur de la peau qui n'est pas fréquente, puisque le taux est de 0,4% de l'ensemble des tumeurs chez l'homme et la femme. Pour l'ensemble des tumeurs cutanées, le mélanome survient à une fréquence de 18,2%, les sujets étant plus âgés (68 ans).

 Pourtant, et pour éviter tout risque lié au soleil, il est chaudement recommandé d'éviter de s'exposer pendant les heures de la journée où le soleil est le plus haut, entre 10 heures et 16 heures, lorsque les rayons du soleil sont les plus ardents. Mais est aussi indispensable la «photoprotection» externe, qui désigne tous les moyens qui visent à protéger la peau contre les effets néfastes du rayonnement solaire en tentant de limiter l'exposition de la peau au rayonnement.

 En tête de ces moyens, les filtres solaires (écran total). Mais il est préférable d'acheter ces produits cosmétiques en pharmacie et sous prescription médicale, étant donné les différents types de peau des individus ainsi que les différentes formes de produits en vente sur le marché.

 Les gens, de plus en plus nombreux à avoir le bon réflexe, continuent pourtant d'opter pour un produit bon marché. « J'achète pour bronzer bien avant tout », avoue Rachida à propos des crèmes et lotions « soin bronzant et huile protectrice ». La mode actuelle est aux écrans, tels les crèmes extrêmes jugées plus efficaces malgré des prix dépassant les mille dinars.