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LE MONDE EN CRISES, L'INFO' EN GUERRE !

par Ahcene Djaballah Belkacem

J'ai lu, dernièrement, une information portant sur la course à la nouvelle dans un pays européen, la France. Un (1) citoyen sur deux (2), soit 53% de la population est «fatigué» informationnellement. Fatigué de lire, de voir et /ou d'entendre ânonner les mêmes discours, les rédactions, souvent de plus en plus alourdies d'experts de tous bords.

Cela se voit depuis pas mal de temps et c'est normal, si l'on prend pour seul exemple la presse française, pour tous les faits et événements perturbateurs de la vie politique internationale et interne. Ce qui l'est beaucoup moins, c'est la focalisation permanente sur deux sujets: l'un sur le plan interne (exemple des sujets liés à l'immigration, à la criminalité et à la vie en banlieue) favorisant, bien plus, les dissensions sociétales que la paix sociale; l'autre sur le plan externe à propos du conflit ukraino-russe.

Pour la plupart des journalistes et encore plus des «experts» (la plupart du temps des anciens de l'Armée et des animateurs de cercles de «réflexion» alors totalement inconnus) sans parler des invités habituels contempteurs des «autres», surtout les «étrangers», et à la recherche de clients, le parti-pris est plus qu'évident. Poutine a tort et Zelinsky a raison... Pire encore, les Etats (occidentaux membres de l'OTAN et proches des Etats-Unis) ont suivi allant jusqu'à inclure dans les mesures de rétorsion (en plus des aides militaires directes ou financières à Kiev) le peuple russe et ce jusqu'à l'aberration puisque même la culture et ses produits se retrouvent «boycottés», parfois «saisis» ou interdits. L'occasion fait le larron, dit-on ! On a même noté des tentatives de sanctions à l'encontre de pays (et ils sont nombreux) qui ne se sont pas rangés aveuglément aux côtés des thèses antirusses.

Le non-alignement, le doute et le libre arbitre en matière de relations internationales seraient-ils, désormais, interdits ? Une démarche qui n'est pas inédite puisque déjà bien rodée avec la «chasse» (réglementée) à tout ce qui est jugé (sic !)... antisémite... un concept qui n'inclut, en fait, que le sionisme et ses composantes dont les Israéliens, et qui exclut les Arabes et les Palestiniens.

En définitive, forts de la possession de gros moyens d'information (dont l'internet) couvrant souvent le monde entier et au minimum les zones d'influence, directement ou par personnes et entreprises interposées (exemples des réseaux «France Médias Monde», de la «Bbc» et de «Voa» qui assument les stratégies d'influence et de rayonnement... et la création, en France, d'une cellule pour la guerre de l'information au niveau des AE à travers une sous-direction veille et stratégie au sein de sa direction de la communication et de la presse), les grands pays de ce monde ont inventé et promu de nouvelles formes de guerre aux côtés de la forme conventionnelle, celle nucléaire étant, pour le moment, en attendant des forces de frappe plus «propres» (sic !), évitée. On se souvient de tous les journalistes étrangers «embarqués» avec les troupes américaines afin de «couvrir» l'invasion de l'Irak.

L'exploitation tout azimut des réseaux sociaux a exacerbé les pressions et tensions rendant très difficile sinon impossible toute tentative de redressement et/ou de moralisation des contenus. Les fake news règnent en maîtres. En politique internationale, grâce au mensonge de Colin Powel, en 2003, la guerre contre l'Irak avait été justifiée. Tout écart, ici et là, est immédiatement puni par l'exclusion. Ainsi, tout dernièrement, la socialiste Ségolène Royal, devenue chroniqueuse sur BFM.TV (France), dirigée par Marc-Olivier Fogiel, a été éjectée - malgré des excuses... mais on voulait bien plus comme contrition, ce qu'elle avait refusé - parce qu'elle avait émis, en direct, le 1er septembre, son doute «sur les crimes de guerre perpétrés par le Russes en Ukraine» et dénoncé «la propagande de guerre par la peur» diffusée par Zelinsky. Comédien un jour, comédien toujours ! Pour lui, la guerre est une «série télé» et tous les mensonges sont admis (Vincent Herouat, Europe 1). Bref, pour emprunter à Jacques Marie Bourget, reporter de guerre et écrivain français (L'Expression, 30 octobre 2022), «tout est propagande... et qui rapporterait un crime commis contre les Russes serait professionnellement liquidé comme un «complice de Poutine». Je n'ai jamais vu une telle haine unanime». C'est tout dit !