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Les Algériens, Facebook et les vaccins anti-Covid

par Amine Bouali

Comment expliquer la grande méfiance des Algériens vis-à-vis des vaccins anti-Covid, pourtant disponibles actuellement en nombre dans notre pays ? À la date du 12 décembre dernier, seulement 5,55 millions d'Algériens se sont fait vacciner complètement - c'est-à-dire avec deux doses- soit 12,7% de la population, afin de se protéger contre la terrible pandémie. Ce sont des chiffres très bas comparés aux nombres et aux pourcentages des personnes vaccinées dans les pays développés et même dans des nations voisines ou comparables à la nôtre.

Une chose est néanmoins sûre : nos grand-mères n'ont rien à voir avec cette désaffection flagrante pour la vaccination et ce ne n'est pas elles qui auraient décidé un soir, entre deux cuillerées de soupe chaude, de convaincre leur progéniture de se méfier de ces vaccins anti-Covid ! Alors qui ? Selon toute probabilité, cette défiance tenace anti-vax serait transmise (si on fait abstraction des personnes d'un certain âge naturellement suspicieuses pour tout ce qui est nouveau) par les tranches assez jeunes de la population connectée qui seraient influencées par ce qu'elles lisent ou entendent sur les réseaux sociaux où fleurissent les thèses complotistes les plus farfelues, notamment la croyance déraisonnable que les vaccins anti-Covid seraient à la base de maladies plus ou moins graves.

Selon une étude récente, l'Algérie compterait environ quelque 25 millions de personnes actives sur les réseaux sociaux, dont une majorité de jeunes âgés entre 18 et 34 ans et à plus de 60 % des hommes, et ce serait donc cette partie précise de la population algérienne qui serait le principal vecteur de la propagation du refus des vaccins anti-Covid et qui influencerait ses proches et connaissances plus âgés et non connectés afin d'adopter la même attitude.

En conclusion, on peut se demander si cette position de rejet des nouveaux vaccins ne révèle pas une forme d'état d'esprit perméable à une certaine dose d'irrationalité, une non-confiance dans les acquis de la science et également une grande porosité aux rumeurs les plus extravagantes ? Peut-être ! Nos gouvernants, en tout cas, ne font pas grand chose pour remédier à cette situation et ils seront, à l'avenir, probablement contraints d'imposer l'obligation vaccinale pour contrer les contrevérités et les dommages collatéraux induits par la fréquentation trop crédule des réseaux sociaux en ce qui concerne ce sujet délicat des vaccins anti-Covid.