Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Migrants subsahariens : entre l'humanité des uns et la fermeté des autres !

par Cherif Ali

Selon Hacène Kacimi, expert des questions migratoires et de Sahel, on enregistre actuellement 42 nationalités de migrants subsahariens qui arrivent en Algérie, un chiffre qui indique l'ampleur de cette migration envers notre pays !

A croire que le mouvement migratoire, même s'il a connu des reflux en 2014 et 2015 à l'occasion d'opérations de retour enclenchées conjointement par l'Algérie et le Niger, et aussi en cette fin d'année 2021, reste malgré tout en croissance continue et s'installe dans la durée dans le pays.

Selon ledit expert, l'Algérie reçoit, à elle seule, plus de migrants que les vingt-huit pays de l'Union européenne (Source OIM) !

Les Algériens, de manière générale, ont éprouvé beaucoup de compassion envers ces étrangers qu'ils aident au mieux, non sans s'interroger, disons-le, sur l'étrange facilité avec laquelle ils ont atterri dans la capitale et les principales concentrations urbaines du pays. La multiplication des dispositifs de contrôle n'a pas, à l'évidence, réussi à juguler leur flux!

Les experts des problèmes de migrations ont, pour leur part, attiré l'attention des pouvoirs publics au sujet de l'ampleur prise par le phénomène de la mendicité, à travers la capitale et plusieurs autres grandes villes du pays. Le consultant Hacène Kacemi, par exemple, spécialiste en flux migratoires, a révélé à la presse l'existence de véritables «villages africains» à la sortie de ces villes, Il avait particulièrement déploré l'exploitation des femmes et des enfants dans la mendicité par des «réseaux de traite humaine».

Une situation, ajoute-t-il, pouvant «nuire à l'Algérie, car il existe des lois internationales claires sur la protection des enfants et des organisations malintentionnées pourraient s'en servir à nos dépens» !

Les migrants en provenance du Niger ne sont pas des réfugiés de guerre ou des sinistrés de la sécheresse mais plutôt des mendiants professionnels originaires de la tribu des «Haouassas» qui se livrent à cette activité depuis toujours dans leur pays, à partir de la ville d'Arlit a ajouté l'expert Selon lui « Les Haoussas seraient à la recherche d'un territoire de substitution et tout indique qu'ils ont la ferme volonté de s'installer durablement en Algérie avec l'aide de certaines parties étrangères hostiles qui souhaiteraient implanter, par tous les moyens, cette ethnie sur le territoire national comme cela s'est fait au sud de la Libye avec les Toubous tchadiens ;

À Tamanrasset, les Haoussas aspirent à contrôler le commerce de cette ville, où ils sont fortement installés avec l'argent de la contrebande et de la mendicité, qui arrive à flots de toutes les wilayas d'Algérie. La problématique des Haoussas a été étudiée sur le terrain ; elle est porteuse de germes futurs de conflits interethniques».

L'Algérie est, à l'évidence, leur nouveau terrain de chasse depuis qu'ils ont appris de la part de certains d'entre eux, revenus « fortune faite» au pays, que les Algériens sont généreux. Ils viennent en masse avec femmes et enfants ! Selon certaines études présentées lors des journées dédiées à la migration, organisées, à l'Institut national d'Etudes de stratégie globale (Inseg), «quelque 100.000 migrants, en situation irrégulière, vivent en Algérie».

Parmi ces migrants, affirme M. Musette, «50.000 sont des femmes et des enfants majoritairement isolés».

Le sociologue, auteur de nombreux travaux sur le phénomène de la migration internationale, affirme que la lutte contre l'exploitation des migrants constitue aujourd'hui un véritable défi autant pour les autorités que pour la société et de tirer la sonnette d'alarme sur le danger qui guette ces centaines d'enfants qui vivent, le plus souvent, dans des lieux de vie qui échappent à la vigilance des institutions.

S'agissant, par ailleurs, des réseaux impliqués dans l'exploitation de ces enfants, le sociologue fait savoir que leur nombre est croissant, avec une implication dans des organisations criminelles aux ramifications internationales.

Avec des relais en Algérie !

Répondant aux questions des sénateurs, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, a fait savoir que 77 affaires liées à la mendicité des enfants africains étaient enregistrées au niveau national, dont 17 personnes sont placées sous mandat de dépôt et 54 autres sous contrôle judiciaire ; 50% des personnes accusées d'exploitation des enfants de moins de 10ans sont leurs propres mamans, a précisé le ministre ! A cet égard, il a expliqué que des instructions ont été données aux walis pour diligenter des enquêtes sur les activités des réseaux exploitant femmes et enfants de nationalités étrangères et traduire les auteurs devant la justice. Un certain nombre de ces migrants clandestins continue, pourtant, à séjourner dans le pays.

Nombreux travaillent clandestinement et constituent une force non négligeable dont profitent, essentiellement, les entrepreneurs privés, sans scrupules ! Le gouvernement, pour le moment, continue de tolérer cette migration clandestine, entrecoupée d'opérations ponctuelles, d'arrestations et de reconduites aux frontières, signe manifeste qu'il n'est pas disposé à la régulariser.

Plusieurs facteurs ont été à l'origine de la suspension et du ralentissement des opérations de rapatriement ou de refoulement des migrants, en situation illégale, en Algérie. Avec le déclenchement de la pandémie de Covid-19 en 2019, l'Algérie avait suspendu provisoirement et à titre humanitaire les opérations de rapatriement et de reconduction aux frontières. Les réseaux de passeurs ont cependant profité de ce répit pour intensifier le transfert de milliers de migrants vers notre pays à partir du Niger, en pleine pandémie de Covid-19.

Les pouvoirs publics qui sont pour « un règlement global» de l'émigration clandestine à travers, notamment, le développement des économies subsahariennes et le renforcement de la stabilité interne des pays concernés ont fait part de leur détermination à venir à bout des maux générés par ce phénomène dont la mendicité en est un des principaux fléaux. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a révélé que 54 individus impliqués dans l'exploitation d'enfants dans la mendicité ont été placés sous contrôle judiciaire durant les 2 dernières années. Et 17 autres en détention provisoire pour les mêmes chefs d'accusation et 77 affaires ont été recensées au niveau national de 2020 à ce jour, Alors que 77 individus impliqués dans l'exploitation d'enfants dans la mendicité ont été placé en détention provisoire !

Et au ministre d'évoquer « un plan d'urgence » ! Avec d'abord l'intensification des missions de contrôle autour des personnes ciblées, «notamment celles circulant en compagnie de nourrissons et mineurs utilisés à des fins de mendicité et des lieux fréquentés par les bandes criminelles s'adonnant à l'exploitation des mineurs».

Quant à la seconde partie de ce plan d'urgence, elle consisterait à un retour aux mesures auxquelles l'Algérie avait recours il y a deux ans, à savoir «le renvoi des migrants clandestins vers leur pays d'origine dans des conditions préservant leur dignité ».

Faut-il rappeler que la grande majorité d'entre ces migrants n'a ni diplôme, ni formation encore moins un métier la rendant éligible au séjour régulier dans notre pays ?

A exiger plus de fermeté aux frontières et demander, à minima, l'expulsion de tous ces Africains en situation irrégulière, il va se trouver, pourtant, quelques « humanistes» pour dire qu'il ne faut surtout pas le faire !

Il n'en reste pas moins que le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales évoque, désormais, ce dossier comme faisant partie des «priorités» de l'exécutif !